Claude Le Roy, nouveau patron de l’équipe nationale du Togo, entretient de très bonnes relations avec les médias de son pays. Après Radio France Internationale (Rfi), il s’est également confié au micro de nos confrères du site le Monde Afrique et révèle.
A cœur ouvert
Dans cette nouvelle interview, le technicien français de 68 ans révèle qu’il a « été approché par un Européen installé au Ghana qui a de très bonnes relations avec le Togo ». « A partir de cet instant, nous avons commencé les discussions et les négociations, et je me suis rendu à Lomé. J’ai rencontré le président de la Fédération, Guy Akpovy, le ministre des Sports (Guy Madjé Lorenzo, NDLR) et enfin le président de la République, Faure Gnassingbé, qui souhaitait me saluer. Le projet m’a plu. Je n’ai pas été guidé par des motivations financières. J’ai un bon contrat, mais j’aurais pu gagner beaucoup plus ailleurs ».
Ayant promené sa bosse un peu partout sur le continent noir, il sait que les Fédérations nationales sous les tropiques connaissent des problèmes et que même son salaire peut accuser de retard au Togo. Sur le sujet, il fait référence à l’exemple de ce qui lui est arrivé en RDC où a eu des soucis. Toutefois, tempère-t-il, les choses finissent pas rentrer dans l’ordre. On apprend de lui qu’il a opté pour le Togo parce qu’il est convaincu qu’«il y a de très bons joueurs dans cette équipe » et que « le Togo est un pays de football qui obtient depuis déjà pas mal d’années des résultats intéressants ».
Cameroun, Egypte, Nigeria, Singapour voire Kazakhstan le pistaient, les discussions avec les Lions Indomptables ont avancé au point que certains ont cru qu’il reviendrait dans le pays de ses premières amours. Malgré tout, il signe au Togo, lui qui voulait se fixer sur son avenir professionnel « au plus tard le 15 avril ». « Je suis actuellement en France et je vais me déplacer pour rencontrer les joueurs. En ce qui concerne Emmanuel Adebayor, que je considère comme un très grand joueur et qui était, selon moi, un des meilleurs attaquants du monde il y a quelques années, je veux juste lui dire que rien n’est plus important que le collectif. L’équipe est au-dessus des statuts, des personnalités. Mais je compte sur Emmanuel. Quand vous regardez attentivement l’effectif, on y voit de la qualité. Il y a Agassa, Adebayor, les frères Ayité, Gakpé, Akakpo, Romao… », confie-t-il.
Claude Le Roy déclare en outre qu’il va s’installer à Lomé, ensuite discuter avec les binationaux et qu’il sera accompagné par son adjoint Sébastien Migné bien qu’il compte choisir les autres membres de son staff technique dans le vivier local. « Je vais organiser mi-mai un stage bloqué avec les meilleurs joueurs locaux, et fin mai, nous disputerons un match amical avant d’affronter le Liberia. Mais je vais aussi mettre en place ma méthode de travail », se projette-t-il.
Dans son programme, le natif de Bois-Normand-près-Lyre dans le département de l’Eure en France veut organiser un séminaire de quarante-huit heures au profit des entraîneurs locaux et tirer le meilleur d’eux pour améliorer les prestations des Eperviers et revoir l’organisation des déplacements de la sélection nationale.
Les doutes
Claude Le Roy, on ne le dira jamais assez, est un coach expérimenté, qui a de la carrure et peut réussir s’il est mis dans de bonnes conditions. Sauf que dans notre pays, les choses ne se passent pas comme on le souhaite.
L’arrivée de l’ancien sélectionneur des Lions de la Téranga du Sénégal ne devrait pas soulever certaines inquiétudes si l’on n’est pas habitué aux « togolaiseries ».
En effet, c’est dans les prérogatives de la Fédération togolaise de football de trouver un sélectionneur national des Eperviers et de le proposer aux autorités politiques qui l’engagent. Dans le cas d’espèce, c’est un Européen installé dans un pays d’à-côté qui a démarché l’arrivée de Claude Le Roy au Togo. Qui est cette personne et quelles sont ses relations avec le pouvoir en place et les membres du nouveau bureau de la Fédération togolaise de football ? Tel que le recrutement du recordman de participations à la CAN a été fait, ce dernier peut-il rendre compte à son employeur direct qu’est l’instance faîtière en cas de problème, de mésentente, de malentendu?
Les émoluments du «sorcier blanc» sont estimés à 25 millions FCFA par mois. Un salaire qui suscite d’ailleurs indignation dans un pays qui manque de tout. Mais le Head coach dit qu’il n’a pas « été guidé par des motivations financières », tout en concédant qu’il a « un bon contrat » et d’ajouter qu’il aurait « pu gagner beaucoup ailleurs ». Soit Le Roy est motivé par autre chose que les 25 millions FCFA, et c’est pour cela qu’il a décliné les autres offres à lui faites étant donné que le Togo n’est pas le seul pays parmi ceux qui ont sollicité ses services et qui regorgent des joueurs de talents.
Avec la volubilité de Claude Le Roy, l’opinion aura vite toutes les pièces pour constituer le puzzle et savoir qui a fait quoi et comment dans ce dossier de recrutement.
Fabrice KA (L’ALTERNATIVE)
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