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Les FAT et les partis politiques : de la soumission à l’instrumentalisation ; que propose le Hcrrun ?

Togo - Politique
Dans son ambition d’élargir le cadre des réformes tant attendue, le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) a bien évidemment pris en compte un corps, non des moindres parmi les institutions de la République, c'est l’Armée. Sur une quinzaine de pages arborant les conclusions du HCRRUN sur la question des réformes, seule une page est consacrée à recadrer une armée togolaise ayant prévalu sur toute les lignes de l’histoire du Togo.
Dans son intervention au cours des travaux dans la salle Fazao du 2 Février, le colonel Awizoba soutenait que les Forces Armées Togolaise (FAT) avaient ébauché le chantier des réformes deux ans avant la mise en place de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Des réformes qui avaient abouti à la loi n°2007-010 du 1er mars 2007 portant statut des personnels militaires.

« Cette loi qui vise à réaffirmer les valeurs républicaines des forces armées togolaises définit clairement les missions des FAT qui sont, entre autres, la défense de la patrie et des intérêts supérieurs de la nation. Ces missions s’exercent conformément à la constitution, aux lois et règlement en vigueur », Dixit le Colonel Awizoba.

Valeurs républicaines des forces armées togolaises ? Cette notion de valeur républicaine est bien la pilule désespérément recherchée dans les institutions militaires qui, en dépit des moult appels à l’ordre, semblent jusqu’à nos jours tournées vers le service d’une seule entité, au malheur des populations. A côté des éternelles répressions qu’exercent les Forces Armées Togolaises sur les populations, se pose la question du vote des militaires.

Le premier article de la loi portant statut des personnels militaires stipule que « les Forces Armées Togolaises sont une Armée Nationale, républicaine et apolitique » avant de préciser dans son alinéa 3 qu’ « elles sont entièrement soumises à l’autorité politique constitutionnelle régulièrement établie ».

Il se pose une dichotomie sur la liberté d’action républicaine des FAT dès lors qu’elles sont soumises à l’autorité d’une entité politique quoique constitutionnelle et régulièrement établie, peut-être encline à user de ses prérogatives pour assurer sa survie politique, ceci étant le propre des hommes politiques de tous les temps.

Bien que l’article 11 de la fameuse loi portant statut des FAT exige sans équivoque qu’ « il est interdit aux militaires en activité, de service d’adhérer à des groupements ou associations à caractère politique », cela n’a pas empêché qu’on retrouve des officiers des FAT, dans des regroupements et congrès du parti politique UNIR. L’éternel problème des lois, leur interprétation et application se pose toujours au Togo.

C’est d’ailleurs une attitude qui a toujours nourris les rumeurs selon lesquelles les FAT recevraient des instructions de vote au cours des campagnes électorales.

Cet état des choses ne dissipera guère les animosités entretenues entre une frange de la population et ces militaires, une condition pourtant sine qua non pour un vrai apaisement social.

Y a-t-il des dispositions particulières et coercitives vis-à-vis de certaines violations flagrantes et préméditées de certains officiers et hauts dignitaires de l’armée ? Comment un civil peut-il obtenir justice devant un soldat ? Quid des précédentes enquêtes ouvertes sur les responsabilités de certains militaires dans la mort de citoyens dont ils étaient censés assurer la protection ?

Des réponses quasi-impossibles à obtenir car le domaine de l’armée au Togo relève presque du mythe. « Le soldat ne parle pas », dit-on en boucle aux journalistes dans leurs quêtes d’informations.

Le problème des FAT dans l’enracinement de la démocratie est réel et le HCRRUN dans son travail, bien qu’ayant touché le point, s’est appesanti sur des recommandations :

« Poursuivre les réformes entreprises au sein des FDS (Ndlr, Forces de défense et de sécurité), informer et sensibiliser la population sur ces réformes ; Informer et sensibiliser sur les réformes dans le domaine de la Justice militaire, notamment l’adoption du code de justice militaire et la création d’un tribunal militaire sur les points de ses compétences et de sa saisine. Créer des bureaux régionaux et permanents de recrutement des personnels des FDS ; Continuer les efforts visant à assurer l’équité dans le processus de recrutement au sein des FDS ; Poursuivre la représentativité féminine dans les différents corps des FDS », Lit-on dans le rapport.

Est-ce assez suffisant pour garantir la transparence sur le caractère républicain de l’armée ? Toujours est-il que le HCRRUN a également pointé du doigt la formation ainsi que l’équipement des FAT.

Mais comment rendre républicaine une armée qui doit à la fois restée disciplinée et loyale aux politiques ?

A.L