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LA NOUVELLE GOUVERNANCE DE L’ALIGNEMENT DE FAURE GNASSINGBÉ : La carotte et le bâton pour pérenniser l’indifférence et la fatalité au Togo

Togo - Opinions
Lorsqu’un classement objectif et international des pays comprend le Togo, la réalité de la gouvernance des inégalités de celui qui dirige le Togo, Faure Gnassingbé, apparait au grand jour. Les marches de protestation, les pétitions et bien d’autres formes de luttes sont en train d’émerger sans unité d’action, caractéristique des échecs passés de l’opposition togolaise. Le coup d’Etat de 1967 du père de Faure Gnassingbé se perpétue donc sous d’autres formes 1.

Aussi, il importe d’abord de retrouver les points de consensus de l’ensemble de ceux qui peuvent offrir des alternatives au Togo. Le rejet de la gouvernance de l’alignement de Faure Gnassingbé qui contribue à pérenniser l’indifférence et la fatalité par le jeu machiavélique de la carotte et du bâton, devrait pouvoir servir de fondement à l’émergence d’un programme commun et de candidatures communes.

1. PROMESSES NON TENUES ET RETOUR DE LA CONTESTATION AU TOGO : IMPOSSIBLE MOBILISATION GÉNÉRALE DE LA POPULATION SANS UNITÉ ?
Malgré le refus systématique de Faure Gnassingbé d’accepter des experts indépendants, si possible avec la Diaspora, de faire l’inventaire de l’amélioration ou pas de la prospérité économique des citoyens togolais depuis 2005, des indicateurs économiques permettent de se faire une idée de la mauvaise gouvernance et de ses impacts sur les populations. Rappelons tout de même que le niveau de pauvreté et d’inégalité n’ont fait qu’augmenter au Togo depuis 11 ans. Depuis l’accession au pouvoir en 2005 par le sang, avec des militaires non républicains, le bilan global de la gestion de Faure Gnassingbé et d’une certaine oligarchie togolaise dépendante de la « bonne » ou de la « mauvaise » volonté de leur chef, reste malheureusement bien maigre, et inexistante sur le plan social et sanitaire.

La reprise des marches de protestation, organisées par une partie représentative de l’opposition togolaise, le Combat pour l’Alternance Politique dit « CAP 2015 » sous la direction de l’Alliance nationale pour le Changement, (ANC dirigée par Jean Pierre Fabre) dans la capitale togolaise, la volonté de faire réagir la population par la signature de pétition de Sursaut-Togo (Koffi Yamgnane, ou encore les propositions des parlementaires du parti ADDI (Prof. Dr. Aimé Gogué) de l’opposition pour éviter une décentralisation unilatérale de Faure Gnassingbé et les velléités d’harmonisation au sein de la Diaspora togolaise non alignée, sont quelques-unes des amorces de re-contestation de la pensée unique de Faure Gnassingbé et ses soutiens militaires et étrangers. Mais l’unité n’est pas encore au rendez-vous. C’est pourtant ce que souhaite le peuple togolais, voire même certains pays occidentaux las de la gabegie dans les postes décisionnels au Togo.

Tout de même, toutes ces formes de contestation identitaires vont permettre de distinguer entre ceux qui s’alignent ou pas sur la pensée unique du parti au pouvoir (UNIR). Les interminables mensonges de Faure Gnassingbé sur les réformes constitutionnelles, institutionnelles, électorales et sociales depuis l’accord politique global de 2006 sont en train de s’enliser avec en filigrane un découpage des circonscriptions en guise de décentralisation. Aussi, ceux qui ont cru bon de prendre l’argent pour mieux légitimer des élections présidentielles de 2015 sans vérité des urnes, commencent à voir les limites de la gouvernance de l’alignement. En effet, il y a parmi les citoyens togolais comme parmi les dirigeants des 107 ou 108 partis politiques du Togo, quatre catégories d’individus :

ceux qui sont ont choisi de s’aligner définitivement et sans regrets ;
ceux qui s’alignent temporairement avec ou sans regrets ;
ceux qui refusent de s’aligner en affichant un certain « apolitisme » ; et
ceux qui refusent de s’aligner en affichant une opposition farouche.
Quelles que soient les postures vraies ou fausses, les opportunistes et les adeptes du nomadisme politique sont légion au Togo. En effet, l’alignement peut aussi devenir un alignement alimentaire, voire sécuritaire. Mais, le principe de l’alignement est justement de tenir « l’aligné(e) » sous sa dépendance, voire sous son contrôle partiel ou total.

Alors, en refusant de comprendre le fonctionnement cynique de la gouvernance de l’alignement de Faure Gnassingbé, la lutte togolaise s’est fourvoyée en des querelles intestines. Pourtant, il suffit de relire « Machiavel 2 » pour se convaincre que l’objectif ultime de Faure Gnassingbé ne peut se résumer à se faire « Hara Kiri ou Seppuku 3». Mais continuer à utiliser le bâton (l’armée) et la carotte (l’argent) pour diviser les chefs des partis dits d’opposition, les responsables de structures de la Diaspora togolaise, est une forme moderne d’Hara Kiri qui semble bien fonctionner avec l’opposition togolaise, pour le moment. Le retour de la contestation ne doit plus se faire sans unité sur les fondamentaux de ce qui unit ceux qui souhaitent véritablement un mieux-être pour l’ensemble du peuple togolais. Chacun doit être conscient que la nouvelle gouvernance de l’alignement de Faure Gnassingbé a pour but de diviser les partis de l’opposition pouvant offrir des alternatives et d’empêcher toute mobilisation générale de la population.

