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Exclusif/ Nathaniel Olympio, Président du Parti des Togolais : « Nous mènerons la bataille pour le fichier électoral avec la même détermination qu’en 2015 »

Togo - Politique
Les perspectives du parti, le procès d’Alberto Olympio, le changement à la tête du parti, les projets du parti pour les prochaines élections législatives, le fichier électoral, la relation du parti avec les autres formations politiques de l’opposition, bref, icilome.com a passé en revue l’actualité avec le nouveau patron du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio. Lisez plutôt !
Icilome.com : Vous avez récemment été élu comme président intérimaire à la tête du Parti des Togolais : comment se porte le parti ?

Nathaniel Olympio : Le Parti est en plein engagement, en plein dynamisme et nous sommes toujours en train d’exécuter la feuille de route que nous nous sommes donnés depuis le début de l’année. Les formations, les sensibilisations et la consolidation de notre démocratie interne.

Quelle est votre priorité toujours en tant que président intérimaire ?

La priorité est celle que le conseil a établie le 29 octobre dernier. J’ai été élu pour poursuivre une feuille de route établie de façon collégiale par les délégués en Janvier 2016. Cette feuille de route s’inscrit dans le projet de gouvernance du Parti qui est centré autour du bien-être de nos populations. Cette feuille de route est très claire : Poursuivre les actions de formation en les intensifiant à l’intérieur du Pays, et renforcer nos actions sociales pour alléger les souffrances des populations togolaises. A cela s’ajoute un nouveau chantier qui me tient particulièrement à cœur, qui est celui des conditions de scolarisation des élèves togolais qui sont alarmantes pour la plupart. Ce chantier, nous souhaitons le prendre à bras le corps, surtout dans les zones où les résultats aux examens sont les plus alarmants.

Par ailleurs, le Conseil national nous a demandé de renforcer davantage notre mutualisation des efforts avec d’autres partis politiques de l’opposition avec lesquels nous partageons un certain nombre d’idées communes. Ça aussi, nous nous y attelons.

Vous évoquez les autres partis de l’opposition pour une action concertée, êtes-vous prêts à collaborer avec le CAP 2015, par exemple ?

Il faut toujours collaborer avec ceux avec qui on partage les mêmes objectifs. La relation entre les entités politiques, c’est comme la relation entre les Etats. Personne ne vit en autarcie. Il y a toujours une interaction. Mais pour que l’action commune puisse donner des résultats probants, il faut qu’on partage au minima les mêmes visions et à l’idéal les mêmes démarches et la même méthodologie.

Etes-vous donc prêts à descendre dans la rue comme CAP 2015 ?

Je ne pense pas que CAP2015 apprécierait que son action politique soit résumée au fait de « Descendre dans la rue », même si je comprends le fond de votre question. L’action politique ne se résume pas à cela. Décider de manifester dans la rue, est une des nombreuses méthodes de pression populaire visant à atteindre un objectif. Elle ne doit pas devenir une habitude au risque de perdre sa force de dissuasion vis-à-vis des autorités dont l’action est contestée.

Et donc je pense que collaborer, ça veut dire réfléchir ensemble, décider des choses ensemble, planifier ensemble. Et quand on est d’accord sur tout ce qu’on doit faire, quelle que soit la forme que cela doit prendre, on le fait, pas avant.

En 2018, il y aura les élections législatives. Déjà, l’année prochaine, Les partis vont donc rentrer dans l’arène pour les préparatifs. Au Parti des Togolais, comment préparez-vous ces législatives ?

Vous parlez de préparatifs pour entrer dans l’arène et je vous réponds que les prérequis électoraux ne changent pas en fonction que le scrutin soit présidentiel ou législatif. Ce n’est pas parce que la fraude semble être moins flagrante lors des législatives parce qu’elle accorde quelques sièges à l’opposition pour calmer l’ardeur des plus virulents que nous devons continuer à tomber dans les mêmes pièges.

