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HCRRUN : Awa Nana-Daboya, récidiviste notoire dans les coups tordus

Togo - Politique
« Voir ce qui est juste et ne pas le faire est un manque de courage », disait Confucius, philosophe, dans les Analectes. S’il existe une personne sous le feu des projecteurs depuis quelques semaines, c’est bien dame Awa Nana-Daboya et son fameux HCRRUN ( Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale). L’acronyme barbare de cette structure qui n’est qu’un alignement de mots pour duper les partenaires d’ailleurs complice, de ce jeu ne présage rien de sérieux. Il n’aurait pas fallu toute une journée à toute âme lucide pour se rendre compte de la farce.
Intérrogée sur les actes qu’elle a eu à poser lorsqu’elle était présidente de la Commission électorale nationale (CEN) à la présidentielle de 1998 par un journaliste lors de la conférence de presse du HCRRUN ce jeudi, Awa Nana-Daboya, visiblement embarrassée, a fini par lâcher quelques mots qui en disent long sur son obstination à nier les faits et cacher la vérité 18 bonnes années après. Ce que cette dame en mission pour le RPT-UNIR oublie, c’est que 1998, c’était hier et la plupart des acteurs et autres témoins sont encore vivants.

« En 1998, je suis juge, j’ai prêté serment. Je n’ai pas vu de résultat. A l’époque c’étaient 33 préfectures, donc quelque 5.000 bureaux de vote. Sur 33 préfectures, je n’ai vu des résultats de quatre préfectures. Parce que j’ai commis l’erreur d’avoir l’ambition d’informatiser les choses, et donc de placer les groupes électrogènes jusque chez moi dans le Mandouri. Chaque bureau de vote était doté d’un instrument électronique et d’un groupe électrogène. Je n’ai pas vu les résultats. J’avais monté avec ceux qui étaient en activité en ce moment la veille électorale, avec tout le corps diplomatique, quand nous avons eu cette obscurité et l’obscurité a duré jusqu’à la fin du délai fixé par le Code électoral. Pour ceux qui se rappellent, j’ai dit que, en ma qualité de juge, je ne pourrais pas dire ce que je n’ai pas vu. Quelqu’un dans une presse avait dit que j’aurai laissé le ministre de la Sécurité de l’époque proclamer les résultats. N’oubliez pas qu’en 1998, la CENI n’avait pas le nom de CENI. La Commission nationale électorale (CEN) n’organisait pas les élections, mais supervisait. C’est le ministère de l’Intérieur qui organise, supervisé par la CEN. Lorsque la CEN n’a pas vu les résultats et s’est retrouvée à l’issue du délai légal, le juge que je suis, je dois appliquer la loi. Il fallait se prononcer. Je n’ai pas vu les résultats, et le délai imparti était à terme. Pourquoi j’ai démissionné ? Je n’ai pas démissionné sous la pression. Mais sous un constat. Les quatre du RPT ont cru devoir démissionner. Eux ils ont démissionné sous la pression. Peut-être. Les quatre de l’opposition ajoutés à moi, ça forme le quorum. Nous devions attendre que le délestage finisse que nous ayons les résultats pour les prononcer. Mais avant cela, les quatre de l’opposition, il y a quelqu’un qui s’est porté malade. Il y a un deuxième qui dit que je m’entête pour rien,. que lui, il n’a pas reçu ordre de son parti pour s’ajouter à moi pour déclarer le quorum atteint pour que j’aille devant l’électorat, dire Mesdames et Messieurs, nous avons le quorum, mais nous vous appelons à la patience, nous attendons, nous nous attelons pour mettre fin au délestage pour proclamer les résultats. De fait, je me suis retrouvée avec trois. Cela veut dire que du côté de l’opposition aussi on m’a empêchée d’avoir le quorum. Tirez les conclusions. Tout ce que j’ai fait, j’ai dépêché de nuit les gens des CELI, qui étaient tous des juges pour aller ramasser les résultats depuis Mandouri jusqu’à Lomé et les déposer à la Cour Constitutionnelle. Vous aurez compris que la CEN n’était que superviseur, et qu’elle n’avait pas eu le quorum pour superviser les élections au-delà du délai légal. Je suis juge, je n’ai fait que constater ce qui est arrivé », a-t-elle laissé entendre. De qui se moque-t-elle à la fin ?

Il est connu de tous qu’au soir de la présidentielle de 1998, la CEN avait presque tous les résultats et les tendances donnaient largement gagnant Gilchrist Olympio. C’est au vu de ces résultats que les quatre membres du RPT à la CEN ont commencé à multiplier les obstacles à la proclamation des résultats, multipliant réunions, conclaves, obstructions pour finir par démissionner. Le but de la démission était de paralyser le fonctionnement de la CEN. S’étant rendu compte que cette démission n’emportait pas le quorum, ils ont demandé à dame Awa Nana-Daboya de démissionner à son tour.

Au cours des manœuvres devant aboutir à sa démission, les quatre membres de l’opposition lui ont rappelé qu’elle ne pouvait pas quitter la tête de la CEN sans quitter au préalable la présidence de la Cour d’Appel, puisque c’est à ce titre qu’elle devenue de droit présidente de la Commission électorale. Elle a passé outre pour permettre au RPT de reprendre la main et proclamer les résultats préfabriqués donnant Gnassingbé Eyadema gagnant à 52, 13% des voix. Lorsqu’on préside une structure dont la mission est de réconcilier les Togolais, il y a un minimum de vérité à rétablir, et c’est bien dommage que dame Awa Nana-Daboya continue de servir des contre-vérités, oubliant que les autres acteurs de cette CEN sont toujours vivants.

Pour avoir rendu service au régime, après quelques années de discrétion, elle rebondit à la Cour de Justice de la CEDEAO. A ce poste, elle s’est également montrée très utile au régime de Faure Gnassingbé dans la suite de l’affaire Kpatcha Gnassingbé et compagnie qui ont saisi l’institution communautaire dans le but de faire rétablir leurs droits. Peut-elle aussi nier avoir joué un rôle dans l’ombre aux cotés de deux sinistres individus conseillers juridiques de Faure Gnassingbé pour influencer les décisions de la Cour de Justice de la CEDEAO dont elle était la présidente ?

Il est de notoriété publique que c’est elle qui était au cœur du bidouillage des arrêts incongrus de la Cour de justice de la CEDEAO dans les dossiers Kpatcha Gnassingbé et des 9 députés de l’ANC expulsés de l’Assemblée nationale. C’est donc pour tous ces services rendus que Faure Gnassingbé avait prévu au départ la nommer à la tête de la Cour Constitutionnelle, avant de changer d’avis et lui confier les supers rôles de Présidente du HCRRUN et Médiatrice de la République. On n’a pas besoin d’une loupe pour savoir si elle est une béquille du régime RPT-UNIR qu’elle sert depuis des années. Les faits sont têtus et parlent eux-mêmes. Il est donc évident qu’elle a toujours été en mission pour le régime du père en fils.

Ce fameux atelier du HCRRUN est bel et bien une farce, une plaisanterie sous les tropiques, et ceux qui prêtent un quelconque intérêt à cette comédie doivent se rendre compte que l’essentiel pour Faure Gnassingbé se passe ailleurs. La réconciliation implique une exigence fondamentale, la vérité. On ne peut pas prétendre réconcilier les Togolais en servant des mensonges aux populations.

Mensah K. (L’ALTERNATIVE)