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Grande enquête sur la crise profonde au CAR: Les raisons cachées de la tentative désespérée de Me Agboyibo de revenir à la tête du parti

Togo - Politique
Depuis des mois, le CAR traverse une crise profonde consécutive à la volonté de Me Agboyibo de reprendre la direction du parti par des voies peu orthodoxes.
De façon officielle, Me Agboyibo justifie son désir de revenir à la tête du parti par un appel que lui aurait lancé certains militants, lui demandant de venir sortir le CAR de la ‘’léthargie’’ et contraindre le pouvoir de Faure Gnassingbé à opérer les réformes préconisées par l’Accord Politique Global (APG). Mais il y a une semaine, le Dr James Amaglo, cité par Me Agboyibo comme faisant partie de ceux qui l’ont convaincu de revenir la tête du parti, a fermement démenti, à travers une déclaration rendu publique le mardi 21 mars dernier.

Dans cette réaction, le Dr Amaglo affirme qu’en aucun moment, il n’a proposé à Me Agboyibo de reprendre la direction du parti. Au contraire, il dit avoir rencontré à trois reprises Me Agboyibo pour le persuader d’abandonner son projet de reprendre la direction du parti. Le Dr cite dans sa réaction le nom de M. Binafame comme un témoin de ses efforts de ramener le président d’honneur du CAR à la raison. Voici ce qu’il dit à cet effet : « A la demande de Me AGBOYIBO, j’ai rencontré une deuxième fois ce dernier à son domicile. Tout au long de nos échanges qui se sont déroulés en présence de Monsieur BINAFAME qu’il a invité aussi, j’ai demandé avec insistance au Président d’honneur de mettre fin au débat sur son retour à la tête du CAR et d’accepter, qu’en symbiose avec le Président national, Me APEVON, une mission lui soit confiée dans l’intérêt du parti et du pays ».

Dans notre quête de vérité pour situer l’opinion, nous avons réussi à interroger M. Binafame à propos des déclarations de Dr. Amaglo.

Voici ce qu’il nous dit : «Un dimanche, si j’ai bonne mémoire, c’était le 29 novembre 2015, aux environs de 16 heures, Me Agboyibo m’a appelé au téléphone pour me demander de venir le voir à son domicile à 20 heures. A mon arrivée, il m’a reçu sur la terrasse à l’étage et m’a dit d’attendre quelques minutes, parce qu’il a invité aussi le Dr Amaglo qui va arriver d’un instant à l’autre. Effectivement quelque temps après, Dr Amaglo est arrivé. C’est alors que la rencontre débuta. Prenant la parole le premier, Me Agboyibo a indiqué que s’il m’a demandé de venir, c’est pour vérifier une information que M. Kondo lui a rapportée, et qu’il voulait que Dr Amaglo soit témoin de ce que j’allais dire. Poursuivant, il révéla que M. Kondo est venu ici lui rapporter que je lui ai dit que je suis en précampagne pour Me Apévon en prévision du congrès, parce que il n’y aura pas d’entente possible entre le président national et lui, Me Agboyibo.

Prenant, à mon tour, la parole, j’ai fait observer à Me Agboyibo qu’il aurait fallu, pour la recherche de la vérité, que M. Kondo soit invité à cette rencontre et que je peux refuser de répondre en l’absence de ce dernier. Néanmoins, je lui ai donné ma version des faits de la discussion que j’ai eue la veille avec M. Kondo.

Après ma réponse, Dr Amaglo a pris la parole et pendant de longues minutes, il essayé d’expliquer à Me Agboyibo que tant que la crise suscitée par l’idée de son retour à la tête du parti va persister, les gens viendront lui colporter des choses et cela va envenimer nos relations et entrainer l’implosion du CAR. Par conséquent, Dr Amaglo a supplié Me Agboyibo de renoncer à son projet et mettre ainsi fin au débat qui nous divise.
Il m’a semblé que Me Agboyibo était d’accord, puisqu’il nous a demandé, particulièrement à Amaglo, d’approfondir, pour la prochaine réunion du présidium, la réflexion sur la faisabilité de la proposition consistant à lui confier une mission spécifique. En tout cas, c’est dans la convivialité que nous nous sommes quitté après 22 heures 30 minutes ».