2. PROSPÉRITÉ : LE MANAGEMENT DES DIRIGEANTS AFRICAINS EST GLOBALEMENT MAUVAIS
C’est le très sérieux groupe de réflexion de Londres, le Think Tank Legatum Institute, qui, à partir de 89 variables, structurées autour de huit sous-indices, a comparé 142 pays dans le monde dont 38 pays africains. Tout en mettant en exergue les différences, les résultats ont été regroupés en un index unique de la prospérité. Le rapport porte sur la prospérité ou non des pays, mais aussi des populations dans le monde, ce en référence à une série d’indicateurs économiques 4.

Disons le franchement, entre 2012 et 2015,- dates d’analyse de l’index sur la prospérité de Legatum Institute pour les pays africains-, la gouvernance et le management des dirigeants africains apparaissent globalement comme mauvais pour les populations. En effet, Si l’Afrique australe a progressé de 0,36 points avec en filigrane une amélioration du pouvoir d’achat des populations et aussi une meilleure répartition des richesses entre les populations, les trois autres régions d’Afrique subsaharienne ont régressé, alors qu’au cours de cette période l’amélioration de la croissance économique et du cours des matières premières étaient plutôt favorables. L’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a vu son index régresser avec -1,66 points, l’Afrique de l’Est, -1,77 points et l’Afrique centrale,-2,51 points 5.

Aussi, les progressions relativement faibles ici et là entre 2012 et 2015 ne doivent pas induire en erreur sur une stratégie globale d’un mauvais management des Etats africains si l’objectif est bien de rester en priorité au service des populations africaines. Les stratégies choisies aux plans économique et politique n’ont pas débouché sur des avancées significatives aux plans social et culturel. D’ailleurs, il s’agit :

soit de la résultante d’un manque de stratégie collective africaine ; ou
soit d’un refus de mise en œuvre quand celle-ci est bien élaborée mais sans financement.
Sans état d’âme, de nombreux dirigeants africains adeptes de la mendicité annoncent régulièrement et fièrement qu’ils sont allés ou vont aller chercher le financement complémentaire de leurs projets de développement, – parfois à près de 90 % -, auprès des bailleurs de fonds dits « partenaires au développement ». Pourtant ces derniers considèrent l’aide au développement comme un instrument d’appui à leur commerce extérieur. Ils s’attendent donc nécessairement à un retour sur investissement pour eux. Il faut rajouter un manque de compétitivité face aux économies émergentes d’Asie notamment la Chine et l’Inde. C’est ce biais qui fait que les priorités de nombreux dirigeants africains pour l’ensemble de leur population, se transforment – parfois manu militari ou sous les fourches caudines de certaines organisations internationales, régionales ou bilatérales ou même de certaines entreprises multinationales ou d’investisseurs étrangers puissants -, en priorité pour les intérêts étrangers, qu’ils soient publics ou privés. Avec une croissance faible et durable au sein des pays de l’Organisation pour la Coopération et le Développement économiques (OCDE) notamment les pays de l’Union européenne, cette région du monde dite « pays riches » s’est muée durablement en un poids négatif dans la création de richesses mondiales et constitue une faiblesse pour la croissance économique mondiale.

Le management des dirigeants africains doit nécessairement changer au risque que les Africains ne se réveillent un jour en apprenant que leurs dirigeants ont vendu, hypothéqué l’ensemble des terres, des matières premières et des capacités productives et commerciales du continent aux dépens de la prospérité de l’ensemble de la population.

La désunion des oppositions politiques en Afrique est aussi en partie responsable de la perpétuation de cet état de fait.

3. DU CHANGEMENT, NON ! DES ALTERNATIVES, OUI ! GARE AU BÂTON !!!
Alors, faut-il du changement à la tête des Etats comme le réclame une grande partie des partis politiques d’opposition en Afrique, au Togo en particulier ? Une réponse affirmative semble évidente. Mais c’est justement le piège ! Les changements d’individus à des postes de responsabilité, surtout orchestrés par les pouvoirs en place, permettent de « réussir » le changement sans que rien ne change et que l’accaparement des fruits de la croissance économique reste unilatéralement cantonné dans les mains de ceux qui ont les armes, la coercition et donc le pouvoir.

Par ailleurs, à force de réclamer le changement sans l’obtenir, ou de souhaiter un développement intégral sans un début de commencement possible, ou encore de vouloir marquer des « buts » en politique sans une équipe qui n’a jamais marqué de but, de nombreux partis politiques africains devraient s’interroger sur l’objet même de leur objectif affiché et peut-être se regrouper pour mieux s’accorder sur ce qui fait leur unité commune d’action. Sans cela, il n’y a peu de chances que les changements se transforment en alternative bénéfique pour les populations africaines.

