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Réussite Diaspora : Suffira-t-elle pour réconcilier la Diaspora avec le pouvoir Togolais ?

Togo - Societe
Depuis lundi dernier se tient dans les locaux du ministère des Affaires Etrangères la première édition de l’initiative Réussite Diaspora. Une initiative conçue par le très dynamique patron de la diplomatie togolaise, Robert Dussey pour honorer les togolais de l’extérieur qui excellent et innovent dans différents domaines. Sur cent cinquante (150) nominés identifiés, sept ont été primés lundi dernier pour leurs talents et leur Réussites. Une initiative par laquelle, le pouvoir togolais veut, selon le ministre Dussey corriger une erreur, celle qui fait que les nombreux talents et réalisations des togolais de la diaspora, sont méconnus de leur compatriotes. Un mea-culpa du pouvoir togolais qui ouvre le débat sur le long tableau de désamour et de déception entre les togolais de l’extérieur et le pouvoir cinquantenaire de Lomé. Analyse !
La diaspora Togolaise du père Gnassingbé au fils !

Longtemps considérée comme le bailleur de l’opposition, la diaspora togolaise a toujours été prise en faïence par le pouvoir de Feu Eyadema durant ses 38 ans de règne. En effet, dans les faits elle était le principal poumon de la contestation du pouvoir du timonier d’alors. Composée en majorité des victimes directes ou collatérales du système Eyadema, la posture de ces togolais de l’extérieur était une posture de revanche sur un pouvoir qui les a contraint à quitter leur pays, le renverser puis contribuer à créer ensuite une nouvelle nation où eux, fils et filles de l’extérieur pourront revenir aisément s’installer et tenter leur chance. Pendant quatre décennies les relations entre la diaspora togolaise et le pouvoir locale a été faite de défiance, de dédains, de campagne de diabolisation et de contre-offensive animés de part et d’autres par des réseaux bien huilés. La funeste initiative de « Diaspora Positive » initiée entre temps, en 2002, par un certain Mawutoè d’Almeida, alors ministre de derniere minute de feu Eyadema n’a rien changé du décor.

La situation a été telle jusqu’à ce que ne succède au père, le fils de la nation en 2005. Sous la nouvelle ère promis par Faure Gnassingbé, des lobbyings ont été menés à l’endroit de cette diaspora pour effacer le triste tableau de faïence entretenue durant quatre décénnies, et relancer de nouvelles relations de confiances. A son acquis, le pouvoir de Faure Gnassingbé à réussi à faire retrouver à ces togolais qui ont longtemps été les figures de proue de l’opposition de l’extérieur le gout du revenir chez soi, sur sa terre d’origine sans être aucunement inquiété. La garantie sécuritaire était donc désormais acquise pour ces togolais qui étaient hier considérés chez eux comme des ennemis, des déstabilisateurs. Le nouveau régime de Lomé a voulu aller plus loin. Dans la foulée des démarches d’intégration politiques ont été entreprises afin de ramener des togolais de l’extérieur à venir travailler avec l’homme de la nouvelle ère. Le plus grand des acquis dans ce registre a été le débauchage de Gilbert Fossoun Houngbo. Natif d’Agbandi, localité situé à 250 km de Lomé, dans la région centrale, ce keynésien dans sa discrétion était le patron Afrique du Pnud avant que les réseaux de Faure ne le séduisent à venir construire un nouveau Togo avec le jeune président. L’entente n’aura duré que quatre ans.
Malgré lui, l’onusien s’est résolu à admettre que le bon sens, n’était pas la chose la mieux partagée au sein du régime togolais. Sa dévotion, sa volonté et son optimisme ne suffisaient pas pour changer les vieilles habitudes du système. Au finish, le zèle, la défiance, l’insoumission et les petits esprits ont fini par le contraindre à jeter le tablier pour retourner là d’où il venait : les nations-unies.
Pourtant le pouvoir de Lomé avait semblé vouloir faire de Gilbert Houngbo, l’éclaireur qui devrait désamorcer la méfiance que les togolais de l’extérieur continuaient de nourrir à l’endroit du pouvoir local malgré la nouvelle ère tant clamée. Mais au finish, que nenni ! Houngbo est parti et il ne compte plus jamais s’approcher du pouvoir de Lomé. Il se souvient que dans une interview accordée en 2014 (soit deux ans après son départ ) au confrère afrik.com, à la question de savoir s’il compte un jour s’engager à nouveau dans la vie politique au Togo, il a été clair, précis et sans ambages. « Non, c’est terminé », a-t-il répondu fermement.
Il se souvient également sous l’ère Houngbo, une cellule avait été mise en place pour la promotion et la mobilisation de la diaspora au chevet de la mère patrie. Même l’idée d’une banque de la diaspora avait été émise. Mais depuis, l’initiative est demeurée à l’étape d’annonce.

Le mal, c’est moi-même

En effet, mobiliser la diaspora impose d’abord au pouvoir de Lomé de prendre le courage de se voir dans le miroir. Il va de soi, qu’on ne saurait réussir une telle initiative sans faire un diagnostic sincère sur ce qui a contraint ces togolais à immigrer ; est-ce que l’environnement actuel est propice à leur retour ? Est-ce que les esprits ont évolué ? Quelle garanties l’Etat donne pour la réussite sereine de ces togolais en désamour profond à croire désormais en leur pays ?
Il est bien beau de décerner des trophées à des togolais qui ont réussi à l’extérieur. Mais pourquoi ils n’ont pas pu réussir chez eux ?
Avec un pouvoir qui a du mal à reconnaitre aux deux millions de togolais de l’extérieur le droit de Vote, un pouvoir qui n’a aucune gêne à mettre encore en vitrine les nostalgiques de l’ancien ordre ; avec un environnement économique régenté par le militantisme politique, où une minorité de courtisans -quoique le patron de la nation l’ait dénoncée- continue allégrement de faire sa loi avec un dédain total pour la transparence , le mérite, le respect de l’égalité des chances, la compétence; dans un environnement juridique où le dénis de droit est légion, où la justice est devenue un instrument de règlement de compte politique ; dans un environnement social dominé par des esprits grincheux fermés à toute idée innovante et à toute contradiction, il serrait difficile de convaincre ces togolais de la diaspora à croire aujourd’hui que leur pays a profondément changé.
Le Togo de Faure Gnassingbé est mieux que le Togo d’hier ! Il n’y a point de polémiques à faire là-dessus.
Mais il faut également accepter que les faits et gestes, bref la vitrine que présente le pouvoir de Lomé, ne contribue en rien à désamorcer cette méfiance légendaire qu’a toujours nourrie la diaspora à son endroit. Ils sont nombreux ces togolais de l’extérieur qui pendant leur vacances ne cachent pas leur lassitudes de rester à l’extérieur et leur envi de revenir s’installer au pays. Mais il y a toujours ces pesanteurs politico-socio-économiques qui émoussent leur envi.
Il revient au pouvoir de Lomé de corriger sa vitrine afin de construire quelque chose de solide avec ces togolais de l’extérieur qui à eux-seules injectent dans l’économie nationale plus du triple de ce que le Togo va quémander chaque année auprès des bailleurs extérieurs.