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Communiqué de la Fédération de la Diaspora Togolaise (FDT) relatif à la récente détention d’Antoine Randolph et du Pasteur EDOH Komi

Togo - Opinions
La FDT se félicite de la libération des compatriotes Antoine Randolph et du Pasteur EDOH Komi. Le premier a été arrêté le 19 février 2016 – information révélée seulement le 24 février – et libéré le 18 mars 2016. Le second a, quant à lui, été mis aux arrêts le 10 mars dernier et libéré le 29 du même mois.

La FDT tient à témoigner sa reconnaissance aux Togolais qui se sont mobilisés pour soutenir les deux compatriotes pendant ces moments difficiles. Cette gratitude va aux avocats des deux détenus qui n’ont ménagé leurs efforts pour que ces derniers recouvrent la liberté. Les remerciements vont aussi, et plus particulièrement, aux Togolais et mouvements togolais de la diaspora qui, malgré la distance, ont prouvé non seulement qu’ils sont toujours aux faits des événements nationaux, mais aussi et surtout, qu’ils demeurent mobilisés pour tout ce qui touche aux droits humains les plus fondamentaux.

La FDT s’inquiète, comme l’avait déjà signalé le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme par le biais de son ancien siège au Togo, de l’état de la justice togolaise surtout de son fonctionnement. Le Haut-Commissariat sus-cité avait qualifié la justice togolaise de « dépendante » vis-à-vis du pouvoir politique alors que l’indépendance de la justice est l’exigence cardinale pour la prospérité d’un Etat de droit.

Au lieu d’être l’ultime recours pour tout citoyen d’espérer légitimement qu’elle lui garantira le respect de ses droits et surtout que le droit soit dit en toutes circonstances, il semblerait que la justice nationale ne soit réduite à un instrument politique dont userait et abuserait le pouvoir pour intimider et maintenir les honnêtes citoyens au pas.

Pourquoi pendant qu’il passait un séjour pour raison privée au Togo, sa terre natale, Antoine Randolph a-t-il été interpelé et détenu ? Pourquoi l’affaire a-t-elle été entourée d’un flou juridico-judiciaire ? Si le chef d’accusation d’ « atteinte à la sûreté de l’Etat » était avéré, comment la justice peut-elle le libérer et, surtout, le laisser quitter le territoire national pour une accusation d’une aussi importante gravité?

Quant à l’activiste défenseur des Droits de l’Homme, le pasteur Edoh Komi, en quoi ce dernier constituait-il un danger national pour croupir pendant environ une vingtaine de jours en détention préventive ? Pour avoir adressé une communication officielle aux autorités compétentes réclamant que justice soit faite dans l’affaire de la disparition dans des conditions scabreuses de la feue Djogbessi Akossiwa, et pour que la famille de la victime obtienne réparation, le président du Mouvement Martin Luther King a été mis aux arrêts pour outrage à magistrat et trouble à l’ordre public. Selon l’avocat du détenu Me Agnina YACOUBOU dans l’émission Fenêtre sur l’Afrique du 19 mars 2016 sur la radio Kanal K en Suisse, les faits allégués n’ont aucun fondement car son mandant n’ayant proféré ni injure, ni diffamation à l’endroit des autorités judiciaires. Au contraire, toujours selon l’avocat, il réclamait que la justice suive son cours normal et que la vérité puisse en sortir. Concernant le présumé trouble à l’ordre public, l’avocat affirme que son client n’a fait qu’inviter la population à une manifestation « pacifique » sur le sujet. Les deux adresses du pasteur Edoh sont publiques et consultables par tous.

Jusqu’à ce jour, aucune preuve matérielle n’a été communiquée au sujet du chef d’accusation à l’égard de M. Antoine Randolph.
Le pasteur Edoh, pour ce qui est des faits à lui reprochés, ne présentait aucun risque d’une potentielle fuite, d’un quelconque effacement de preuves et encore moins d’une possible subornation de témoins qui justifierait une détention préventive.

Eu égard à ce qui précède, on ne peut constater avec désolation que la justice togolaise a, dans ces deux cas, usé d’intimidation et d’abus de pouvoir pour annihiler l’ardeur des citoyens œuvrant pour la promotion des libertés des citoyens et l’instauration d’un Etat de droit au Togo. Or la Constitution togolaise dispose à ses articles 13 et 15 que nul ne peut être arbitrairement privé de sa liberté ou arrêté ou détenu sans base légale.

La FDT – qui se veut le prolongement de la société civile togolaise à l’extérieur, regroupant plusieurs associations, mouvements et personnes physiques de la diaspora éparpillée dans les quatre coins du monde – lance un appel à l’endroit de l’Etat togolais en général, et à la justice nationale en particulier, pour tourner le dos à des pratiques étant à mille lieux de ce qui se fait dans tout Etat moderne et qui se respecte. Elle invite la justice togolaise à abandonner purement et simplement les poursuites à l’égard des deux compatriotes car, selon les informations, il ne s’agirait que de liberté provisoire pour les deux cas et assortie d’un contrôle judiciaire pour ce qui concerne le pasteur Edoh.

La diaspora togolaise, malgré elle, est souvent contrainte de s’expliquer dans les pays de résidence sur des actes décriés des autorités nationales dont ceux évoqués ci-haut. Les composantes de la FDT aspirent à la fierté de se réclamer de la nation togolaise. La diaspora togolaise ne veut plus raser les murs quand le nom du Togo est cité.

Tout en reconnaissant à la justice togolaise le mérite d’avoir entendu raison en libérant ne serait-ce que provisoirement les deux compatriotes, la FDT en appelle au sens de responsabilité des autorités togolaises afin que les Togolais puissent se voir garantir les libertés fondamentales suivant les dispositions de la Constitution togolaise et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme car « … il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression ».


Fait à Bruxelles, le 06 avril 2015
Fédération de la Diaspora Togolaise (FDT)