Ce sont donc des individus qui offrent des alternatives, donnent des gages de l’exemplarité et offrent une expertise de leur capacité d’organisation et d’efficacité dont a besoin l’Afrique en général, le Togo en particulier. Mais encore faut-il qu’il y ait un programme alternatif et commun, un management opérationnel et efficace, une discipline de groupe avec les « bonnes personnes » au « bon poste » et surtout un environnement où la vérité des urnes fonctionne. Alors, justement c’est à ce moment précis que les pouvoirs africains en place sortent le « bâton » quand il ne s’agit pas tout simplement d’éliminer, sous toutes ses formes, tous ceux qui peuvent aider à la prise de conscience sur la vérité d’une gestion inefficace et donc mauvaise pour le bien-être des populations.

Cette mauvaise gestion que ne peut plus cacher les chiffres de la croissance économique par habitant en baisse pour l’Afrique subsaharienne passant de 0,9 % en 2015 à 0,6 % en 2015 et pour le Togo, de 2,5 % en 2015 à 2,4 % en 2015 6. Il n’est pas étonnant que le Fonds monétaire international commence à s’alarmer en rappelant dans ses « Perspectives économiques régionales sur l’Afrique subsaharienne » qu’« un changement de cap s’impose 7 ». Ces ratés dans la croissance africaine sont en partie une conséquence décalée de la mauvaise gestion collective de ses dirigeants qui ne se fait pas au profit des populations. Si la vérité est difficile à entendre, la réalité sur le terrain reste palpable avec des velléités de crises sociales qui restent pour le moment étouffées par la gouvernance de la peur, de la coercition et du « bâton » des autocrates africains.

Les conséquences négatives de cette mauvaise gouvernance sont en train de modifier les mentalités des citoyens africains qui refusaient de considérer leurs dirigeants comme des mauvais gestionnaires, parfois incompétents. En effet, l’incapacité à créer de la valeur ajoutée, de la richesse en surplus afin d’assurer une meilleure répartition semble être le dernier de leur soucis dès lors que tout est mis en œuvre pour se maintenir au pouvoir. Les complicités se retrouvent autant à l’intérieur des pays africains qu’à l’extérieur. D’ailleurs, certains dirigeants africains sont plus souvent à l’extérieur en train de se faire soigner que dans le pays. Aussi, ceux qui dirigent le pays ne sont ni élus, ni connus officiellement et ne peuvent pas faire l’objet d’une procédure les conduisant à rendre des comptes aux populations.

La résultante de cette inefficacité de management collectif de l’Afrique de la part de nombreux dirigeants africains est bien là. Un bilan humain et social mauvais car pour de nombreux Africains, il ne fait pas bon vivre en « Afrique », d’où les crises migratoires au sein de l’Afrique, et vers d’autres continents. Le bilan se résume souvent à une incapacité à générer des emplois et des salaires décents d’où l’accroissement de la pauvreté et des inégalités. De plus, il faut bien constater les faibles opportunités d’emplois et une course des salaires vers le bas, légitimée souvent par les dirigeants africains qui vivent eux dans l’opulence et l’insouciance. C’est cela qui transforme une partie importante de la population africaine, plus particulièrement les jeunes et les femmes, en des Africains humiliés, désœuvrés, mendiants, voire prostitués.

Tout ceci peut être évité si, d’après les autocrates africains, l’on accepte « religieusement » la gouvernance de l’alignement. Ce message est répété en cœur, discrètement et sous menace ou chantage, par de nombreux dirigeants africains. Les Africains de la Diaspora sont d’ailleurs les premiers visés…

Ces dirigeants africains sont des adeptes de la démocrature, cette forme de la démocratie à l’Africaine où l’on accède au pouvoir par la contre-vérité des urnes, par les armes ou par le sang ou même les trois à la fois et ou l’on refuse de s’éclipser discrètement à la fin de son mandat en choisissant de modifier les constitutions avec justement, les partisans du parti au pouvoir, les affidés des réseaux mafieux et ésotériques, bref les « alignés ». Cet alignement est contagieux ! De nombreux chefs traditionnels, comme par exemple au Togo, ont choisi cette voie périlleuse pour préserver leur pouvoir. En contrepartie, on trouve souvent une forme de corruption de bas niveau : un téléphone portable ou une mobylette, voire parfois quelques sacs de riz ou un zébu… juste pour s’aligner ! Quel manque d’honneur ! Comme le dit si justement le doyen Godwin Tété, « Oui ! Honorables et chers Chefs traditionnels, le régime éyadémao-gnassingbéen vous a réduits à l’état de véritables parias !!! Et vous le savez pertinemment !!! Que faire alors ?! 8 »

4. REDÉFINIR L’ALIGNEMENT : L’OPPOSITION DE JOUR ET L’ALIGNEMENT DE NUIT, QUI SUIS-JE ?
Alors, la solution consiste-t-elle à rejoindre le camp de ceux qui dirigent les pays africains dans l’injustice et en s’appuyant sur la contre-vérité des urnes ? La solution consiste-elle à accepter l’inacceptable sous prétexte que certains religieux choisissent naïvement d’organiser leurs ouailles à l’image d’une brebis que l’on mène à l’abattoir en espérant que la lutte émergera sans effort et sans sacrifices ? Non, c’est une culture de combat, de résistance et d’organisation sur la base de projets alternatifs choisis sur des bases démocratiques qui semble faire défaut. Ce n’est pas faire de l’afro-réalisme que de rappeler la vérité sur l’Etat de gestion et de gouvernance collective de l’Afrique. Sans un diagnostic indépendant et éloigné de l’autosatisfaction ambiante, il est difficile de se démarquer de ceux qui s’alignent.

