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Assemblée nationale : La leçon des députés libériens à leurs homologues UNIR du Togo

Togo - Politique
Impliqué dans une affaire de corruption, le Président de l’Assemblée nationale libérienne, Alex Tyler, a rendu le tablier le jeudi dernier. Une démission qu’il a qualifiée de « l’ultime sacrifice » mais qui est loin de faire école dans l’hémicycle togolais.
« Les Libériens, dont nous sommes au service, attendent de nous d’être des responsables et de défendre leurs intérêts, et leur bien-être devrait être placé au-dessus de toute considération individuelle ou personnelle… Par le présent acte, je me récuse de la présidence plénière de l’Assemblée nationale, afin que les problèmes des Libériens puissent être pleinement abordés », a-t-il déclaré. Sa démission a été réclamée par le Vice-président de l’Assemblée nationale, Hans Barchue, qui a réussi à obtenir la majorité des deux tiers des députés (49% des voix).

Ils reprochent à leur président d’être impliqué dans un rapport de l’ONG Global Witness. Le rapport accuse Sable Mining (une compagnie minière britannique) d’avoir versé des pots-de-vin dans la concession du minerai de fer au Liberia et en Guinée. Global Witness accuse la société minière d’ « avoir payé près de 960.000 dollars à plusieurs responsables libériens ou à leurs proches entre 2010 et 2012 pour s’assurer leurs faveurs en vue de l’obtention de concessions pour l’extraction de minerai de fer ».

Cette démission du président de l’Assemblée nationale libérienne peut faire sourire dans l’hémicycle togolais. En effet, au Togo, le président de l’Assemblée nationale ne s’est jamais inquiété qu’il pourrait être débarqué (même s’il est impliqué dans une affaire de corruption) de son poste si l’ordre ne vienne pas d’en haut. Aussi les députés de son parti forts de leur majorité n’ont-ils jamais senti le besoin d’interpeller les ministres ou directeurs de sociétés publiques de leur parti sur des questions d’intérêt général.

Plus grave, ils accompagnent tacitement un ministre ou cadre UNIR impliqué dans une affaire de malversation financière. Ninsao Gnofam, ministre des Infrastructures et des Transports a tenté de justifier le retard dans l’exécution de la construction de la voie Lomé-Vogan-Anfoin confiée à l’entreprise CECO BTP. « Des 26 milliards débloqués pour le démarrage des travaux, l’entreprise a utilisé une partie des fonds pour s’équiper », avait-il justifié devant les députés à l’Assemblée nationale. Mais les arguments développés n’ont séduit que lui-même et les députés de son parti UNIR. Ces derniers au lieu de dépasser l’intérêt partisan pour celui du général et exiger sa démission ont préféré être « solidaires » avec lui. Et pourtant, la construction de cette voie pue une affaire de retro-commissions de 10 milliards FCFA révélée par les journaux.

De même, les députés UNIR n’ont pas senti le besoin d’interpeller le Premier ministre SelomKlassou cité dans l’affaire de Panama Papers relative à l’évasion fiscale opérée par les Indiens de Wacem (il est actionnaire dans la société), comme l’ont fait les Libériens qui ont vu que l’intérêt général doit primer sur l’ intérêt partisan. Au contraire, au Togo la carte UNIR est devenue une sorte de parapluie d’impunité dont se couvrent plusieurs dignitaires du parti au pouvoir dont les scandales, les malversations financières se ramasseraient à la pelle.

On est loin de cet exemple libérien puisque Christophe Tchao, le président du groupe parlementaire UNIR, brille par ses sorties qui étonnent. Maintes fois, sur les questions de réformes constitutionnelles et institutionnelles, il a toujours fait porter le chapeau à l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de ne pas vouloir les réformes. Alors que c’est fort de la majorité parlementaire acquise à sa cause que Faure Gnassingbé renvoie souvent ces questions à l’Assemblée nationale. Il sait que son parti détient la « clé » des réformes. Mais pour Christophe Tchao, c’est l’ANC ! En se rendant volontairement aveugles sur des questions d’intérêt général, les députés UNIR ne pourront jamais un jour sonner « une révolution » en leur sein, ne serait-ce que pour faire évoluer les choses. Et c’est pourquoi à l’Assemblée nationale togolaise, les sessions se suivent et se ressemblent presque. Les députés de l’opposition s’abandonnent très vite à leur portion congrue de sièges. En conséquence, les séances à l’hémicycle sont l’objet de peu d’intérêt pour la population.