Révélé au grand public en novembre 2002, Doukouré Stéphane alias Douk Saga, a marqué le showbiz ivoirien pendant quatre ans avec le ‘’mouvement coupé décalé’’. Avant de tirer sa révérence jeudi, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Retour sur le parcours atypique d’un artiste qui aura procuré ‘’la joie’’aux Ivoiriens et à toute la sous région.
Lorsque son nom retentit pour la première fois dans le milieu du showbiz ivoirien, en novembre 2002, personne ne s’attendait à la gloire qu’il a connue avant sa mort. Douk Saga à l’état civil Doukouré Stéphane, a eu sans conteste, une influence sur la jeunesse avec son mouvement ‘’coupé décalé.’’ Venu fraîchement de la France et principalement de Paris, il a su grâce à son single «Abidjan a eu affaire», produit par David Monsoh et sorti chez Showbiz, égayer les mélomanes et donner de l’espoir au peuple ivoirien, après le déclenchement de la crise militaro-politique de septembre 2002. Danseur au départ…
Malheureusement, il n’aura pas le temps de continuer son rêve, puisqu’il a tiré sa révérence, jeudi, à la clinique Souka de Ouagadougou, au Burkina Faso. Avant de faire ses premiers pas dans le milieu musical, Douk Saga était connu comme un grand danseur sur les bords de la Seine. Plébiscité dans la communauté « black » de l’Hexagone il est surnommé par les siens «la sagacité». Il s’inspire de ce nom pour mettre en place son mouvement de la sagacité et du coupé décalé. Pour les besoins du showbiz, il joue sur son patronyme Doukouré qui devient « Douk » et la sagacité « Saga ». Désormais baptisé Douk Saga, il est produit par David Monsoh en France. Ce dernier mettant en avant les qualités de son poulain en parle en bien à Constant Anagonou, directeur marketing de la maison de distribution Showbiz. Il n’hésite pas un seul instant à le faire entrer dans son écurie. Anagonou n’a pas tort puisqu’en quelques mois seulement, Douk Saga crève l’écran avec son mouvement de coupé décalé et le phénomène du «travaillement» (une action qui consistait à jeter de l’argent pendant qu’il est en prestation). Le public qui n’en demande pas mieux adhère au mouvement. Et Douk Saga devient un «héros national». Ce n’est pas Constant Anagonou qui dira le contraire : « Nous n’avons pas eu tort, a-t-il dit, de lancer Douk dans le bain. Le mouvement qu’il a crée a pris. Il a eu beaucoup de mérite étant donné qu’il est arrivé au moment où le pays traversait une période difficile». S’inspirant du footballeur Sékou Bamba de Karamoko, pour qui il avait beaucoup d’admiration, il s’illustre par la frime. Toute chose qui plaît à son public qui le lui rendait bien en l’appréciant ou en le prenant pour un «dieu». Adulé par les mélomanes et la jeunesse, Douk Saga organise un méga concert au Palais de la culture de Treichville le 16 avril 2003. Les fans qui ne veulent pas se faire raconter l’événement, prennent d’assaut le joyau architectural qui refuse du monde. La salle Anoumabo qui doit accueillir en principe 4.000 places, se retrouve avec plus 11.000 spectateurs (le record des entrées depuis que le palais existe). ...Il influence sur la jeunesse
Comme il fallait s’y attendre, le cafouillage gagne le palais et le concert se termine dans la confusion. Pour ne pas perdre la face devant ses fans, le «sommet de l’Himalaya» organise une conférence de presse pour se disculper et accuse les responsables de l’établissement d’être à la base du désordre. Ce spectacle ouvre grandement les portes du succès à «Tiéni Gbanani». Puisqu’après il est objet de nombreuses sollicitations. Ce qui lui permet de faire le tour des capitales africaines et européennes. En août 2005, il sort son deuxième album intitulé «Héros national» dans lequel de façon prémonitoire, il disait «les jaloux veulent m’abattre». Il n’aura pas le temps de faire la promotion de ce produit lorsque la maladie le terrasse en novembre. D’un simple mal de gorge, l’artiste s’est trouvé être atteint par une tuberculose atypique (non contagieuse). Une maladie qui a fini après de longs mois par l’emporter.
Issa T Yéo
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