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Faure Gnassingbé : "Je crois que ça a beaucoup progressé, la liberté de presse, la liberté de manifester"

Togo - Politique
Les réformes politiques, le sujet qui fait la une de l’actualité au Togo a été l’une des questions phares d’une interview accordée par Faure Gnassingbé à la Deutsche Welle, en Allemagne.
DW: Monsieur le président bonjour. Vous avez un contact étroit avec l’Allemagne ces dernières années (depuis la reprise de la coopération germano-togolaise) ; quels sont les objectifs de cette amitié ?

Faure Gnassingbé: Nous avons des relations étroites avec l’Allemagne. Je pense qu'’il y a des raisons historiques et puis il y a le revers de la médaille. C’est-à-dire que le pays a traversé une période difficile et que nous avions une crise sociopolitique, je crois que la sanction a été durement ressentie par certains Togolais. Mais je crois que dans tous les cas, dans l’esprit des allemands, c’est que quoi qu’il arrive, il faut rester auprès du peuple Togolais.

Vous avez parlé vous-même de période difficile tout à l’heure de la rupture de la coopération germano-togolaise, est-ce que vous pensez que cette coopération a pu reprendre parce que vous avez fait une rupture avec la politique de votre père ?

Cette coopération a pu reprendre parce qu’il y a eu un sursaut du peuple Togolais. Il y a eu un processus de réconciliation qui a été lancé et des réformes politiques qui se sont traduites par des élections organisées dans des conditions qui étaient acceptables et les résultats n’étaient pas contestés par la communauté internationale, ce qui nous donne une certaine légitimité et je crois que c’est ce que les Allemands cherchaient.

Ce qui a marqué les dernières années de la présidence du Président Eyadéma, c’est la forte défiance qu’il y avait dans la classe politique et quelque part à mon avis, la coopération était instrumentalisée de côté comme de l’autre.

Un regard sur les autres présidents africains. En ce moment, on voit une grande tendance à changer des constitutions pour faire encore un mandat présidentiel de plus. Quel regard portez-vous sur vos homologues comme Pierre Nkurunziza ou Joseph Kabila par exemple ; l’un a déjà entamé son troisième mandat et l’autre fait tous les efforts pour l’entamer ; quel est votre regard sur cette nouvelle tendance en Afrique ?

Mes adversaires diront que lui-même qu’il parle du Togo d’abord, et nous n’avons pas la limitation des mandats mais nous avons une réforme politique qui est programmée et prévue au cours de laquelle nous allons débattre de ces sujets là. C’est pourquoi sur ce problème de limitation de mandat je m’interroge plutôt. L’interrogation qui est la mienne aujourd’hui c’est de savoir si on peut appliquer la même règle à tous les pays ou pas. Est-ce une seule règle unique peut convenir à tous les pays. Je crois que le débat est lancé. La deuxième chose, c’est si dans la limitation de mandat, le peuple doit rester muet ?

Je crois que les intentions sont louables quand on veut créer un débat pour changer la constitution en disant que c’est un peu les enjeux du pouvoir. Mon souhait en tant qu’Africain, c’est que ce débat soit mené par nos intellectuels, les universitaires qui puissent nous donner des pistes de réflexion.

Je pense que si on uniformise toutes les constitutions et dire que tout doit être limité à deux mandats, il y aura des problèmes ici ou là. Puisque nous n’avons pas les mêmes histoires ni les mêmes situations. Je pense aussi que si on supprime cette limitation, nous venons de quelques part, d’une situation où on trouvait les règnes un peu trop longs et les présences un peu trop longue et nous avons trouvé ce moyen de correction qui a fait ses preuves dans certains cas, mais qui n’a pas permis d’éviter des crises dans d’autres cas. Donc c’est une question qui est difficile et en toute humilité, je voudrais que le débat soit ouvert sans tabou et sans arrière pensé.

Ce qui est dangereux, c’est d’instrumentaliser cette question d’une manière ou d’une autre, mais le débat ne peut pas être fait par nous les politiques parce que quelques part nous sommes des acteurs. L’Afrique regorge aujourd’hui d’intellectuels et d’Universitaires et de sociétés civiles assez dynamiques qui peuvent mener ce débat

Si cette société civile n’est pas réprimée puisqu’il y a des pays où on fait tout pour faire taire la société civile!

C’est vrai, mais vous conviendrez avec moi que la promotion de liberté et l’Etat de droit sont quand même une réalité sur une majeur partie du continent. Pas partout, c’est vrai. Nous même parfois, on fait ce procès. Mais je crois que ça a beaucoup progressé, la liberté de presse, la liberté de manifester.

Au Togo, les médias sociaux jouent un grand rôle; vous en avez parlé tout à l'heure avec la diaspora aussi. Justement dans certains pays d'Afrique on ferme les réseaux sociaux, on les coupe pendant la période électorale, qu'en pensez-vous?

(sourire...) Ce que je puis dire, c'est que nos réseautages sont quand même fragiles et les périodes électorales sont des périodes d'incertitude dans nos pays. Alors, il faut toujours pouvoir les sauvegarder. Nous nous avons une stratégie, c'est de tout faire pour dialoguer et parvenir à un minimum de consensus. on n'y arrive pas toujours, ça fait qu'on est en retard, mais on essaie plutôt. Parce que nous avons notre histoire,mais je ne pense pas que fermer les réseaux soit efficace, parce que nous sommes quand même une société de tradition orale donc, vous avez beau fermer les réseaux, les rumeurs peuvent circuler et aller aussi très vite.

Et ça ne change pas le mécontentement du peuple!

s'il y a mécontentement, ça ne change pas, mais quand il y a des gens de mauvaise foi, ça peut aussi leur rendre la tâche difficile.

Merci Beaucoup Monsieur le Président!

Merci!

Transcrits par la Rédaction d'iciLome