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Atikpodji, un marché d’immondices ?

Togo - Societe
Le grand marché de Lomé, ce sont aussi ses artères le long desquelles s’animent des marchés. Parmi eux, se trouve Atikpodji. Là-bas, les revendeurs ont les pieds dans la boue à chaque saison de pluie malgré les perceptions journalières et mensuelles de taxes de l’Etablissement public autonome des marchés (Epam), la structure qui gère les marchés de Lomé.
Faire ses emplettes à Atikpodji en ces moments pluvieux revient à faire le slalom (une technique de ski qui consiste à se faufiler entre les piquets) ou même sauter par endroits. Aussi, non seulement une odeur vous accueille-t-il, mais également vous devez marcher sur des œufs pour ne pas ramasser la boue.

C’est le spectacle auquel nous avons assisté le mercredi dernier à Atikpodji où nous nous sommes rendus. C’était un jour de répit pour les revendeurs. Car, la nature dans ses clémences, n’a pas déversé ses trombes d’eau sur le marché ce jour-là. Peut-être qu’elle prépare un déluge, raison pour laquelle elle s’est un tant soit peu éclipsée pour laisser la place au soleil pour lui permettre de sécher les ruelles d’Atikpodji ; ou, comme dans une sorte d’avertissement, permettre aux responsables du marché de prendre des mesures pour éviter des désagréments aux revendeurs.

Mais ces derniers n’ont cure des précautions, comme cela est toujours le cas chaque année. Ils sont beaucoup plus préoccupés par les taxes et n’ont que faire de l’aménagement du marché et des chahuts des revendeurs qu’ils essuient souvent lors de leur passage. Nous avons été témoins de ces scènes de mécontentement au niveau de la station d’Attiégou à Atikpodji. Pendant qu’un chauffeur de taxi manœuvrait pour sortir sa voiture dont les pneus faisaient sortir de la boue qui éclaboussait certains étalages, deux agents collecteurs de tickets passaient, mais étaient obligés de s’arrêter à cause de la vétusté de la voie et son état impraticable. Ils ont été hués par certaines revendeuses. « Honte à vous », avaient-elles lancé à leur endroit. Plus tard, la voiture a pu libérer la voie « mangée » dans sa plus grande partie par une boue fangeuse.

Saison de pluie, saison de calvaire à Atikpodji

Au marché d’Atikpodji, les revendeurs font face à des récurrents désagréments dus à la pluie. Laissés dans une indifférence totale par les responsables de l’Epam, ils doivent faire avec le peu de moyens dont ils disposent pour s’acheter des pierres pour faire des digues érigées devant leurs hangars. Et ce sont ces petits ponts (sic) qui servent de passage aux clients. Et aussi aux agents collecteurs de taxes ! « Vous voyez ces pierres devant mon hangar, c’était le dimanche dernier sous la pluie battante que je suis allé les chercher pour faire des digues à ma devanture. C’est frustrant de vivre ces choses malgré les taxes qu’on paie tous les jours », s’indigne un revendeur de fripperies. A défaut des cailloux, ce sont des sacs en raphia qui servent de pavé à certains endroits du marché. Insuffisants pour libérer des espaces.

En conséquence, les clients doivent s’aligner en file indienne devant les étalages pour se frayer des passages à Atikpodji. Car, toutes les ruelles du marché sont occupées dans leur plus grande partie par la boue. Station de Kpémé, ancien hôpital « Bon secours » et bien d’autres artères d’Atikpodji présentent des laideurs qui contrastent avec ses chiffres d’affaires, ses affluences journalières. « Ce pays ne nous avantage pas. Toutes les démarches que nous effectuons auprès des responsables pour alléger nos souffrances sont vaines. Ils sont insensibles à nos cris. Ce qui compte pour eux, c’est l’argent », s’est emportée une revendeuse de sac. Cette exaspération est également exprimée par deux clientes que nous avons croisées lors de notre tour dans le marché. Elles n’ont pas caché leur mécontentement face à l’état d’Atikpodji. « C’est indigne d’un marché », a fustigé l’une d’entre elles.

A part les ruelles impraticables, les revendeurs et les clients sont également confrontés aux odeurs nauséabondes. Il est difficile de passer devant les flaques d’eau sans sentir les odeurs de putréfaction. Et ce n’est pas tant leur stagnation qui en est le problème, mais l’action de l’homme. Certains produits vivriers avariés sont en effet déversés dans la boue. Ils servent de substituts de terrassement des artères. « L’autre souci pour nous, c’est l’odeur qui nous envahit. Elle est difficile à supporter et c’est dû à ceux qui squattent nos hangars pendant la nuit. Parmi eux, il y a ceux qui ont des enfants. Ils ne s’embarrassent pas de gêne pour jeter dans les flaques d’eau les besoins de leurs progénitures. Nous craignons aussi un risque d’épidémie », regrette le vendeur de friperies. A l’en croire, non seulement certains font leurs toilettes devant les hangars, mais aussi ils urinent dans les eaux stagnantes. Ce qui fait un mélange d’odeur pestilentielle.

Des travaux en cours à Atikpodji ?

Il n’y aucun signe des travaux à Atikpodji, mais un responsable de l’Epam joint au téléphone affirme que des aménagements sont en cours. « Il y a des travaux de canalisation d’eau qui sont en cours à Atikpodji », nous a-t-il dit. A l’en croire, le marché qui n’est pas à considérer avec les hangars qui sont au bord des ruelles, est clôturé. Et pourtant, des taxes sont prélevées auprès des revendeurs installés sous les hangars ou au bord des ruelles. « Il revient à la Municipalité d’aménager les voies du marché. Ce n’est pas à nous que reviennent ces genres de travaux », a-t-il ajouté.

Visiblement, l’Epam ne soulagera pas de si tôt les souffrances des revendeurs. Puisqu’il semble rejeter la responsabilité, mais est prêt à collecter les taxes malgré l’abondance des immondices dans le marché. Il équipe ses agents en bottes en saison de pluie pour patauger dans les flaques d’eau afin de collecter les taxes qui sont au prix de 125 FCFA et 250 FCFA par jour. Aussi longtemps que l’Epam courra derrière l’argent des taxes, les pauvres revendeurs resteront dans la boue. Et c’est malheureux comme gestion.

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