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Jean Pierre Fabre sacré chef de file de l'opposition: Des voix discordantes fusent

Togo - Politique
Le nouveau statut de l’opposition adopté en début de semaine et qui confère des droits ainsi que des devoirs au chef de file de l’opposition Jean-Pierre Fabre fait déferler une vague de contestations de ses compères. Après Me Dodji Apévon, président du Comité d’action pour le renouveau, qui a balayé du revers de la main ce statut sur les ondes de RFI c’est au tour de Jean Kissi, Abass kaboua, Me Mohamed Tchassona Traoré (MCD) et de Gérard Adja, vice président de l’Obuts.
Si Jean-Pierre Fabre estime être le chef de file de l’opposition togolaise par ricochet bénéficiaire de ce nouveau statut, les autres responsables de l’opposition qui autrefois étaient ses frères de lutte ne le voient pas de cet œil. Après que le ton des contestations ait été donné par Me Dodji Apévon, s’en est suivie celle de Frédéric Abass kaboua.

Face à la presse ce jeudi 28 janvier, il a accusé Jean-Pierre Fabre d’usurpation de titre. D’après lui, le titre de chef de file de l’opposition doit revenir au coordonnateur du Cst, Me Zeus Ajavon.

« On doit tout refaire et même si c’est pour 5 minutes on doit se revoir pour se mettre d’accord. Le Cst n’est pas dissout et depuis l’indépendance c’est le contre poids que ce régime n’a jamais connu. C’est le Cst qui nous a amené là bas et ce titre doit aller à Me Zeus Ajavon. Le statut ne parle pas nécessairement de parti politique mais de regroupement de partis politiques », a-t-il pesté.

Des réactions d'autres responsables de l'opposition ont aussi été enregistrées alors qu’ils étaient reçus sur une radio de la place ce jeudi.
Pour Me Tchassona Traoré président du Mcd, le décret de statut de chef de file de l’opposition est le cadet des soucis des togolais.

« Avec tous ces problèmes que les togolais ont, le gouvernement se permet d’adopter ce décret et ce n’est pas de cela le peuple a besoin en ce moment. La priorité n’est pas à ce niveau ». Il trouve inopportun d’adopter un décret d’application d’une loi alors qu’elle est disputée.

« Cette loi a soulevé des polémiques et nous croyons qu’avec toutes les revendications qui l’entouraient, on devrait amener les gens à un consensus par rapport à cela, du moins au niveau de l’assemblée nationale », a-t-il indiqué.
Et de continuer : « Cette loi doit être applicable à toutes les situations qui se présenteront mais en l’état actuel, elle pose problème à deux niveaux. Demain si nous avons des élections législatives qui donnent une autre composition à l’assemblée nationale, on aura un couac ».

Propos corroborés par le député du Car, Jean Kissi qui a rappelé avoir toujours contesté cette loi lors de son vote à l'hémicycle. Il estime que ce n’est pas parce qu’une loi est votée qu’elle doit être obligatoirement acceptée. A l’en croire, ce décret est une pure manipulation qui s’apparente à un os jeté aux chiens pour que ces derniers se crêpent les chignons.

« C’est un divertissement pour que l’opposition se querelle et ils vont mijoter leur plan. Donc ce n’est pas le décret qui nous intéresse », a-t-il martelé.

A la question de savoir si le décret d’application de cette loi votée depuis le 13 juin 2013 devrait faire l’objet de contestation, Docteur François Kapamtibe de l’Addi estime qu’à voir la subite adoption de ce décret, il y a anguille sous roche.
« Nous nous sommes entendus de ne pas polémiquer sur ce sujet. Nous avons constaté le décret adopté par le gouvernement et l’on pouvait dire que c’est un pas vers la démocratie mais hélas. Il s’agit encore de la démonstration d’une mauvaise gouvernance. Que de garder une loi pendant 3 ans et pour des raisons quelconques on se réveille pour prendre son décret d’application. Nous ne voulons pas tellement en discuté mais on a l’impression que cela cache quelque chose », a-t-il argumenté.

Il a dans la foulée rappelé les conditions dans lesquelles, le Cst a présenté ses candidats aux législatives.

« Au sein du Cst, les choses étaient un peu différentes qu’au niveau de l’Arc en ciel. Dans le Cst, chaque parti se battait en son nom pour avoir des députés. La complexité est qu’on a été en liste et que sur une même liste il y a plusieurs partis. Mais quand on prend le bulletin on voyait chaque parti sous la bannière du cst. Donc c’est bien le Cst qui a investi les partis politiques mais ce n’était pas le Cst en tant que nom de regroupement de partis politiques car il comportait aussi la société civile ».

Gérard Adja, vice président de l’Obuts n’a pas manqué à la liste des contestataires du décret d’application du statut de l’opposition. Il craint une scission de l’opposition qui devrait faire preuve de maturité.
« Là n’est pas le problème. Ce décret va diviser l’opposition si elle ne se remet pas en cause pour réfléchir. Il est vrai que cette loi est contestable parce qu’il y a certains endroits qui ne sont pas bien définis. Il fallait définir des conditions avant toute chose. Cette loi est querellée et il fallait la réviser avant d’adopter son décret ».

Gerard Adja n’est pas du tout allé de main morte pour manifester sa désapprobation. Persuadé que Jean Pierre Fabre s’est autoproclamé le chef de file de l’opposition, il a tout de même convié à contribuer à la révision de cette loi.

« Le parti qui se sent bénéficiaire devrait en principe contribuer à rectifier la loi avant de se prévaloir des avantages. Mais s’il ne le fait pas et s’autoproclame chef de file de l’opposition, et veut bénéficier c’est dommage », a-t-il regretté avant de revenir sur l’accord que les partis politiques membres du Cst avaient fait à la vielle des législatives.

« Au cst, nous n’avons jamais dit que les partis politiques allaient aux élections en leur propre nom. Le coordonnateur a dit lors de l’investiture des candidats « si nous nous battons c’est pour le Cst et chaque candidat est investi au nom du Cst ». Je ne vois pas maintenant pourquoi on dit que chaque parti travaillait pour son propre compte ».

Au bout du compte, il est flagrant que si la vraie intention du gouvernement, en adoptant ce décret était de créer la zizanie au sein de l’opposition, c’est chose réussie.

SJ