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La Classe politique à l'école de la décentralisation au Togo

Togo - Politique
Depuis quelques jours, la presse privée togolaise est rentrée en effervescence après des réactions de certains responsables de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) qui ont jugé nécessaire de monter au créneau pour dénoncer les premiers pas du gouvernement dans la réalisation de la décentralisation notamment, la création de quatre nouvelles préfectures et la récente rencontre du Chef de l’Etat avec les chefs traditionnels.
Avant toute chose, il urge de dénoncer une fois encore, le rôle aliénateur que joue aujourd’hui la presse togolaise qui, prise dans les travers de la recherche du gain facile et des bonnes grâces, désinforme, instrumentalise et embrigade les mentalités sans le moindre pincement au cœur lorsque vient le moment de faire un examen de conscience sur la portée éthique et pédagogique de tout ce que l’on sert au public.

Sans vouloir m’ériger en donneur de leçon, ‘revenons à nos moutons’.
Il nous en souvient que les premières informations sur le projet de décentralisation au Togo ont été portées à la connaissance de l’opinion par le truchement de la presse qui les détenait des responsables de l’ANC, notamment de Jean-Pierre Fabre qui, en sa qualité de chef de file de l’opposition, avait été approché à ce sujet lors d’une rencontre informelle, par Payadowa BOUKPESSI, Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales.

A ce qu’on sache, cette rencontre était destinée à partager avec Jean Pierre Fabre, chef de file de l’opposition, les préoccupations du Gouvernement concernant la question de la décentralisation. Une démarche noble qui témoigne de la volonté du pouvoir togolais d’agir selon les principes qui guident le fonctionnement des institutions que nous nous sommes librement dotés. Une démarche qui ne laisse pas de place à la suspicion quant à aux rumeurs et accusations sur un prétendu passage en force.
En accordant à Jean Pierre FABRE le privilège d’accéder aux informations et de discuter de la question de la décentralisation en général et en particulier des élections locales avec le ministre de l’Administration territoriale, le gouvernement a joué sa partition et accompli en toute loyauté ses obligations vis-à-vis du chef de file de l’opposition.

Il appartenait alors à Jean Pierre FABRE, en sa qualité de chef de file de l’opposition, de porter à son tour le contenu de ses échanges avec le Ministère au reste de la classe de l’opposition pour que des réflexions y soient menées en vue de formuler des propositions concrètes pour la bonne conduite du processus de décentralisation.

Nous estimons que c’est ainsi que les choses devraient être faites. Malheureusement, le Chef de file de l’opposition a oublié qu’il représente non seulement son parti mais aussi l’opposition toute entière et qu’à ce titre, il avait l’obligation de partager avec ses pairs et camarades de lutte, le contenu de son échange avec le gouvernement sur la question de la décentralisation.

S’il doit jouir allègrement de ses avantages de chef de file de l’opposition, Jean Pierre FABRE ne devrait pas s’amuser à se soustraire de ses obligations vis-à-vis des autres composantes de l’opposition qu’il est censé représenter. Quand on est le premier responsable d’une institution étatique, la logique républicaine nous oblige à servir sans chercher à savoir si les citoyens bénéficiaires de nos services sont de notre bord politique ou non. Ce n’est pas parce que l’exercice de son rôle de chef de file de l’opposition l’amène à traiter avec des personnes dont les idéologies politiques ne concordent pas avec celle de l’ANC que Jean Pierre FABRE doit les écarter des sujets d’intérêts communs. Ce simple exercice de chef de file de l’opposition doit l’amener à réaliser la violence que les tenants du pouvoir, qu’il combat depuis on ne sait combien d’années, se font régulièrement dans la gestion quotidienne des desiderata, des caprices et des sautes d’humeurs qu’il se permet au nom de la loi instituée.

Jean Pierre FABRE a du chemin à faire car le manteau qu’il porte est très grand et exige de lui assez de charges, assez de responsabilités. Le statut de chef de file de l’opposition dans le contexte politique togolais actuel, est une véritable aubaine à saisir pour rapprocher et consolider toute l’opposition autour des questions essentielles et urgentes liées au développement de notre pays.

La décentralisation est un sujet très important qui mérite l’effort d’analyse de tous.

Ainsi, faut-il parfois cesser de faire dans le sensationnel comme le politique nous a souvent habitués à le voir chaque fois qu’il est question d’élections dans notre pays. Les élections locales constituent une étape importante dans la décentralisation. Si à bien d’égards elles peuvent être considérées comme l’alpha de la décentralisation, elles ne sauraient en être l’oméga. Ce n’est pas seulement une affaire de partis politiques mais aussi une question de développement impliquant tous les acteurs de la vie socio-politique et économique. Les gesticulations actuelles observées autour de la rencontre du chef de l’Etat avec les chefs traditionnels et sur l’érection de nouvelles préfectures dénotent d’une fausse compréhension de la décentralisation et il urge d’ôter le plus vite possible des esprits cette compréhension erronée de la décentralisation.

Pourquoi pense-t-on d’emblée que discuter avec les chefs traditionnels togolais sur la décentralisation est un non-lieu ? Pourquoi pense-t-on que l’opposition détient un certain monopole sur la décentralisation alors qu’au même moment, le chef de file de l’opposition lui-même approché, n’arrive pas à prendre ses responsabilités pour organiser les siens et arrêter une stratégie d’approche ?

Tout comme le gouvernement n’a pas cherché à contourner la classe de l’opposition sur la question de la décentralisation, de même, il se doit de prendre des contacts avec tous les autres acteurs intéressés par la question en vue de les mettre au même niveau d’information que les politiques.
Vouloir que la question de la décentralisation soit seulement discutée entre le pouvoir togolais et l’opposition, c’est chercher à pérenniser ce business politique qui a cours au Togo depuis les années 1990 jusqu’à ce jour où l’opposition ne peut présenter un seul résultat concret au peuple.
Le vouloir, c’est chercher, à la manière des esprits d’enfer, à hypothéquer indéfiniment le destin d’un peuple qui se bat pour sortir du joug de l’endormissement et de l’enlisement. Le vouloir enfin, c’est faire obstacle à l’émergence de forces alternatives à même d’aider le peuple à évoluer vers des horizons plus prometteurs.

Sinon, comment comprendre que le togolais qui est champion en matière de comparaison de son pays avec d’autres supposés plus avancés, puisse vite oublier le rôle prépondérant de la chefferie traditionnelle dans l’enracinement de la démocratie ghanéenne ?

Ceux qui défendent et revendiquent à l’opposition la primauté dans les discussions sur la décentralisation craignent simplement de se voir ravir la vedette par une société civile plus organisée, plus unie et plus entreprenante.

Forum de la Semaine N°2103 du Mercredi 15 Avril 2016