Bien sûr, il y a les autres, les afro-optimistes auto-proclamés. Ceux qui continuent à crier partout qu’ils ou elles font partie de l’Afrique qui bouge, qui avance, qui émerge, qui réussit. Mais souvent, leur logiciel mental n’est souvent pas différent de ceux qui sont au pouvoir, puisque ce qui les anime, c’est d’abord d’exploiter leur prochain, si possible un noir et un faible, sans influence, et donc sans capacité de nuire en retour. C’est donc pour prévenir cette capacité de nuisance éventuelle que le principe de l’alignement par nécessité, par cooptation, par arrangement et par conviction a fait son chemin au point de neutraliser, dans le formol, la capacité collective de réorganisation de ceux qui souhaitent proposer des alternatives à leurs concitoyens.

Le problème est loin d’être un problème togolais, ou africain. En témoigne l’exemple de certains partis politiques en France, au Venezuela, en Russie ou en Ukraine, en Chine et ailleurs dans le monde pour témoigner de la subtilité de la gouvernance de l’alignement comme un mode de conquête et de préservation du pouvoir qu’il soit politique, économique, social ou économique. C’est donc bien au plan culturel qu’il va falloir agir. Mais comment faire sans une refondation du combat de l’autodétermination par les citoyens pour les citoyens ? Peut-être qu’il ne faut plus accepter que des individus non élus prennent l’essentiel des décisions qui « impactent » le citoyen.

Sur le fond, il convient peut-être de prendre conscience que la pensée unique qui fonde l’alignement sur le pouvoir en place, dès lors qu’il ne jouit pas d’une réelle légitimité des urnes, évolue rapidement en une neutralisation des alternatives, et donc du changement. Le changement devient alors superficiel. Il suffit de changer les hommes et les femmes pour faire croire que tout change, alors que rien ne change. Cette subtilité ne semble pas avoir égratigné le logiciel mental du changement qui caractérise de nombreux candidats à la mise en œuvre des réformes constitutionnelles en Afrique, au Togo en particulier.

Car sans une unité d’action des partis politiques dits de l’opposition, qui doit nécessairement reposer sur un programme alternatif, lui-même associant plusieurs expertises de tous horizons, les mobilisations épistolaires n’auront pas d’impact sur le pouvoir des autocrates de toutes nationalités, celui du Togo en particulier. Au contraire, ce dernier en rit car il sait ce que lui doit, chacun de ceux qui s’opposent le jour et s’alignent la nuit pour mieux le servir… Aussi, toute action gagnante repose sur une lutte collective, un programme commun et donc des candidatures communes… La candidature unique doit donc être proscrite pour éviter que dès le lendemain des victoires fondées sur la vérité des urnes, le candidat dit « unique » oublie ceux qui l’ont aidé à gagner… surtout quand la carotte permet de diviser et diviser encore la « dite » opposition togolaise.

5. INÉGALITES GRANDISSANTES AU TOGO : BASCULEMENT DANS « L’ALIGNEMENT »
Parler d’alternance alors que le nomadisme politique et l’opportunisme deviennent un sport national est une hérésie et une tromperie. Ce phénomène est amplifié car il est plus ou moins validé par une corruption de proximité fondée sur l’impunité, la peur et la pauvreté pour ne pas dire l’indigence d’une grande majorité de la population, notamment celle des zones rurales.

C’est donc d’alternatives politiques, économiques, sociales et cultuelles dont le Togo, et peut-être toute l’Afrique, ont besoin. Et pour ce faire, les vieilles pratiques dénuées d’originalité et sans adaptation du savoir et de la connaissance aux services des populations ne peuvent plus fonctionner. En fait, elles fonctionnent si mal qu’un mal-développement, un mal-être en découle, favorisant la course vers le mal-avoir, une sorte de corruption légitime, banalisée et en passe d’être institutionnalisée dès lors que l’on « s’aligne ». L’arrogance des égos ou la sommation du « payer d’abord » pour remplir une mission de service public, ce qui n’est rien d’autre que de la corruption, doivent faire l’objet d’une condamnation par les citoyens ré-organisés sous forme d’associations ou autres agglomérations de la société civile. Car c’est ensemble que la lutte de l’alternative se gagne. C’est aussi ensemble que les programmes de gouvernement de l’après-régime autocrate se préparent. Encore faut-il les préparer avant que n’intervienne le jour J de l’alternative !

Avec ces programmes de l’alternative, il faut reconsidérer les partenaires extérieurs. Il ne faut surtout pas se tromper de « partenaires au développement » surtout si ceux-ci se frottent les mains quand l’écart de développement entre les pays « riches » et les pays pauvres ne se rétrécit pas. Merci aux autocrates africains qui n’ont pas réussi à améliorer la prospérité de leurs congénères alors qu’ils ou elles ont eu, ou ont encore en main le destin de leur pays respectif et que les conditions économiques étaient malgré tout favorables depuis une dizaine d’années et plus particulièrement entre 2012 et 2015.

