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Eglises ou entreprises : Le Togolais n’en peut plus

Togo - Religion
Le phénomène est général en Afrique. Mais pour un petit pays comme le Togo, les répercussions créent des frustrations. Le phénomène des églises dites "éveillées" ou "réveillées", qu'on "ramasse" dans tous les coins de rue commence par inquiéter. Entre chômage accru des jeunes diplômés et pauvreté extrême, "l’entrepreneuriat privé spirituel", comme on peut l’appeler, semble prendre de l'envol, et tout porte à croire que l’objectif, une église par ménage à l’horizon 2030, est lancé.
L’église est tristement devenue un fonds de commerce dans une société meurtrie et prise en otage par une pauvreté indescriptible. Chaque année, des centaines de jeunes, à force de broyer du noir, finissent par se retrouver dans la peau d' "hommes de Dieu", après quelques mois au Ghana ou au Nigeria pour se familiariser avec l'anglais.

En dépit des congrégations chrétiennes traditionnelles, ce sont des pseudos églises charismatiques qui envahissent les rues à Lomé. Jadis l’apanage des personnes quelque peu âgées avec un air très peu lucides, l’entrepreneuriat spirituel a connu de nos jours un regain d’intérêts des jeunes qui savent se reconvertir en un temps record, parfois avec un bref passage dans des instituts théologiques de la sous-région, le Nigéria en occurrence.

"La moisson du Seigneur abonde, mais les ouvriers sont peu nombreux" déclarent les écritures saintes dans Luc 10:2. C'est avec ce verset biblique qu'ils justifient leur nouvelle mission.

C’est ainsi que le Seigneur Jésus envoyaient ses disciples conquérir les âmes en ces termes : "Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé…" Marc 16 :15.

Au Togo, précisément à Lomé, la mission semble avoir été accomplie au-delà des attentes au point de semer des troubles dans la société. La moisson semble insuffisante à ces ouvriers partisans de moindre effort, toujours accrochés à la bourse des fidèles de leur soi-disant église. Pendant ce temps, des âmes meurent, assoiffées de la vraie évangile de Jésus-Christ, surtout dans des contrées de l'intérieur du pays. Puisque là, il n'y a pas assez de riches pour leur gonfler les poches.

Des chrétiens dans les garages et boutiques

Il leur suffit de se trouver quelques bancs ou des chaises, une bible, un dispositif de diffusion de masse (mégaphone, ampli, baffles et microphone) et quelques membres de leur famille, et le bruit commence. L’étape suivante sera de se faire un effectif et multiplier les heures d’adoration, et par ricochet accroître le revenu lors des quêtes.

A Hédzranawé à Lomé, une quinzaine d’églises ont été recensées dans un rayon d'1 km². Un record à l’actif de la forte concentration de la communauté nigériane dans ce secteur.

Des méthodes de cohabitation très peu orthodoxes

De nouvelles méthodes hostiles à la quiétude sociale ont vu le jour avec ces micros églises de rue. Des prières très charismatiques dans des langages confus et inaudibles que seuls les initiés, « oins de dieu » (comme eux-mêmes les appellent), peuvent comprendre. Pour des rencontres dans un garage entre une dizaine de personnes (effectif de l'église), c’est le bruit qui en ressort peut occasionner des migraines aux voisins.

Sans se soucier du voisinage et des heures de repos, les ténors de ce désordre public n’ont presque pas de respect pour le repos des citoyens. Pourtant, les chrétiens ne représentent que 25% de la population togolaise, et s’il faut rentrer dans les détails, le taux de ces individus qui se réunissent dans les dépôts et garages aux heures tardives n’avoisine pas les 5%.

Les pseudos pasteurs de ces églises poussent leur avidité à l’arnaque des jeunes femmes, surtout celles qui sont des commerçantes et disposent d'une situation financière stable. Ces pasteurs leur proposent des prières qui sont payées. Sans oublier que pour voir ces supposés hommes de Dieu, il faut payer le droit de visite qui s'élève parfois jusqu'à 5 000 FCFA.

Aux jeunes chômeurs, des prières pour trouver de l’emploi. Aux couples angoissés par la stérilité, des prières pour que Dieu leur donne des enfants. Aux jeunes femmes, pour trouver un mari, sans oublier que dans la plupart de ces cas, ces pasteurs finissent par coucher avec elles.

Bref, ces prophètes, apôtres, docteurs (des titres ronflant qu'eux-mêmes se donnent) savent jouer sur les besoins et les sentiments de la population pour se garnir un salon bien tapé dans une villa que payent les offrandes des miséreuses brebis, dont ils sont incontestables bergers.

Il n’est pas ici question de jeter l’opprobre sur la religion chrétienne, loin de là ! Peut-être que parmi eux, il y en a qui sont sérieux et servent Dieu avec un cœur sincère.

Le Togo est un pays laïc, mais la désobéissance liée au respect des règles qui régissent le secteur a doublé d’allure. Le Seigneur Jésus dont ces gens se revendiquent disciples, a eu un parcours tout à fait exemplaire, parsemé de bonnes œuvres gratuites et d’une vie qui reflète ses enseignements.

Combien de ces pseudos pasteurs au Togo n’ont-ils pas été impliqués dans des affaires sales : déterrements des squelettes dans les cimetières, liaisons avec des tueurs en série, escroquerie liées aux affaires de faux passeports et de litiges fonciers, empoisonnements?

Mais c’est lorsque ces prestidigitateurs s’invitent aux fenêtres de maisons à 4 heures du matin à coups de mégaphones ou qu’ils se retrouvent à demander de l’aumône aux carrefours que le ras-le-bol s’installe. N’est-ce pas du harcèlement !

A.L