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De nouvelles vagues de protestations en perspective à l'Université de Lomé

Togo - Education
Les remous dans les universités publiques du Togo ne sont pas près de la fin. Les étudiants semblent délaissés à leur sort, face à des autorités universitaires adeptes du dilatoire et de fausses promesses. Suspension et suppression des parcours masters, augmentations des frais d’études, le tout dans un cadre d’étude déplorable avec des infrastructures vétustes qui accueillent une population estudiantine plus de 10 fois au-dessus de leur capacité d’accueil. A l’Université de Lomé, la Ligue Togolaise des Droits des Etudiants (LTDE) monte au créneau.
Environs 57 000 étudiants ont encore broyé du noir au cours de l’année académique qui tire à sa fin. Une large population de jeunes délaissés dans des structures datant de 1970, des bâtiments et autres infrastructures qui, à l’époque, accueillaient seulement quelques dizaines et centaines d’étudiants.

Les responsables universitaires d’aujourd’hui, étudiants eux-aussi à l’époque, avaient eu ce luxe une fois le baccalauréat en main de se sucrer sur la générosité du Général Eyadema, avec des bourses de toute sorte, étudiant et miroitant à la fois les délices du monde de l’emploi avec tous les mérites et considérations que cela implique.

Aujourd’hui aux affaires, c’est à croire qu’ils éprouvent une haine envers leurs cadets, victimes de l’amateurisme dont ils font preuves dans la gestion des universités.

La Ligue Togolaise des Droits des étudiants, nonobstant les tentatives de dissuasion par les autorités universitaires, a réussi vaille que vaille à animer une conférence de presse à travers laquelle cette association estudiantine décrie les dérives administratives qui empestent la vie des étudiants sur le campus.

Suspension ou suppression des masters

La présidence de l’Université a pris la décision de suspendre les parcours masters. Les programmes de master en cours (cours magistraux, stages et soutenances) devront prendre fin au plus grand tard le 31 Décembre.

« Certains options en master seront supprimer avec les réformes en cours car jugées inutiles ou encore qu’il n’y pas assez d’inscriptions. Pourtant, ce sont les autorités elles-mêmes qui limitent les inscriptions », rapportent les responsables de la LTDE

La réforme LMD et l’incapacité administrative à gérer l’université selon les exigences du nouveau système

Le système Licence-Master-Doctorat introduit manu militari dans les universités du Togo, est en effet une tentative de gouvernement de se conformer au processus de Bologne, une stratégie européenne de rapprocher les systèmes d’enseignement universitaires en Europe.

Les autorités togolaises de l’enseignement supérieur se sont donc bornées à se conformer à la nouvelle donne dans le secteur de l’enseignement supérieur, sans penser aux moyens nécessaires à la mise en œuvre d’un tel système d’enseignement, surtout compte tenu des réalités africaines et togolaises.

« Ils ont copié juste le nom », dénonce Foly Satchivi, étudiant, président national de la LTDE. Comment peut-on attendre d’un étudiant un travail assidu et ponctué, sans connexion internet dans l’Université, avec des effectifs de près de 5 000 étudiants pour un seul enseignants, sans compter que les devoirs et évaluations censés passer en boucle (au moins 5 fois dans les autres pays selon les exigences du LMD), ne passent qu’une seule fois dans l’année académique au Togo. Un étudiant en fin de parcours à qui, il ne reste qu’une seule matière à valider devra attendre encore un cycle de 12 mois, pour pouvoir reprendre son examen, dans l’espoir de pouvoir le valider cette fois sinon, le cycle se perpétue ?

« Il n’y a pas d’examens spéciaux selon les exigences du LMD », dénoncent les responsables de la LTDE.

L’absence d’infrastructures

Les cités universitaires sont privées d’eau et sont devenues des nids de serpents. Pourtant, habitées par des étudiants à mobilité réduite. « Les autorités s’opposent systématiquement aux initiatives des étudiants pour débouter les reptiles », confie le président de la LTDE.

Les étudiants suivent les cours sous le soleil et la pluie à cause de la surpopulation universitaire. Pendant que les effectifs d’étudiants croissent, les infrastructures sont restées les mêmes depuis des décennies.

C’est face à ce décor morose que le ministre Nicoué Broohm et cie décident de supprimer les allocations, sur fond d’augmentations des frais d’études. Pendant que l’enseignement et le cadre d’étude perdent de leur valeur, le gouvernement surenchérit le coût de l’éducation.

« L’éducation est un droit que les autorités s’évertuent à violer », s’indigne la LTDE.

Bref, la politique du gouvernement pour l’enseignement supérieur est en déphasage avec les promesses de Faure Gnassingbé. L’histoire devra-t-elle retenir que le chef de l’Etat a décrété un mandat social pour conduire le peuple au suicide social ?

Les mouvements estudiantins commencent à s’alarmer et en appellent à la mobilisation dans les prochains jours si rien n’est fait pour soulager leur calvaire.

A.L