Alors, que chacun se pose la question de savoir s’il ou elle est un adepte de la politique de l’alignement ? Ne suis-je pas un « aligné » qui s’ignore surtout qu’un « aligné » peut en cacher un « autre » qui se découvre ?!

Est-ce qu’un pays comme le Togo, du fait de la contre-vérité des urnes qui fonde l’accession au pouvoir, n’est pas un bon exemple de viol de l’imaginaire collectif au point de remplacer cet imaginaire par la pensée unique de ceux qui dirigent par la peur et la force ce petit pays où les touristes ne viennent plus mais où l’on continue d’organiser des séminaires à la gloire du tourisme ? Les quelques hommes d’affaires allemands de l’Afrika Verein 9 qui croient tout ce que leur racontent ceux qui sont alignés sur le pouvoir de Faure Gnassingbé, risquent d’avoir des mauvaises surprises lorsque leurs hypothétiques investissements au Togo se heurteront à la réalité du terrain et à la corruption sans oublier la justice fondée sur l’alignement. Rappelons tout de même que le Fonds monétaire international a révisé à la baisse pour 2016, le taux de croissance du Togo, soit 5,2 % du produit intérieur brut alors que la moyenne de l’Union économique monétaire Ouest-africaine (UEMOA) est de 6,5 %. Le Togo fait donc moins bien que la moyenne de la sous-région francophone.

Avec la participation d’une partie de l’opposition togolaise aux élections présidentielles de 2015, le refus de ces derniers de déposer un recours contentieux pour motif de contrevérité des urnes et un arrêt passager des manifestations de rue, les potentiels investisseurs et autres partenaires au développement sont bien obligés de croire à la parole que diffuse le pouvoir en place.

Bref, au Togo, c’est la stabilité et la cordiale entente avec une certaine opposition.

Ce message vendu par les autorités togolaises est remis en doute depuis que les marches de rue ont recommencé au Togo dès le mois de juin 2016.

6. RASSEMBLER POUR UNE ALTERNATIVE DENOMMÉE « AGIR ENSEMBLE ».
Toutefois, l’illisibilité de l’opposition togolaise ne paye pas au plan stratégique. Chacun des principaux responsables des partis d’opposition attend une occasion favorable et imprévue… quand pour certains, il ne s’agit que de participer à un « gouvernement d’union nationale ». Chacun sait que l’organisation collective repose sur l’addition des forces alternatives et non sur la soustraction de ceux qui conçoivent le changement sans les autres. Peut-être que l’opposition, au Togo, ne comprend plus la notion de leadership. Ce concept repose d’abord sur le fait d’être au service des autres et d’être un facilitateur pour faire respecter la Loi fondamentale qui scelle un contrat social au Togo. Ce lien avec le peuple ne peut reposer sur la cherté de la vie, sur des pertes systématiques de pouvoir d’achat et sur des régressions sociales alors que justement la création de valeur ajoutée au niveau des citoyens est quasi-inexistante, d’où le taux de pauvreté record au Togo depuis l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé.

Cela ne signifie pas que la concurrence et l’entreprise ne doivent pas être valorisées. Mais c’est aussi sous ce régime que le niveau de la dette intérieure est la plus élevée et les paiements se font soit avec des retards extrêmement longs, soit les paiements ne se font pas du tout, avec à la clé, la faillite des entreprises locales. Il va sans dire que si l’on est considéré par le pouvoir en place comme un « aligné » ou un « partisan », alors les paiements se font, quoique d’une manière asymétrique. C’est donc ce système du « deux poids, deux mesures » entre les alignés sur le pouvoir fort de Faure Gnassingbé et les « non-alignés » qui est critiquable et critiqué. Le basculement dans l’alignement n’est souvent pas volontaire mais forcé, quand ce n’est pas sous une forme ou une autre de chantage. Des sociétés internationales en ont aussi été victimes sans d’ailleurs pouvoir trouver un tribunal à compétence internationale pour leur donner justice.

Pourtant, c’est tout ce débat sur la création de richesses et de leur partage qui fait défaut. Est-ce qu’il existe des gens, des groupes de réflexions, des services secrets, voire un gouvernement mondial qui travaillent à accroitre les inégalités entre riches et pauvres ? Certainement, pas ! Pourtant, le résultat au Togo d’une croissance soutenue mais non partagée pourrait devenir explosive. Pourtant, certains s’évertuent à faire croire qu’il s’agit de la fatalité, ce qui revient à faire honneur à Satan qui affirme qu’il n’existe pas puisque Dieu n’existe pas. Une forme de laïcité de la négation des conséquences fâcheuses sur les populations des politiques menées par Faure Gnassingbé. Un débat sur ces erreurs s’impose donc ! Non, Faure Gnassingbé n’en veut pas. Alors, une explication franche avec des représentants non alignés et indépendants de la Diaspora togolaise, la 6e région décentralisée du Togo ? Non, il n’en veut pas non plus. Peut-être d’ailleurs qu’il fuit tout débat où il faut rendre des comptes, à commencer par la vérité des urnes et la vérité des comptes publics.