Ce qu’il faut que nous comprenions au sein de l’opposition, c’est qu’il sera très difficile pour nous de faire valoir nos prérogatives en tant qu’acteur politique si les voix de tous nos électeurs ne sont pas prises en compte.

Avant de parler de législatives en 2018, il faut se concentrer sur les préalables à obtenir absolument en 2017 :

Il y a premièrement la question du fichier électoral. Nous savons tous que ce fichier n’est pas en état de permettre une transparence. Donc le Parti des Togolais va encore relancer son action de manière très forte sur la question du fichier.

Il y a aussi la question des institutions : aujourd’hui tout le monde s’est rendu compte (y compris nos amis qui avaient participé à l’élection de 2015) que la CENI, dans son état, est incapable de nous offrir une élection qui soit digne de ce nom, dans un environnement démocratique. Il faut donc qu’on revisite sa composition et les règles qui la régissent.

Et bien entendu, il y a aussi toute la question du mode de scrutin : On ne peut pas continuer à tolérer des scrutins à un tour. Et espérer renverser le rapport de force à l’Assemblée nationale.


Parlant du fichier électoral, on a vu votre bataille sur ce point en 2015, allant jusqu’à votre retrait du processus électoral. Comment allez-vous vous y prendre pour obliger le pouvoir à reprendre ce fichier électoral ?

(Sourire)… Ne vous attendez pas que je vous parle de tout cela sur votre média. Sachez juste que nous mènerons la bataille pour le fichier électoral avec la même détermination qu’en 2015, mais cette fois-ci nous serons plus nombreux et beaucoup mieux préparés.

Vous parliez de porter vos actions vers l’intérieur du pays : Quel est l’Etat d’avancement de votre implantation à l’intérieur du pays ?

Nos fédérations ont été installées et présentées lors de notre premier congrès. Notre ambition initiale était d’être présents dans chaque canton, et c’est ce que nous avions fait. Maintenant nous sommes assez lucides pour reconnaître que sur le terrain le fonctionnement des fédérations n’est pas encore homogène et que nous avons encore un travail de formation et de consolidation à faire. C’est un travail que nous réalisons avec nos délégués nationaux que nous envoyons sur le terrain pour constater les activités afin que nous puissions mieux encadrer nos structures de l’intérieur. Le prochain congrès sera aussi l’occasion de revoir notre maillage du territoire, principalement à l’intérieur du pays.

Vous en avez combien (de fédérations) exactement ?

Toutes les préfectures sont couvertes. Si vous avez bien suivi notre récent Conseil National, nous avons fait venir nos délégués de toutes les préfectures et de toutes les régions du Togo. Nous avons une fédération dans chaque préfecture, donc une quarantaine, sans compter le Grand Lomé.

La question qui revient souvent dans ce genre d’exercice que nous faisons, c’est la relation entre les partis : vous croyez encore à une union ou une unicité d’actions au sein de l’opposition ?

Je reste profondément convaincu que les partis d’opposition peuvent encore déterminer un certain nombre de points d’actions qui peuvent être menés conjointement pour le bien de tout le monde, pour ce qui relève, je dirai, de l’intérêt général. Avoir par exemple un environnement d’élection équitable et transparent, c’est bénéfique pour tout le monde, je pense que sur ce point précis, on peut mener des actions ensemble.

Mais quand on exprime les choses en termes d’unicité de l’opposition, ce sont des termes génériques qui veulent dire beaucoup et rien du tout. Et donc ça peut semer la confusion dans les esprits. Eh bien, on se met ensemble et on définit les moyens d’ensemble pour y arriver. Mais quand on précise que voilà une action bien ciblée, un objectif bien déterminé que nous voulons atteindre, quels sont les partis politiques qui sont intéressés par cet objectif-là.

