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Que reste-t-il de 'la loi Bodjona' ?

Togo - Politique
Après des débats houleux, les députés avaient voté le 29 Avril 2011 la loi sur les manifestations publiques. Contre vents et marées, Pascal Bodjona, alors ministre de l’Administration territoriale avait mené à destination ce projet de loi qu’il qualifia d’"avancée notable" qui venait "combler un vide juridique" dans la régulation des manifestations publiques au Togo. Que reste-t-il de cette fameuse "loi Bodjona" 5 ans après ?
A cette question, les témoignages sont plus parlants que les récits. Que ce soit des manifestations publiques, politiques ou sociales, le gouvernement, par des arguties, s'y opposent toujours. Aujourd'hui, les manifestations publiques restent quasi interdites au Togo. La contribution des forces de l'ordre et de sécurité, et même de l'armée, est d'un grand secours pour le régime à cet effet.

Les manifestations mortellement réprimées de Mango, les répressions sanglantes des protestations des étudiants à l’université de Lomé, la guerre sans répit livrée aux protestations des partis politiques et ce matin, l’énième interdiction qu’a essuyée le MMLK du pasteur Edoh Komi qui s’insurgeait contre le flou qui entoure l’instruction judiciaire du dossier du meurtre de la compatriote Feue Djogbessi Akossiwa, retrouvée morte dans le puits d’un Nigérian le 15 Janvier 2015 .

Pourtant, à en croire les députés de l'opposition à cette époque, la "loi bodjona" visait à éviter ces violences inouïes sur les manifestants qui ne demandaient qu’à exprimer leur mécontentement face à une situation donnée et à un moment précis de la vie politique et sociale du pays.

"Désormais, les organisateurs de manifestations ne sont plus tenus d'obtenir l'autorisation préalable de l'autorité, il suffit juste de l'informer" expliquait un député de l’opposition en 2011.

Aujourd'hui, il est donné de constater que la liberté de manifestation n'existe plus au Togo. Et pour cause, de nombreux stratagèmes ont été élaborés du côté du pouvoir pour remettre en cause cette loi. Les manifestations sont purement interdites sans motivation.

Ceux qui s’y opposent s’exposent à la colère des forces de l'ordre et de sécurité, appuyées la plupart du temps par des éléments de l'armée qui, au lieu de défendre l’intégrité territoriale et assurer la protection du peuple, se retournent contre ce dernier et l'arrosent de balles réelles. La répression sanglante de Mango en novembre dernier en est l'illustration parfaite.

Bien malins ceux qui peuvent mener à terme une manifestation publique, sans se faire traiter de "politiquement manipulés". Au-delà de la volonté de réduire le peuple au silence, on constate une volonté malsaine de ramener les instruments juridiques dont dispose le pays aux humeurs d'une certaine catégorie d'individus.

D’aucuns se demandent ce qui reste de l’œuvre du l’ancien bras droit de Faure Gnassingbé devenu soudainement chou gras de l’opposition depuis son séjour à la prison civile de Tsévié pour une rocambolesque affaire d’escroquerie internationale.

Il est d'ailleurs clair pour tous aujourd'hui qu'ici, une manifestation publique (politique ou sociale) n'a lieu que si la minorité au sommet le décide. On n'a visiblement que faire des lois et textes qui régissent la vie du pays.

Tout simplement, ici, c'est Togo!

A.L