Aussi, le principe de convaincre le peuple togolais d’opter pour une alternative au pouvoir en place ne doit plus demeurer une hypothèse qui se résume à une forme perverse du rêve qu’est l’illusion. Mais une alternative doit être crédible et ne pas servir de combat d’arrière-garde pour certains opposants le jour et alignés la nuit, étant entendu qu’il n’y a pas lieu de parler de ceux qui sont alignés jour et nuit. Ce sont les modalités pour faire émerger des alternatives crédibles de gouvernement, ce rapidement par l’organisation collective et le recours au respect des voix citoyennes qui manquent, tant le parti du pouvoir et ses satellites politiques croient détenir, par la pensée unique qui les caractérise, LA solution.

Mais, non seulement, ils n’ont pas la bonne solution compte tenu des résultats bien mitigés et humiliants pour une grande majorité des citoyens togolais, mais il faut savoir qu’il n’y a de solutions que DES solutions. Personne ne détient la science infuse, encore moins une solution unique pour développer et créer des richesses dans le pays. Mais, il n’y a pas d’avenir pérenne sans une forme ou une autre de redistribution d’une richesse préalablement créée, à partir et avec les compétences et expertises existantes dans le pays comme dans la Diaspora.

C’est pour cela qu’il ne faut que les partis d’opposition évoluent et deviennent des parties de l’alternative et qu’au demeurant, les dirigeants de ces partis cessent de parler d’une candidature UNIQUE de l’opposition… En effet, cette faute lexicographique a conduit à la situation actuelle de manque d’unité et de programme commun entre les partis de l’opposition. Ce sont des candidatures COMMUNES, y compris avec la Diaspora, qu’il va falloir mettre sur papier. La Diaspora togolaise, même non recensée par la volonté de Faure Gnassingbé, demeure une région en soi et devra bénéficier d’une autonomie étendue dans le cadre de la décentralisation des pouvoirs au Togo.

Au final, c’est donc bien les mouvements citoyens organisés et adeptes de la culture du combat démocratique qui pourront faire émerger une candidature commune avec les partis politiques togolais représentatifs et prêts à opter pour un regroupement sous le label d’un Rassemblement pour une Alternative dénommé « Agir Ensemble ». Les « alignés » du pouvoir auront du mal à participer à une telle démarche, ce qui d’ailleurs devrait contribuer à la déliquescence de la gouvernance de l’alignement et de la pensée unique du parti de Faure Gnassingbé et ses satellites. Est-ce que cela pourra ouvrir une perspective d’une prospérité alternative au profit des citoyens du Togo ? Oui, si la compétence et la volonté de servir l’intérêt général prennent le dessus sur les guerres intestines. C’est à cette condition que le combat pour la prospérité fondée sur l’entrepreneuriat, la régulation du marché, la transparence des règles et la sanction sans arbitraire peuvent refonder le Togo, comme d’ailleurs l’Afrique de demain. Mais encore faut-il agir ensemble et avec une cohérence stratégique.

7. LA VIOLENCE SOCIALE DE L’ETAT EN AFRIQUE, AU TOGO EN PARTICULIER…
L’instabilité politique demeure l’une des plus constantes de l’histoire politique de l’Afrique postcoloniale. Cette instabilité est directement liée à l’ignorance, le manque de création de richesses supplémentaires avec les Africains, la pauvreté, les inégalités avec en résultante le mal-développement et la banalisation de la contre-vérité des urnes. Aussi pour se maintenir au pouvoir, une coalition de civils et de militaires, soutenus directement ou indirectement par les puissances publiques ou privées extérieures, s’organisent pour accaparer le pouvoir et mette en valeur des micro-nationalismes identitaires qui passent leur temps en boucle à lutter pour préserver leur pouvoir, ce aux dépens de tout ce qui peut les empêcher d’atteindre ce but. Cette conflictualité est donc bel et bien créée et perdure grâce au principe de la gouvernance de l’alignement, que cela se fasse sous la forme de la « démocratie conviviale » où le pouvoir arrose « tout » le monde y compris l’opposition, discrètement ou pas. Mais avec la pression des entreprises multinationales qui utilisent la responsabilité sociale de l’entreprise pour avoir encore plus d’emprise sur les dirigeants africains, bien arrosés financièrement au passage, multinationales qui bénéficient d’une fiscalité à minima, sur le dos des populations africaines, de nombreux dirigeants africains se cachent derrière les fourches caudines des organisations de Bretton-Woods et autres « partenaires aux développement » pour institutionnaliser la gouvernance privative et le management personnalisé et familial de l’Etat africain 10. Avec la politique de l’alignement, de nombreux dirigeants africains arrivent malgré tout à mettre fin, au moins passagèrement, à l’instabilité politique tout en favorisant la transhumance et le nomadisme politique, bref l’opportunisme en politique. Le Togo est un bon exemple.

