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La diaspora togolaise ne doit pas financer les prochaines élections au Togo par la taxe sur l’interconnexion téléphonique internationale

Togo - Opinions
De nos jours, le moyen le plus simple et le plus facile de rester en contact avec ses proches, ses collègues, ses amis… est le téléphone. Considérée comme un luxe hier, la communication téléphonique surtout cellulaire s’est considérablement démocratisée aujourd’hui grâce aux avancées technologiques, à l'utilisation des satellites et de services sans fil. Par conséquent beaucoup d’efforts ont été faits dans plusieurs pays pour réduire les coûts de communications téléphoniques afin de faciliter l’accès de la population à l’indispensable outil de communication qu’est le téléphone devenu par ailleurs un outil de partage de connaissances et d’information. Malheureusement certains pays trouvent dans cette démocratie de l’information et de la communication téléphonique le moyen de prélever des taxes farfelues aux détriments des consommateurs et au profit de projets difficilement compréhensibles. C’est le cas du Togo.

Dans un article publié le 09 janvier 2015 sur le site republicoftogo.com, il est évoqué que « le gouvernement togolais a introduit en début d’année 2015 la TITI, comprenez ‘Taxe sur l’interconnexion téléphonique internationale’. Chaque personne téléphonant au Togo depuis l’étranger payera un surcoût de 25 FCFA par minute. Mais c’est pour la bonne cause. En effet, les recettes ainsi générées serviront à financer en partie la couverture maladie universelle. La surtaxe sera perçue par les opérateurs étrangers puis reversée aux autorités togolaises


Au moment où on apprend que le gouvernement veut inciter la diaspora à investir dans l’économie togolaise pour contribuer à son développement, il est surprenant qu’une pareille taxe, source de coûts prohibitifs de télécommunications internationales et de découragement à l’investissement de la diaspora soit mise en place.

Nous apprenons donc que le coût actuel déjà exorbitant de communication téléphonique de l’étranger vers le Togo, comparé à nos voisins ne servait pas à financer la santé des togolais. En Europe, le prix de la communication téléphonique vers le Togo s’élève à 24 centimes la minute contre 15 centimes au Ghana, 16 centimes au Benin et 19 centimes au Burkina. Comme si la diaspora n’est pas assez taxée, le gouvernement introduit une nouvelle taxe en ce début d’année pour dit-il garantir la sécurité sociale aux togolais, une sécurité sociale qui ne concerne pour le moment qu’environ 55 000 fonctionnaires et les agents des forces de sécurité ainsi que leurs familles, soit environ 7% de la population togolaise. A l’heure où l’état togolais doit chercher à sanctuariser le budget de la santé des togolais pour assurer la pérennisation des soins de santé, il choisit de soumettre le financement de la sécurité sociale à un aléa qui dépendra du volume de communications internationales émises.

Si l’argument sensible de protection sociale d’une frange de la population togolaise est recevable à travers cette taxe, sa mise en place en période préélectorale cache une autre raison plus évidente. En réalité, cette annonce est une façon déguisée d’engranger, sur le dos de la diaspora togolaise qui n’a pas au passage le droit de vote, un magot qui servira à financer les élections présidentielles à venir et la campagne du parti RPT/Unir en faveur de Faure Gnassingbé.

Les préparatifs de ces futures élections ont déjà pris du retard. La révision des listes électorales qui devrait démarrer en décembre 2014 ne commence que le 20 janvier 2015. Les raisons de ce report évoquées par le président de la Commission électorale nationale indépendante, monsieur Tabiou sont d’ordre financier. Ce n’est un secret pour personne que le gouvernement togolais veut se passer du financement extérieur dans l’organisation de ces élections et compter sur ses propres moyens afin de dicter les règles du jeu qui favoriseront le parti RPT/Unir et assurer une victoire contestable à monsieur Gnassingbé.


En septembre 2014, le prix de l’abonnement internet au Togo est passé de 500 FCFA par jour à 1500 FCFA par jour soit une augmentation de 300%. Visiblement cette augmentation associée probablement à d’autres dans
d’autres secteurs passée inaperçue ou connue n’a pas permis de renflouer conséquemment les caisses de l’état pour financer le processus électoral et la campagne du parti RPT/Unir. Dans sa recherche complémentaire de
financement, le gouvernement togolais a fait le choix de ponctionner dans la diaspora qui en 2014, grâce aux transferts de fonds vers le Togo a battu le record de transferts de capitaux estimés à 348 millions de dollar. Voilà
qui a donné des idées à certains esprits malins du gouvernement togolais de faire contribuer la diaspora au financement des futures élections par la taxe sur l’interconnexion téléphonique internationale (TITI).

TITI qui s’ajoute aux innombrables impôts dans le domaine de la télécommunication, est apparue en 2009. Elle repose sur une taxation des appels téléphoniques internationaux dont les coûts vont augmenter de 20 à 100%.

Elle était mise en oeuvre dans certains pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Gabon, le Sénégal… non pas pour financer les dépenses de santé mais en grande partie pour financer le contrôle du trafic téléphonique
international et la lutte contre la fraude en matière de télécommunications. Cette taxe critiquée par les experts est en totale contradiction avec la convention de Melbourne sur le règlement des télécommunications internationales, signée par la plupart des pays africains. Malgré la mise en place de cette taxe par certains voisins du Togo en 2009, le coût de leurs communications téléphoniques internationales est actuellement plus bas comparé au Togo qui, en leur emboîtant le pas en 2015 va creuser davantage des inégalités en matière de tarif de communications téléphoniques au détriment de la diaspora togolaise qui payera encore plus cher ses communications internationales vers la patrie. En effet avec TITI, la durée de communication d’une carte prépayée de 10 euros passera de 48 minutes à 38 minutes contre 67 minutes au Ghana, 63 minutes au Bénin et 53 minutes au Burkina et en Côte-d’Ivoire. C’est trop !

TITI fixée à 25 FCFA la minute de communication va beaucoup rapporter à l’état togolais. Un rapport de l’autorité de réglementation des secteurs de poste et de télécommunications du Togo indique qu’au deuxième trimestre
2014, le volume du trafic de télécommunications venant de l’international était de 45 418 828 minutes pour les trois opérateurs de téléphonie mobile et de téléphone fixe. Si ce rythme est maintenu au premier trimestre 2015,
ce sera une bagatelle somme de 1 147 945 700 (un milliard cent quarante-sept million neuf cent quarante-cinq mille sept cents) FCFA soit 1 749 917 (un million sept cent quarante-neuf mille neuf cent dix-sept) d’euros que
récoltera l’état. Ce n’est rien !

Devant cette situation, la diaspora doit réagir et dire non à cette taxe nocive de télécommunication que le gouvernement tente de faire passer comme une trouvaille qui garantit la protection sociale à nos compatriotes alors que les vraies raisons de cette taxe sont ailleurs. Le congrès mondial de la diaspora togolaise (CMDT) de même que d’autres organisations de la diaspora doivent se saisir de ce dossier et monter au créneau pour dénoncer cette taxe et réclamer sa suppression pure et simple. Il revient également à chaque togolais de la diaspora de limiter en cette période sa consommation téléphonique vers le Togo de moitié voir plus en privilégiant d’autres moyens de communications alternatifs comme le mail, viber, skype ou encore les texto… pour faire échec à cette arnaque qui ne dit pas son nom.