C'est très facile de se faire accompagner par quelques journalistes, quatre jours après la pluie de samedi dernier, pour déclarer que la nouvelle aérogare de Lomé n'a pas connu d'inondation. C'est malheureusement ce qu'ont fait les premiers responsables de la Société Aéroportuaire de Lomé-Tokoin (SALT) et de l'Agence Nationale de l'Aviation Civile du Togo (ANAC). Histoire de vérifier si les lieux ont été inondés.
Visiblement, la nécessité de cette visite s'est fait sentir, suite à la publication des articles de nos confrères de L'ALTERNATIVE (dans son numéro 554 du mardi 13 septembre dernier) et de LIBERTE, qui ont relayé les travaux approximatifs que les Chinois ont laissés.
"Je vous laisse. Ecrivez si vous avez trouvé des batraciens ici. On peut critiquer mais soyons objectifs", a lancé le Directeur Générale de l’ANAC, Col Latta Gnama.
Certes, aucun des journalistes amenés sur les lieux hier n'a vu de batraciens. Peut-être même pas d'eau. Mais les employés de cette aérogare, ceux qui étaient présents sur les lieux samedi dernier, ont raconté ce qui s'est passé, avec de l'eau un peu partout. C'est peut-être ce que le Directeur général de l'ANAC ne savait pas.
Selon Col. Gnama Latta, la nouvelle aérogare construite par les Chinois, respecte brique par brique, les normes de l''Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
"Ce bâtiment est construit sur trois niveaux. Pour le réaliser, nous avions insisté qu’il y ait des contrôles. Parce qu’il faut que le bâtiment répond aux 19 normes recommandées par l'OACI. Nous avons un comité de suivi, un comité de pilotage, un maître d’ouvrage. Bien qu’on ait fini la construction de l'aérogare, on continue par faire des réunions tous les jeudis", a indiqué le Colonel.
A le croire, si vraiment il y a eu l'inondation, les activités au sein de l'aéroport seraient paralysées.
"Mais, vérifiez s’il y a eu annulation de vol, s’il y a eu du retard. Il n'y a pas un seul retard. S’il y a eu l'inondation, les gens seraient au courant. Parce que les appareils seront en panne. Donc, il n’y en a pas eu", se convainc-t-il.
Ce n'est pas aujourd'hui que la presse dénonce les "chinoiseries" que constitue la nouvelle aérogare de Lomé. Des confrères journalistes en ont abondamment parlé sur les réseaux sociaux. Et la pluie de samedi dernier a juste confirmé la crainte des uns et des autres.
Voici le témoignage d'un confrère sur la scène de samedi dernier à la nouvelle aérogare de Lomé : "Jusqu'à quand les Chinois vont nous faire des choses de qualité vraie vraie comme c'est le cas chez eux-mêmes...? Tous ceux qui se sont rendus à la nouvelle aérogare hier nuit dans la pluie, se rendraient compte que le "joyau" est à revoir La voie menant au bâtiment est tellement inondée que les forces de sécurité étaient obligées de rester dans l'eau et sous la pluie battante pour indiquer aux véhicules de ne pas passer par certains endroits au risque de voir l'eau atteindre le moteur voire l'endommager Ça, c'est d'un. De deux, l'immeuble-même. Le bar qui est à l'autre extrémité, en allant aux "départs et arrivées VIP", était obligé de dégager ses tables et chaises installées pour ses clients car le vent a amené de l'eau là si bien que les détenteurs de la boutique ne pouvaient rien. Ils ont attendu la fin de la pluie pour réinstaller les tables et chaises. De trois, de l'eau chuinte même de la dalle servant de passage supérieure. Et c'est juste devant et au-dessus du bar en question Apparemment, ce ne serait que la partie visible de l'iceberg...". Sans commentaire !
Le négationnisme est une mauvaise stratégie dans un Etat qui veut promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie. D'ailleurs, il serait difficile aujourd'hui pour les Togolais de croire en cette sortie du Col. Gnama Latta.
On se rappelle encore l'homme, lorsqu'il était ministre de la Sécurité lors des manifestation du Collectif "Sauvons le Togo" à Déckon en juin 2012. Plus d'un était stupéfait lorsqu'il avait déclaré que les forces de l'ordre n'ont jamais lancé de grenades lacrymogènes dans l'église catholique Saint Augustin d'Amoutivé. Pour lui à cette époque, c'est le vent qui a fait rentrer la fumée des lacrymogènes dans l'église.
Une version qui a scandalisé les Togolais, surtout le Curé de la Paroisse à l'époque, le Père Yohannes Aziablé qui a donné la vraie version des faits sur les médias, en criant "sacrilège". En somme, on avait vu des hommes en uniforme dans l'église.
Sur un autre registre, c'est toujours Gnama Latta qui avait nié l’intrusion des forces de l'ordre dans la maison de Jean-Pierre Fabre lors d'une manifestation de l'opposition, le CST. Or, les riverains avaient assisté aux jets de grenades lacrymogènes jusque dans le salon du président de l'ANC. Passons !
La nouvelle aérogare de Lomé, il faut le dire, laisse à désirer. Dans tous les cas, inondation ou pas, une visite d'inspection sur les lieux, quatre jours après la pluie, ressemble plus à du tourisme...
KG.
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