Les dirigeants africains qui continuent à faire croire à tous qu’ils savent mieux que tout le monde, ce qu’il faut faire officiellement pour développer leur pays, sont aussi souvent ceux qui savent mieux que tout le monde ce qu’il faut faire pour développer leur porte-monnaie et celui de ceux qui s’alignent sur leur position au point de ne plus les contester et devenir des « béni oui-oui ». Malheureusement, ce sont ces mêmes dirigeants africains qui sont souvent incapables d’améliorer la prospérité de leurs concitoyens. Leurs discours ternes et vieillots des années 1970 ne font plus recette tant certains manquent de compétence et d’agilité. Ce sont les mêmes qui dévient les règles de gestion efficace de l’entreprise à leur profit et utilisent les deniers de l’Etat pour organiser l’alignement alimentaire en offrant, sous couvert du chantage de la dépendance perpétuelle, quelques projets offerts par les dits « partenaires au développement ».

En résultante, l’économie de proximité qui assure l’autosuffisance alimentaire est tout simplement laissée pour compte et, sans régulation, devient un marché captif pour les cercles rapprochés comme les moins rapprochés du pouvoir central ou déconcentré. Il n’est donc pas étonnant que du côté des populations, l’indifférence l’emporte. Alors il ne reste plus qu’à faire appel à certains médias « alignés » qui à coup de publi-reportages et de faux sondages, aussi contradictoires que non scientifiques, continuent à faire croire à l’Africain lambda qu’il ou elle pourra transformer sa démographie en un grand marché de consommateurs de la classe moyenne. Pourtant, sur le terrain et malgré quelques progrès ici et là sans maintenance, l’essentiel manque presque partout dès que l’on sort des grandes villes… et tout le monde s’en fout !

Une honte que cette Afrique et certains Africains qui se mentent à eux-mêmes et continuent d’écouter la voix de son maître venue d’ailleurs… Car il ne s’agit plus simplement des voix occidentales, mais celles en provenance d’Asie, notamment de la Chine, qui s’organisent à rendre les dirigeants africains aussi dépendants de ses projets clés en main avec financement concessionnel à taux proche de zéro et des délais de grâce de 5 ans et plus. Mais chacun commence à voir les limites d’une telle approche où près de 90 % des travailleurs viennent de Chine et que les travailleurs africains sont de plus en plus cantonnés dans les tâches subalternes ou sans qualification. Pour ce qui est des contrats publics avec le Gouvernement chinois, la Chine commence à mettre un arrêt à la corruption orchestrée par certains dirigeants africains en refusant que son image soit associée à celui de ces mêmes dirigeants africains. Mais pour accepter la fameuse coopération « gagnant-gagnant » de la Chine dans laquelle seuls les dirigeants africains et ceux qui sont « alignés » sur eux,-pour ne pas dire « couchés »-, « gagnent ».

Alors, l’Etat africain est-il un Etat violent ?

La réponse est oui malgré quelques exceptions ici et là !

L’Etat africain est-il un Etat qui promeut la régression sociale, le moins disant social, la course vers le bas des salaires ?

La réponse est malheureusement encore oui !

Outre les codes d’investissement ou miniers africains qui promeuvent souvent cette approche, il suffit de compter le nombre de manifestations populaires sur la « cherté » de la vie et sur le chômage 11 Afrique qui sont réprimées sauvagement, discrètement ou par des mesures de rétorsion post-manifestations avec des humiliations physiques et morales. Mais là, les médias locaux sont taxés de faire de la « politique » lorsqu’ils tentent de faire état des réalités et des responsabilités.

Le Togo de Faure Gnassingbé a trouvé une nouvelle idée pour bloquer les manifestations des principaux partis d’opposition du Togo, le Combat pour l’Alternance Politique dit CAP 2015 avec à leur tête, Jean Pierre Fabre, Président du parti de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC). Il suffit, pour le pouvoir, de programmer et de déprogrammer les opérations dites « Togo ville propre 12 » pour faire bloquer par des militaires, la route menant au nouvel aéroport international du Togo, empêchant les manifestants de s’y rendre. Comme c’est la Constitution qui octroie le droit de manifester au Togo, il est difficile de s’y opposer directement, pourtant les réformes institutionnelles prescrites par l’Accord Politique Global de 2006 13 entre le pouvoir et l’opposition sont systématiquement repoussées dans le temps au Togo. Mais sans transparence, les tractations entre l’opposition parlementaire et le pouvoir, sur le processus de décentralisation en cours au Togo, risquent de n’être participative et consensuelle que dans les intentions. La pratique se fera autour et au sein du groupe des « alignés »… d’ailleurs l’alignement sur le pouvoir n’a pas besoin d’être transparent. Certaines girouettes politiques de la politique togolaise sont des adeptes de l’opposition de jour et de l’alignement de nuit.