Toujours dans notre quête de vérité, nous avons rencontré d’autres cadres et militants du parti qui sont au faîte de toutes les décisions qui se prennent au CAR. Ils sont très peu à croire que l’idée de reprendre la tête du parti ne vient pas de Me Agboyibo.

Le plus grand nombre des personnes contactées pensent que le Dr Amaglo n’est en réalité qu’un bouc émissaire. Pour ces personnes, le président d’honneur du CAR a planifié d’évincer Me Apévon depuis longtemps. Au-delà des militants, au sein de la classe politique, nombre de ceux qui connaissent l’homme, Agboyibo, ne croient pas un seul instant ce qu’il dit en affirmant que ce sont des militants qui sont venus le solliciter pour reprendre la direction du parti. D’après ces personnes, bien que n’étant le président national, Agboyibo a toujours imposé ses désidératas au CAR.

Ce que Me Agboyibo et ses soutiens ne disent pas publiquement

Officiellement, Agboyibo et ses soutiens avancent deux raisons pour justifier son désir de reprendre la tête du CAR. La première raison, c’est qu’il est la seule personne capable de sortir le parti de sa ‘’léthargie’’. La seconde, c’est que Me Agboyibo est la seule personne à même de forcer la main au pouvoir pour opérer les réformes préconisées par l’APG. On croirait à un messie. Et comme nous ne croyons pas à la libération des peuples par un messie, nous sommes allés au-delà pour découvrir les motivations cachées du bélier noir de Kouvé.

Le travail n’a pas été facile, mais nous avons fini par découvrir ce qui pousse réellement Me Agboyibo à vouloir désespérément reprendre la tête du CAR. Ne dit-on pas souvent que : « le succès se trouve au bout de l’effort ». Ainsi, nos investigations nous ont permis de savoir, de façon péremptoire, que toutes les raisons avancées par Me Agboyibo et son camp sont en réalité un gros mensonge. En fait, le président d’honneur est décidé à reprendre la tête du CAR non pas pour servir l’intérêt général, mais pour s’en servir.

Voici ce que nous a dit un militant membre du comité de préfecture de Yoto, sous le couvert de l’anonymat: «Toutes les raisons avancées par Me Agboyibo pour justifier sa volonté de redevenir président du CAR sont fausses. En vérité, c’est la présidentielle de 2020 qui le fait courir. Me Agboyibo sait très bien qu’il n’a aucune chance d’être candidat à la prochaine présidentielle si Me Apévon demeure le président national. Me Agboyibo et des cadres du parti de notre préfecture ne pardonnent pas au président Apévon d’avoir accepté d’être choisi par le Comité Directeur candidat du parti à la présidentielle d’avril 2015. Au cours d’une de ses réunions, en présence du président d’honneur, notre comité de préfecture a dit que tant que Me Agboyibo et le CAR existeront, le candidat du parti à une élection présidentielle ne peut venir que de Yoto. C’est pour cela que Me Agboyibo a fait tout pour amener le CAR à boycotter la présidentielle d’avril 2015 sous prétexte que les réformes constitutionnelles et institutionnelles ne sont pas réalisées ».

D’après nos investigations, il y a des cadres de Yoto qui qualifient de ‘’Juda’’ (traîtres) toutes les personnes qui s’opposent au retour de Me Agboyibo. Ces cadres se disent prêts à tout, même faire usage de la violence, pour empêcher Me Apévon de demeurer à la tête du parti et de travailler. Nous avons appris qu’il y a trois semaines, des zémidjans originaires de Kouvé, village natal d’Agboyibo, se sont organisés pour exercer des pressions sur le Comité Directeur qui était en réunion ordinaire. Ils auraient menacé de s’attaquer physiquement à certaines personnes soupçonnées d’être les plus actives contre ce retour. D’ailleurs, nous avons appris sur les ondes de la radio Victoire fm, le mardi 29 mars, que des Jeunes Républicains Libéraux (appellation de la jeunesse du CAR), originaires de Yoto, demandent à Me Apévon de quitter la tête du parti au profit de Me Agboyibo. Pire, ces jeunes ont professé publiquement des menaces contre Dr James Amaglo.

Comme on le voit, Agboyibo et certains de ses frères de Yoto sont décidés par tous les moyens de faire main basse sur le CAR qu’ils considèrent comme une entreprise préfectorale. Pourront-ils atteindre cet objectif ? L’avenir nous le dira.

Nous y reviendrons.

L A T