Vous avez aussi eu à évoquer les locales : Tout le monde est d’accord, y compris les diplomates au Togo qu’il faut organiser les élections locales. Mais il y a un peu plus d’une semaine, le gouvernement a pris des décrets de nominations de nouveaux présidents de délégations spéciales ; ce qui semble dire que chez le gouvernement il n’y a pas encore cet agenda d’élections locales. Est-ce qu’au Parti des Togolais, vous ne croyez pas qu’il faut un travail de pression sur le gouvernement à travers les différentes représentations diplomatiques au Togo ?

Je crois qu’il faut tout d’abord compter sur nos propres forces. Personne ne fera la chose à la place des Togolais. Personne n’est mieux concerné que les Togolais pour mener cette bataille. Je pense aussi que nous devons nous méfier des lectures superficielles des actions du gouvernement. Je ne suis pas certain que c’est parce que le gouvernement a nommé des délégations spéciales dans certaines localités qu’ils ne sont pas en train de préparer nuitamment et à l’abri de l’opposition, une décentralisation ou des élections locales.

Je connais suffisamment les pratiques de ce régime pour me demander si le fait d’avoir nommé précisément en ce moment ces délégations spéciales, n’est pas un acte posé pour endormir l’opposition sur ces questions de décentralisation et des élections locales, alors qu’ils sont certainement à l’heure où nous parlons en train de se préparer activement.

Peut-on s’attendre à un retour proche du président Alberto Olympio ?

Alberto est un battant. Il n’a certainement pas dit son dernier mot. Son retrait de la présidence, loin d’être une stratégie de repli, va lui permettre d’atteindre plus vite son objectif qui est de remporter sa bataille judiciaire. Ne soyez pas étonné de le voir plus tôt que beaucoup de pronostics que nous avons entendus çà et là.

La prochaine Activité du Parti ?

Je dirai plutôt « les prochaines ». Je vous en donnerai deux :

- La tournée « Le pouvoir, c’est vous » afin de remobiliser les populations sur le territoire autour des sujets qui comptent. Nous n’atteindrons pas nos objectifs sans elles comme je vous le disais plus tôt.

- La bataille pour la transparence électorale et l’obtention de l’audit du fichier.

Parallèlement à ces activités politiques, nous continueront à nous dérouler les sessions de formations ainsi que les actions ciblées visant à aider les populations.

Trump aux commandes des Etats-Unis : quelles conséquences pour l’Afrique et pour le Togo en particulier ?

Je pense qu’il faut toujours aller au-delà des personnes, c’est vrai que chacun à sa sensibilité personnelle, mais les Etats dialoguent avant tout entre Etats. Et ces Etats ont des règles, des pratiques, des traditions. La personnalité d’un individu, même si ça peut influer sur quelque aspect des relations internationales, ne changera pas fondamentalement ce qui relève de l’intérêt général des Etats. Et c’est ça aussi la force des grandes démocraties. Une certaine continuité dans l’action, surtout l’action internationale. Je ne redoute pas quoique ce soit qui puisse être préjudiciable aux peuples togolais, du fait que ce soit Monsieur Trump qui a été élu à la présidence des Etats Unis. Mais on appréciera à la pratique.


Un mot à l’endroit de vos militants

Vous savez, on n’attend pas toujours les médias pour qu’on s’adresse à nos militants, on le fait quotidiennement par nos canaux habituels, par nos rencontres, nos séances de travail. Mais puisque vous posez la question, je dirai simplement d’abord, il faut que nous félicitons nos militants, parce que nos militants ont montré un lien très soudé. Un soutien très fort au parti, justement à ses dirigeants et à Alberto particulièrement dans les épreuves qu’il affronte. Je les remercie, je les encourage, je les félicite, et je leur demande encore de ne pas se laisser intimider, surtout à l’intérieur du pays. Le Parti des Togolais est un parti qui, aujourd’hui, compte. Demain, grâce à notre engagement et notre pugnacité, il sera là où personne ne l’attendait aussi tôt.

Propos recueillis par I.K /A. Lemou