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Quel sens donner à la journée du 1er mai au Togo ?

Togo - Societe
Dans le secteur public que privé, les travailleurs se sont retrouvés dimanche 1er mai, ne serait-ce que pour partager un moment ensemble. Plusieurs activités étaient au menu de cette journée dans les différents secteurs. Mais au-delà de tout ce folklore, on se demander ce que représente la journée du 1er mai pour le travailleur togolais aujourd’hui, dans un contexte où, ici, le travail tend à devenir une corvée.
La plupart des syndicalistes interrogés dans le cadre de cette journée affirment n’être pas en mesure de célébrer cette journée, du moment où dans le pays, le travailleur est marginalisé, opprimé, incapable de s’exprimer et de réclamer ses droits. Certes, certains syndicats, devenus aujourd’hui des béquilles du parti au pouvoir, ont exécuté le traditionnel défilé des travailleurs, avec un cahier de doléances remis aux autorités.

Cependant, beaucoup sont ces syndicats qui, conscients des conditions peu enviables des travailleurs togolais et du mépris du gouvernement vis-à-vis de cette situation, ont préféré placer cette journée sous le signe de la réflexion. Une messe et quelques minutes de discussions avec des camarades ont suffi pour marquer la journée du 1er mai au niveau de ces syndicats.

« La journée du 1er mai est une journée de réflexion sur les conditions de vie et de travail pour les travailleurs de notre secteur. On sait que les travailleurs ne vivent plus de leur travail, ils traversent une situation difficile, alors on ne peut pas oublier cela et se mettre à faire la fête. Nous préférons plutôt réfléchir sur ce que nous devons faire, afin d’améliorer la situation et soulager un tant soit peu les travailleurs », a indiqué Yao Gbandjou, Secrétaire général de la Fédération togolaise des bois et de la construction (FTBC).

Et Tikpi Atchadam, président du Parti national panafricain (PNP) de renchérir : « Je ne vois pas pourquoi on devrait fêter. Quand on marginalise le travailleur, quand on l’opprime, on ne peut pas lui demander de fêter le 1er mai. Avec quoi il va fêter alors ? Le travailleur togolais n’est pas heureux, par rapport à ses camarades de la sous-région ».

Chaque année, la journée internationale du travail est plus vécue dans l’amertume au Togo. Quand on descend dans les carrières de phosphates dans la préfecture de Vo, dans les usines de cimenterie à Tabligbo, sur le site d’extraction de fer à Bangéli ou encore dans les usines de la zone franche à travers tout le pays, le constat qu’on fait est révoltant. Les ouvriers sont soumis à des traitements inhumains et dégradants.

Le comble, c’est que certains employeurs osent encore rassembler ces ouvriers le 1er mai pour leur faire des promesses qui ne seront jamais tenues. « On nous parle des choses qu’on ne nous a jamais donné. L’année prochaine, ce sera la même chose, et ainsi de suite. Nous sommes toujours au point de départ. Lorsqu’on veut se faire entendre, on nous menace de licenciement. Même notre présence ici ce matin (Ndlr, dimanche), c’est nous-mêmes qui avons payé nos déplacements. Où allons-nous ? », s’est énervé un travailleur de la zone franche hier, au cours d’une rencontre avec la direction.

Il est difficile de faire la fête quand on a faim. La journée du 1er mai se célèbre dans la douleur au Togo depuis quelques années. Pire, rien n’indique un avenir meilleur aux travailleurs, puisque le gouvernement semble décider à les faire miroiter de promesses mirobolantes. Une situation qui fait l’affaire de certains responsables syndicaux véreux et corrompus qui s’enrichissent toujours dans le dos des travailleurs.

Finalement au Togo, la journée internationale du travail se résume à des discours et promesses, et des pique-niques à la plage. Les travailleurs togolais peuvent continuer par subir des humiliations de toutes sortes dans divers secteurs...

I.K.