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Messieurs, déclarez vos biens !

Togo - Economie et Finances
De l’Office togolais des recettes (OTR) au ministère de la Santé, en passant par certains services de l’administration, on constate que des agents ou fonctionnaires indélicats sont en train d’être traqués. Les uns pour faux et usage de faux, les autres pour détournement de fonds, comme c’est le cas ces derniers jours au ministère de la Santé. Toutefois, quand on scrute un peu la gestion même du pays et le fonctionnement des institutions et des sociétés d’Etat, on se rend compte malheureusement que ce sont des menus fretins qui sont pris dans le filet.
Il faut le reconnaître, le contrôle et l’interpellation des agents indélicats dans certains ministères et services de l’Etat est à encourager. Ces fossoyeurs de l’économie nationale ont trop longtemps prospéré dans les détournements des deniers publics, dans le faux et usage de faux et d’autres formes de corruption. Seulement, l’on regrette que cette lutte contre la corruption ne se limite qu’à certaines catégories d’individus.

L’article 145 de la Constitution togolaise stipule : « Le président de la République, le Premier ministre, les membres du gouvernement, le Président de l’Assemblée nationale et du Sénat et les directeurs des administrations centrales et des entreprises publiques doivent faire la déclaration de leurs biens et avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de leur fonction ».
Mais tout porte à croire que cette disposition n’a jamais existé dans la loi fondamentale.

Il est toutefois donné de constater que les gros fossoyeurs sont loin d’être parmi les menus fretins qu’on « attrape » dans les ministères et autres services administratifs. Ceux qui saignent à blanc cette économie sont là, hautement perchés, sans inquiétude et courent tranquillement les rues. A peine ils sont arrivés aux affaires, on les voit quelques jours après dans une opulence criarde.

Quand on met la main sur des médecins qui se sont partagé 80 millions de nos francs sur un projet destiné à la population, il faut pouvoir aussi demander des comptes, publiquement bien sûr, à ceux qui avaient détourné des milliards à la tête du Fonds d’entretien routier (FER).

Lorsqu’on s’apprête à mener des enquêtes dans le ministère de la Santé pour mettre hors d’état de nuire ces vautours prêts à sauter sur les fonds des partenaires, le bon sens demande qu’on inquiète également Sam Bikassam, dont la gestion a mis complètement à terre la société de téléphonie Togo Telecom. Inutile de revenir sur les conséquences qui découlent aujourd’hui de la descente aux enfers de cette société. Ce sont malheureusement les pauvres populations togolaises qui ressentent la dure réalité. Ceux qui ont « descendu » Togo Telecom se la coulent douce encore ailleurs.

Pendant qu’on met la main sur un inspecteur du fisc qui a touché une enveloppe de 5 millions de F CFA lors d’un contrôle dans une entreprise de la place, l’idéal serait aussi de permettre à Etienne Bafaï, ex-Directeur général de la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI) de s’expliquer sur le scandale financier qu’a connu cette institution sous sa direction.

La liste de ces gros poissons qui, au nom d’un certain copinage avec des sommités, arrivent à la tête des sociétés d’Etat sans déclarer leurs biens, et se permettent de les piller à volonté, est longue.
Combien de fois la presse locale n’a pas interpellé le chef de l’Etat et son gouvernement à déclarer leurs biens ? Sous d’autres cieux, cela se fait, et très naturellement. Mais ici, les dirigeants togolais semblent enlever cette disposition de la Constitution. Aujourd’hui, les ministères sont gérés comme des épiceries. Les privilégiés bénéficient de gros budgets qui, à la fin, ne rapportent presque rien au peuple qui « se tord de misère ».

Parallèlement, le pillage continue. Les détournements et la corruption ont visiblement de beaux jours devant eux. La Cour des comptes est presque inexistante dans le pays. Cette institution qui pourrait rappeler à ces « messieurs » l’obligation qui leur est faite de déclarer leurs biens est perdue dans la masse. Et l’économie en souffre énormément !

Et dira l’autre : « Mon pays va mal ! ».

I.K.