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Faure Gnassingbé, plus président ailleurs qu’au Togo ?

Togo - Diplomatie
Sur le plan socio-politique, subsistent plusieurs sujets de tension au Togo : les violences répétitives à Mango, les contentieux post-électoraux porteur de haines et déchirures dans la classe politique, les dossiers Bodjona et Kpatcha Gnassingbé, les incendies des grands marchés de Lomé et Kara, la liste ne peut être exhaustive. La réconciliation, c’est aujourd’hui la chanson qui se trouve sur toutes les lèvres, surtout ceux qui sont au pouvoir, en commençant Faure Gnassingbé lui-même.
Dans presque tous les discours du chef de l’Etat, on retrouve ce mot (réconciliation). Mais chaque jour que Dieu fait, le comportement de ce dernier semble s’éloigner des paroles qu’il prononce. Mais lorsqu’il s’agit de se retrouver au premier rang pour réconcilier des frères d’autres pays de la sous-région ou ailleurs, il est toujours présent.

Faure Gnassingbé est l’un des deux acteurs de la réconciliation entre l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi et son successeur Patrice Talon. Nul ne saurait condamner toute initiative visant la paix dans la sous-région. Cependant, c’est frustrant pour les Togolais de voir Faure Gnassingbé se préoccuper du bonheur des autres peuples, pendant que « sa propre maison » est déchirée par des conflits entre frères (sic).

A son arrivée au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé affirmait avoir pour priorité « la réconciliation » entre Togolais. Lui-même fils du Nord par son père et du Sud par sa mère, il devrait être un « pont » qui rallie toutes les parties du Togo. Ainsi, était présenté Faure Gnassingbé aux Togolais. Pour mieux orner cette thèse aujourd’hui perçue comme une « comédie », le chef de l’Etat s’était empressé de mettre sur pied la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR).

Aujourd’hui, il est clair que ces discours ne dérivent pas d’une réelle volonté de réconciliation, car il a suffi de cinq heures seulement pour ramener Boni Yayi et Patrice Talon à la raison. Paradoxalement, l’on cherche cette réconciliation au Togo pendant plus de dix (10) ans. Il faut Relever que la tension entre les deux hommes dérive de plusieurs points de mésentente. Mais principalement, le président Boni Yayi accusait son confrère patrice Talon d’atteinte à la sureté de l’Etat.

Le même dossier (atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat) couve au Togo. Le demi-frère de Faure Gnassingbé est actuellement en prison dans ce dossier, suite à un procès rocambolesque qu’a déjà condamné la Cour de justice de la CEDEAO et le Groupe de Travail des Nations-Unies. Les deux institutions ont déjà demandé à Faure Gnassingbé de relâcher Kpatcha Gnassingbé et ses coaccusés dont la plupart ont été torturés, mais le chef de l’Etat refuse d’entendre raison.

Sur le plan national, des tractations sont menées pour que Faure Gnassingbé accorde une grâce présidentielle à son frère. La dernière en date est celle du chef du canton de Pya, village natal des Gnassingbé. Mais toujours rien

Plusieurs dossiers de cette même couleur sont enterrés par Faure Gnassingbé au Togo au détriment de la paix et la cohésion sociale. A Tabligbo, à Mango plusieurs voix se sont élevées interpellant le chef de l’Etat à user de son implication personnelle pour le soulagement de populations victimes de ces foyers de tension.

Aux dernières nouvelles, la tension entre les présidents béninois n’a pas encore fait de victime au Bénin. Pourtant, à Mango la colère et le mécontentement font sporadiquement des morts. De même, les clashs socio-politiques font régulièrement des décès à la moindre occasion. Mais Faure Gnassingbé tout à fait indifférent à la situation et se montre résolument tourné vers le bonheur des « autres » comme on peut le dire.

Depuis belle lurette, la CVJR a abattu un impressionnant travail et soumis un lot de recommandations nécessaires à l’achèvement du processus de réconciliation. Ces recommandations ont été mises au carreau pendant que le chef de l’Etat se félicitait à la Tribune du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, de la parfaite réussite du processus de réconciliation au Togo ; tout ce folklore au grand étonnement des Togolais.

Il n’est aucun doute, Faure Gnassingbé veut se polir aux yeux de l’opinion internationale, puisqu’il connaît déjà l’impression que l’opinion nationale a de lui. Comme Gnassingbé Eyadéma qui se voulait médiateur et réconciliateur dans tous les foyers de conflits. Faure Gnassingbé, « Médiateur de tous les temps », est sur les pas de son père. Pendant que la situation est tendue dans son pays, il saute dans un avion pour aller jouer au pompier ailleurs. En tout cas, il est vraiment le fils du père.

A.L