L’entourloupette de Faure Gnassingbé et l’entorse à l’Accord politique global sont d’autant plus évidentes. Malgré des promesses faites en début de chaque année, les élections communales n’ont toujours pas été programmées puisqu’il est plus difficile de faire jouer la contre-vérité des urnes au niveau municipal. Alors, si une trop grande majorité du peuple togolais s’en fout, ou est devenu indifférent, ou s’enferme dans la « peur de mourir », ou encore se résigne à écouter certains religieux de tous bords qui conseillent d’attendre uniquement la justice après la mort, alors les alternatives ne verront pas le jour. Le problème est que si un trop grand nombre de la population togolaise, y compris ceux dans la Diaspora, choisissent l’indifférence, c’est qu’ils et elles ont en fait opté pour l’alignement. De ce fait, le niveau de mobilisation requis pour amener le pouvoir à négocier ne sera pas atteint de sitôt, repoussant à la date d’un futur lointain, les chances de voir émerger des alternatives et non des changements tant prônés par les uns, et tant redoutés par les autres aux nombres desquels il faut inscrire les pouvoirs occidentaux. Ces derniers, sous le couvert de la très vague « communauté internationale », ne se portent mieux que lorsqu’il y a des statu quo qui perdurent, surtout avec des autocrates africains qu’ils manipulent comme des marionnettes en soufflant le chaud et le froid avec les aides budgétaires et les délais de paiement sur des prêts iniques et des remboursement de dettes injustifiées. Le tout sous le couvert du retour sur investissement dont s’accommodent bien certains dirigeants africains en jouant sur la fibre nationaliste ou de « patriote ». En cas de contestation de tout ce dispositif, et en cas de refus de s’aligner, c’est la violence sociale de l’Etat africain qui prend le relais. Les militaires non républicains s’en donnent à cœur joie. Le Togo n’est pas immune de cet état de « voie de fait ».

8. HISSÉNE HABRÉ : LA GOUVERNANCE DE L’ALIGNEMENT CONDAMNÉE 25 ANS PLUS TARD ?
Il existe donc bien un accaparement au sommet des pouvoirs africains. Pour ceux qui s’alignent sur ces types de dirigeants africains, c’est la solution de facilité à court terme. Les lendemains sont bien moins glorieux surtout quand les rejets sont injustifiés, héritage de calomnies aussi fausses que vicieuses. Mais qui va les plaindre ? Donc si ce sont ceux qui tiennent le pouvoir africain qui sont les premiers corrompus et à corrompre, le résultat sur la prospérité des Africains et Africaines ne peut qu’être négatif. Bien sûr, il ne faut pas affranchir les corrupteurs occidentaux ou asiatiques, du secteur public comme du secteur privé, de leur rôle étrange d’accaparement systématique des ressources et de la force de travail des autres, les moins influents bien sûrs, mais souvent aussi les moins conscients de leur force collective.

Sur ce dernier point, les dirigeants africains brillent par leur capacité à s’aligner sur la force occidentale pour mieux préserver leur pouvoir local même si de temps à autre et 25 ans après, certains, comme Hissène Habré l’ex-Président dictateur du Tchad, finissent par être condamnés par un Tribunal spécial africain à Dakar, sans d’ailleurs que les complices directs ne soient inquiétés et continuent d’ailleurs à servir en priorité les pouvoirs non africains. Arrêté le 30 juin 2013, Hissène Habré est jugé depuis le 20 juillet 2015 par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), mises en place en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA) 14.

Sur ce point au moins, il faut féliciter l’Union africaine d’avoir fait preuve d’imagination pour sanctionner un Chef d’Etat. Mais les félicitations vont aussi à Macky Sall, le Président du Sénégal car là où Me Abdoulaye Wade, le précédent Président du Sénégal, a témoigné de toute sa faiblesse sur base de faux calculs électoraux pour conserver son fauteuil présidentiel, le Président Sall a choisi la fermeté et a réussi à mettre fin à l’impunité contre les crimes d’Africains contre les Africains. Il reste qu’il faut institutionnaliser ces CAE en les transformant en Tribunaux d’exception pour juger non seulement les crimes politiques, mais aussi les crimes économiques avec une compétence internationale car ils sont aussi nombreux, ceux qui ont commis des crimes contre les Africains et « disparaissent » ou plutôt se fondent comme « neige » dans les forêts enneigées des pays du Nord…
Mais la vraie question est de savoir si pour le cas du Togo, Faure Gnassingbé sera jugé dans 25 ans, ou plus, sur sa gouvernance de l’alignement et quelques crimes contre les citoyens togolais tombés sous le règne de son père ou du sien.

9. LA GOUVERNANCE DE L’ALIGNEMENT TUE LE BIEN-ÊTRE SOCIAL
Si l’on en revient à l’étude de Legatum Institute de Londres et sur le classement en fonction de l’index de la prospérité, parmi les 38 pays africains étudiés, cinq sont en tête du classement : l’Afrique du Sud, le Botswana, le Maroc, la Namibie et l’Algérie. Si l’on se concentre sur la sous-région d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal est en tête avec la 7e position, le Ghana est 9e, le Burkina-Faso, 10e, le Bénin, 12e, le Mali 14e et la Côte d’Ivoire, malgré des taux de croissance estimés à 8,5 % en 2016, n’occupe que la 20e place et le Nigéria, la 26e.

Mais où est le Togo ? Le Togo se retrouve parmi les derniers avec la 30e place sur les 38 pays africains. Mais en comparant les sous-critères utilisés pour identifier les forces et faiblesses des 142 pays, il est choquant de voir qu’en matière de capital social, le Togo est bon dernier (142/142), incapable d’améliorer le bien-être social des citoyens togolais (voir le tableau ci-après).

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