Alors que le régime RPT-UNIR et ses techniciens sont sur le pied de guerre et préparent activement, dans leur laboratoire, les stratégies gagnantes pour faire briguer un quatrième mandat présidentiel au « super champion » de la Marina, Faure Gnassingbé, dans le camp de l’opposition, l’on se chamaille autour de la question de la candidature unique ou non de l’opposition.
Actuellement, le débat devient très houleux sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, Twitter et dans plusieurs groupes WhatsApp, ce sont d’ailleurs des acteurs politiques et des membres la société civile qui animent le débat. Pour certains, la candidature unique de l’opposition est la panacée, le remède idéal, la meilleure stratégie pour venir à bout du régime cinquantenaire des Gnassingbé. Et les arguments pour étayer cette thèse ne manquent pas.
Les défenseurs de ce courant estiment que la candidature unique de l’opposition doit être concrétisée d’ores et déjà au premier tour, et non au deuxième tour, comme le propose certaine écurie politique à l’instar du CAR (Comité d’Action pour le Renouveau).
« L'intérêt de la candidature unique, c’est que toute l'opposition est effectivement mobilisée derrière une seule personne, quel que soit son positionnement sur la liste. C’est ce qui s’est passé en Gambie. Adama Barrow était loin d’être un leader. Mais c'était lui sur la liste parce que tous étaient d’accord. Un candidat unique (qui qu’il soit) aurait le mérite de vraiment mobiliser l'opinion et de clouer le bec à tous ceux qui pensent que les opposants ne peuvent pas laisser de côté leurs intérêts personnels. Et puis, je me pose cette ultime question : quelle négociation les opposants vont-ils faire à un hypothétique 2eme tour qu'ils ne peuvent pas simplement faire maintenant ?
Ils peuvent entamer de vraies négociations entre eux maintenant afin que chacun sache quel rôle il sera amené à jouer s'ils arrivent à réaliser l’alternance (répartition des rôles : Président, Premier Ministre, ministres, responsables d'institutions, ambassadeurs, responsables de sociétés...). Et ainsi, ils seraient capables de mobiliser tous leurs moyens et toutes leurs forces pour aller en rangs vraiment uniques à cette élection. D’ailleurs, qui parmi ces leaders politiques a vraiment les ressources pour faire une vraie campagne personnelle contre le candidat du pouvoir ? », s’est interrogé un internaute.
Toujours dans cette même logique, d’autres craignent même qu’une candidature multiple de l’opposition au premier tour est un « grand risque ». A les en croire, l’un des candidats de l’opposition au premier tour peut créer la surprise lors du deuxième tour en donnant sa voix au candidat du pouvoir, s’il advient que le régime lui promette un poste de Premier ministre ou un autre poste juteux. « Ça s’est déjà arrivé dans beaucoup de pays », a précisé un autre internaute dans un groupe WhatsApp.
De leur côté, les partisans de la candidature multiple de l’opposition ne partagent pas cet avis. Parmi eux, figure bien Francis Pedro Amuzu, un cadre de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC). Pour cet ancien vice-président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), la candidature unique de l’opposition est un faux débat. L’essentiel, c’est de lutter pour obtenir les meilleures conditions d’organisation d’élection.
« Ça fatigue de se voir dicter des choses : vous devez faire ceci et cela, quant à la mise en œuvre, vous ne trouvez personne au moment des difficultés. Mais qu'à cela ne tienne, la candidature unique répond à quel problème lorsqu'on se tait sur les conditions d'organisation des élections ? Mon expérience m'instruit de ce que la candidature unique n'arrête pas, ni le tripatouillage des résultats, ni la fourberie des juges présidents de CELI et membres y compris le président de la CENI, ni ne corrige les découpages électoraux biaisés à dessein de frauder. A mon sens, il faut arrêter d'empoisonner la vie des gens avec cette histoire de candidature unique qui n'a de mérite que de donner du tonus qu'à de la chimère », a lâché Francis Pedro Amouzou dans une plateforme WhatsApp.
Et de se poursuivre en attaquant l’exemple gambien que le premier intervenant avait donné : « Nous devons tous lutter pour que le cadre électoral soit juste. Si en Gambie, Adama Barrow est aujourd'hui Président, c'est parce qu'il n'y a pas eu une traitrise dans son camp et le Sénégal, appuyé par les forces de la CEDEAO, a brisé toutes les velléités de Yahya Jammeh, ce que la communauté ouest africaine a refusé de faire chez nous. En RDC, il y avait un candidat unique et pourtant Félix Tshisekedi est Président et Martin Fayulu trimbale son titre de candidat unique dans Kinshasa sans trouver oreille qui veut l'entendre. Quittons donc le faux débat et rabattons-nous plutôt sur les conditions d'organisation des élections et la sincérité du vote. L'exemple du Bénin est là devant nous, 35 candidats à la dernière présidentielle, mais deux ont relevé la tête et le meilleur à gagner ».
D’autres internautes togolais qui semblent trancher le débat estiment que ces discussions autour de la candidature unique ou pas de l’opposition sont vaines surtout que plusieurs prétendants à la présidentielle de 2020 s’annoncent déjà. Et parmi ces potentiels candidats, certains sont déjà étiquetés comme étant des antennes du régime en place. Pour ces internautes, le mieux pour les leaders politiques, c’est de s’associer dès maintenant, pendant qu'il est encore temps, pour négocier avec le pouvoir en vue d’améliorer le cadre électoral…
Il faut dire que pendant que les Togolais, qui aspirent au changement au sommet de l’Etat, se déchirent en débattant autour de la question de la candidature de l’opposition, les choses sérieuses se passent dans les officines du régime. La candidature de Faure Gnassingbé pour un quatrième mandat est plus que probable et les précampagnes pour sa réélection en 2020 ont déjà démarré. Et ce n’est un secret pour personne.
Reste à savoir si l’opposition togolaise, toujours en transe, sortira rapidement de son état second pour enfin décider de la stratégie « idoine » à adopter pour l’atteinte de son objectif 2020 : L’alternance politique.
Godfrey Akpa
|