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Comment se transmet le paludisme ? Quels en sont les agents ?

CHRONIQUE - Santé, sexualité
L'agent du paludisme : un protozoaire du genre Plasmodium

Le paludisme (du mot ancien palud, dérivé du latin palus, c'est-à-dire "marais") se joue entre trois acteurs : le parasite qui est l'agent de la maladie, un protozoaire du genre Plasmodium ; l'insecte vecteur qui en assure la transmission, un anophèle femelle ; et l'homme, qui est l'hôte intermédiaire du parasite.

Il existe quatre espèces de Plasmodium spécifiquement humains, dont la pathogénie et l'évolution sont très différentes :

Plasmodium falciparum est l'espèce la plus pathogène. Elle domine en Afrique. Elle est susceptible d'entraîner la mort en se multipliant dans les microvaisseaux de certains organes profonds (cerveau, reins, poumons).
Plasmodium vivax et Plasmodium ovale ne tuent pas, mais peuvent entraîner des rechutes 4 à 5 ans après la primo-infection.
Plasmodium malariae ne tue pas, mais provoque parfois des rechutes jusqu'à 20 ans après la primo-infection.



Le vecteur : un moustique femelle




Le cycle des Plasmodium est complexe et comporte deux étapes essentielles : un cycle asexué, et un cycle sexué chez le moustique. L'homme est infecté lors d'une piqûre par un anophèle femelle, qui lui injecte le parasite sous forme de "sporozoïte". Celui-ci migre rapidement, via la circulation sanguine, vers le foie. Il pénètre dans la cellule hépatique (hépatocyte), où il se divise très activement pour donner naissance, en quelques jours, à des dizaines de milliers de nouveaux parasites : les "mérozoïtes". La cellule du foie éclate en libérant ces parasites dans le sang, qui pénètrent et se multiplient à l'intérieur des globules rouges. Lorsque ces derniers éclatent, les "mérozoïtes" ainsi libérés infectent de nouveaux globules rouges.

En parallèle, des cellules sexuées mâles et femelles (gamétocytes) se forment dans le sang du sujet infecté. Lorsqu'un moustique pique un tel sujet, il ingère ces gamétocytes, qui se transforment en gamètes. Leur fécondation engendre un oeuf, qui se différencie en sporozoïte dans les glandes salivaires du moustique. Un nouveau cycle peut alors commencer.

Les espèces P.vivax et P. ovale donnent parfois des rechutes tardives, 4 à 5 ans après la primo-infection, car le parasite peut subsister sous une forme latente ("hypnozoïte") dans la cellule hépatique. Les rechutes dues à P. malariae résultent, quant à elles, de la persistance de formes "quiescentes" dans le réseau lymphatique.


Les voies de contamination

Une contamination de la mère à l'enfant, par voie transplacentaire, est également possible. En revanche, le dépistage des donneurs permet d'éviter le risque de contamination lors d'une transfusion sanguine en France. Cependant une contamination lors d'une greffe d'organe reste possible.

En France, la très grande majorité des cas de paludisme observés est contractée lors d'un voyage effectué sans mesure de prophylaxie ou avec une prophylaxie inadaptée. Nombre de cas sont liés à des retours au pays d'Africains expatriés en France depuis des années, qui se croient encore protégés et négligent les mesures de prophylaxie en revenant chez eux en vacances.

Toutefois, une prophylaxie parfaite est de plus en plus difficile à mettre en place, du fait du développement de clones de P. falciparum résistant aux différentes molécules médicamenteuses utilisées, notamment à la chloroquine (voir avant-dernier et dernier §).

Par ailleurs, une contamination au voisinage d'un aéroport, par un moustique infecté importé d'un pays endémique, ne peut être exclue mais reste très exceptionnelle.

Dominique MAZIER, Inserm Unité 313, Immunologie cellulaire et moléculaire des infections parasitaires, Faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière, Paris.

Véronique LAVARDE, Hôpital Broussais, Service de Microbiologie, Paris.

Texte rédigé par Florence Rosier