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BAC1 Technique : Reprise de l’épreuve d’Histo-Géo ou la face cachée d’un vrai scandale

Togo - Education
Les élèves de la classe de première, série technique, devront attendre demain samedi pour (re-)composer dans l’épreuve d’Histoire-Géographie. Ils avaient entamé, mercredi dernier, l’épreuve de ladite matière avant d’être interrompus. En dehors d’une réaction officielle, on apprend que l’interruption est due au fait que le contenu de l’épreuve est hors-programme. A une quarantaine de minutes après le début des travaux, les élèves se sont vu arrêter dans leur élan pour se voir fixer un nouveau rendez-vous sur demain samedi.
Ce qu’on peut considérer comme un incident banal est en fait révélateur d’un vrai scandale. Car il est tout à fait incompréhensible que des personnes qu’on suppose compétentes et maîtrisant leur travail, puissent choisir une épreuve qui, au final, sera considérée comme étant hors programme. Comment a-t-il été possible que tous ceux qui, à la Direction des examens et concours, ont participé à la sélection de ladite épreuve ne se sont pas rendus compte de la bourde et qu’il a fallu le jour de l’examen pour s’en rendre compte? C’est une situation qui est révélatrice de la légèreté avec laquelle l’éducation (et d’autres secteurs) est désormais gérée dans notre pays. Tricherie par-ci, infrastructures chancelantes par-là, déficit de personnel enseignant ailleurs… la qualité de l’éducation au Togo est en chute libre depuis des années.

La pratique de la bonne personne à la place qu’il faut, des lauriers à ceux qui les méritent, des premières places aux plus méritants… tend à disparaître dans notre société. Et dans leur récente lettre, les évêques ont abordé le sujet en déclarant que « la justice exige, en toute circonstance, que l’attribution des responsabilités suive le mérite et non les intérêts partisans. La « méritocratie » est un gage de la croissance morale d’un pays. On ne pousse pas un peuple à l’effort, on ne l’y encourage pas lorsque les seuls qui réussissent sont ceux qui ont des liens obscurs dans les arcanes du pouvoir. C’est ainsi que l’on encourage d’ailleurs les circuits de la corruption qui devient malheureusement parfois, dans certains secteurs, une véritable méthode de gouvernement ».

La tricherie a toujours existé certes, mais le phénomène de corruption (dont l’une des déclinaisons est la tricherie scolaire) dans le pays en général et dans le secteur éducatif en particulier, prend des proportions particulièrement inquiétantes. Du primaire à l’Université, la triche fait désormais partie des principaux déterminants de la réussite. Dans les salles de classes, lors des devoirs, compositions et examens, le phénomène est devenu incontournable. Même les mémoires sont rédigés par des tierces personnes aux étudiants, les plagiats sont légion… Avec bien sûr une bénédiction de certains membres du personnel d’encadrement. A l’Université, même dans les facultés réputées rigoureuses comme celle de Médecine par exemple, l’intégrité des résultats est de plus en plus contestée.

L’autre scandale que le gouvernement a dû avouer lui-même dans un communiqué mercredi dernier, est celui d’un concours d’entrée dans les Ecoles nationales d’instituteurs au cours duquel des « faits graves de fraudes » ont été signalés. Conséquence, le concours devra être repris dans les localités où les fraudes massives ont été enregistrées, notamment Dapaong et Tsévié. On annonce des sanctions exemplaires contre ceux qui se sont rendus coupables desdits faits. Plusieurs Directeurs d’établissements ou régionaux d’enseignements seraient mouillés. Et la Gendarmerie est lancée à leur trousse.

Togo, pays de fraudes ?

Au Togo, la pratique de la fraude semble être institutionnalisée. Depuis le sommet de l’Etat, on s’y baigne à volonté. Dans un pays où, depuis le sommet, on conçoit aisément que 1+1 ne fait pas forcément 2, cela rejaillit inéluctablement forcément sur la conception de l’intégrité que se fait le citoyen. Lorsque les lauriers ne sont pas décernés aux plus méritants, mais aux plus militants ou aux fils ou aux filles de ministres, il est difficile que les autres citoyens se plient à l’exigence de l’intégrité et de la loyauté. La fameuse formule « c’est la fin qui justifie les moyens » que certains assimilent à « tout chemin mène à Rome », le tout interprété comme tous les moyens (surtout les plus déloyaux) sont bons pour parvenir à ses résultats…est désormais le leitmotiv au sein de la jeunesse.

Et il faut bien craindre que l’excellence, déjà très mise à mal, ne disparaisse totalement de notre société à court ou moyen termes ; nous laissant avec un pays où les méritants, les génies sont totalement noyés dans une mare de médiocrité, et où seuls le militantisme et le zèle constituent les seuls critères de promotion et d’ascension sociale. Si nous n’y sommes pas encore, nous y sommes presque !

Maxime DOMEGNI (L’ALTERNATIVE)