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Il était une fois… le hold up électoral du 28 avril 2015 !

Togo - Politique
Comme si c’était hier, un représentant de l’opposition à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) se rappelle la soirée du 28 avril 2015 où Taffa Tabiou est tristement rentré dans l’histoire. Lisez plutôt !
Expert électoral de pacotille

Il y a un an, je découvrais la dictature togolaise de l'intérieur, l'excellence dans la roublardise, les intimidations et les menaces.

Dans la première photo la séance de compilation des votes est interrompue. Notre collègue Pedro, vice-président de la CENI (veste blanche) a piqué une crise face au refus obstiné du président et sa majorité de faire procéder aux vérifications de procès-verbaux manifestement erronés! On est proche de la bagarre avec le représentant RPT-UNIR (boubou blanc)...
Interruption de séance, puis annonce de l'arrivée des présidents ghanéen et ivoirien. Le bureau de la CENI est appelé à une audience au palais de la présidence...

Deux heures plus tard les membres du bureau sont de retour après l'audience. Nous, délégués de l'opposition, débriefons dans le bureau de Pedro avec la tv allumée lorsque nous découvrons en direct le président de la CENI s'apprêtant à annoncer les résultats alors que nous avions à peine compilé la moitié des procès-verbaux. Dans la 2e photo, nous venons de descendre en trombe du bureau de Pedro au 1er étage. Je me souviens avoir traversé en courant le couloir à travers une haie d'hommes en civil (j'entends "les voilà"), je me souviens avoir poussé fort la porte avec Pedro pour découvrir le président de la CENI en direct sur le plateau à coté du présentateur. Pedro hurle "Président que fais tu?... quel résultat tu vas annoncer? c'est un vol à ciel ouvert!... "

Notre irruption a fait stopper net la diffusion, le présentateur paniqué lance à son cameraman "coupez, coupez". La video circule sur le net. Ce que les spectateurs ne voient pas ce sont ces images de Pedro errant et criant sa rage, c'est le président de la CENI qui prend la fuite avec le journaliste. J'avais eu le réflexe de sortir mon smartphone pour prendre ces photos mais un agent en civil tente de m'arracher le téléphone. Mon collègue Jean-Jacques me tire "Alfred sortons de là".

Nous nous retrouvons dehors avec Camille. Le Général Sangaré, chef de mission de l'OIF, nous a suivis aussi, il n'en revient pas et lâche quelques mots "je ne peux pas cautionner cela".

Dehors, des militaires armés jusqu'aux dents... je viens d'assister à mon premier hold-up électoral. Et je craque... on venait de passer 3 jours et 3 nuits d'affilée à se battre pour essayer de sortir la vérité des urnes, en vain... ils l'ont emporté en usant de la force brute. Les résultats annoncés, on ne les avait pas compilés en séance, c'est sorti tout droit de leur laboratoire.

Alfred Attipoe