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Lomé : Tristes spectacles le long de la voie ferrée

Togo - Societe
Chaque matin et soir dans certains coins de la capitale, les habitants sont obligés de supporter le passage bruyant du vieux train de Togo Rail. C’est une véritable ferraille de wagons en file derrière une locomotive de l’époque coloniale qui se fraie lourdement le passage sur deux brins de fer espacés d’environ un mètre, à travers sachets plastiques, les uns vides et les autres bourrés d’excréments, le tout jonchant dans un tas d’ordures auquel viennent s’ajouter des solutions fermentées d’eaux de ménages.
L’indescriptible "bordel", côtoie les habitations, de vrais buildings parfois qui se confondent à des habitations de fortune. C’est en plein cœur de Lomé, à Bè, à Nukafu, à Tokoin Gbadago, à Adéwui, et même à l’intérieur du pays.

L’insalubrité à Lomé aurait élu domicile dans le lit du train. Il n’est pas d’endroit aussi répugnant que le long du chemin de fer. Cet état des choses, n’est pas le fruit d’un hasard, mais bien évidemment de l’action humaine. Le passage ferré est perçu par les populations comme une sorte de dépotoir.

Foufou bars, maquis, boutiques, cafétérias, et habitations côtoient les chemins de fers dans le fonds des quartiers à Lomé. Mais il y a aussi des gros camions (des titans) qui font des petits espaces près des rails, des parkings. Ce sont des zones à fortes concentrations humaines, des hommes et femmes pour la plupart à faible pouvoir d’achat. Ils sont malheureusement exposés à des risques exponentiels d’infections au paludisme et aux maladies diarrhéiques, conséquences de l’insalubrité notoire qui règne dans cet environnement.

Ces photos, en illustration, prises à Bè-Kpota à l’heure du passage du train sont révélatrices de la gravité de la situation. Aux sachets plastiques constituant l’essentiel des ordures le long des rails, viennent s’ajouter chaque matin et soir, des solutions aqueuses et fermentées d’eaux usées et de restes des repas provenant des ménages riverains ou des marmites des bonnes dames tenancières des maquis, foufou bars ou cafétérias du coins.

Les pluies diluviennes de ces derniers jours à Lomé font aussi leur part. Elles se chargent de maintenir l’humidité et l’acidité des lieux au grand salut des millions de microbes qui y logent.

L’indifférence

Rien de tout ce crime sanitaire et environnemental ne semble interpeller ni les riverains, ni les autorités locales, municipales ou gouvernementales. On peut observer quelques tas d’ordures rassemblées suites aux opérations Togo Propre, mais qui finissent pas s’éparpiller, les sachets rejoignent forcément les caniveaux autour des rails.

Le sol est tellement pétri de sachets plastiques à tel enseigne qu’à la moindre pluie, l’eau a du mal à pénétrer le sol et finit toujours sa course dans les maisons. Des eaux mortelles légèrement diluée par l’eau de pluie qui envahissent les dortoirs à la moindre goutte de pluie.

Ces endroits sont souvent privés d'éclairage, laissant entrevoir un noir spectaculaire à la tombée de la nuit, terrains propices aux malfaiteurs de tout acabit.

A maintes reprises, des corps humains sans vie, gisant dans le sang sont récupérés le long des rails ; parfois des bébés avortés. Bref, le long des rails sont aussi des coins parfaits pour des crimes rituels.

Chaque année, ce sont des millions de dollars des partenaires financiers qui sont engrangés en guise de dons ou de prêts pour subventionner des traitements contre le paludisme et les maladies liées à cette insalubrité, sans compter la distribution des moustiquaires.

pourquoi ne pas corriger le mal à la base?

Personne ne semble interpellé par l’effet dévastateur de l’usage démesuré des sachets plastiques dans nos communautés. Le gouvernement a pris un décret interdisant la production, l’importation et le commercialisation de sachets plastiques non bio dégradables, juste pour faire bonne mine aux yeux des partenaires. Depuis trois ans, les autorités n’ont aucune volonté de veiller à l’application du décret.

La société en charge des chemins de fers, quant à elle, ne lève même pas le petit doigt contre l’érection de ces dépotoirs sauvages le long des voies ferrées. Les centaines d’organisations qui militent pour l’environnement semblent avoir mieux à faire.

Il est de notoriété publique que dans la plupart des villes du monde, il existe des bidonvilles. La particularité du Togo est que tout son couloir de voie de fer est érigé en dépotoir et les agglomérations à ces endroits n’ont rien à envier à des bidonvilles.

A.L