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Candidature unique de l’opposition:Le CAR dans une logique de sabotage de la dynamique unitaire

Togo - Politique

Union, candidature unique, réformes ; voilà ce que criaient les partis membres de l’opposition, regroupés en conclave depuis le 29 juillet 2014. Mais tout le monde ne semble pas jouer franc jeu. La dernière illustration est offerte par l’attitude du Comité d’action pour le renouveau (CAR). Le parti de Me Dodji Apevon est visiblement dans une logique de sabotage de la dynamique enclenchée. Avec toujours derrière la main du grand gourou, Me Yawovi Agboyibo.
Un communiqué qui explique tout

C’est passé presqu’inaperçu, mais les lecteurs attentifs l’ont remarquée. Le Comité d’action pour le renouveau CAR n’a pas signé le communiqué conjoint assez optimiste du Collectif « Sauvons le Togo » et de la Coalition Arc-en-ciel, suite à la reprise du conclave ce mardi. De même que le Mouvement citoyen pour la démocratie (Mcd). Le cas du parti de Me Tchassona Traoré n’est pas étonnant, puisqu’ayant annoncé son retrait de la Coalition et du conclave suite à la polémique sur la désignation de Me Dodji Apevon comme porte-flambeau de la Coalition pour la candidature unique de l’opposition. Les observateurs avisés ont tout de suite flairé un problème derrière cette non apposition de signature au communiqué conjoint. Et les faits n’ont pas tardé à leur donner raison.

« (…) Le CAR est en désaccord avec les signataires du communiqué (du conclave, Ndlr) sur les questions de candidatures. Il réaffirme que ces questions ne doivent être abordées qu’après les réformes. Le CAR déplore que l’Arc-en-ciel ait été engagée par certains de ses membres sur les questions de candidatures sans un consensus intervenu au sein de la Coalition », lit-on dans un communiqué rendu public vendredi par le parti qui a écrit la veille aux modérateurs du conclave, Me Zeus Ajavon et Dr Georges Kuessan pour « réitérer son désaccord à propos de la démarche consistant à faire de l’amalgame entre la bataille pour les réformes et la question du choix d’un candidat unique de l’opposition ». Aussi bien dans la lettre que le communiqué, le CAR a utilisé assez de langue de bois. Mais l’essentiel à retenir, c’est que le parti a refusé de signer le communiqué conjoint du Cst et d’Arc-en-ciel parce que pour lui, la question de la candidature unique de l’opposition devrait être abordée seulement après celle des réformes. Tout rapprochement fait, on se rend à l’évidence que c’est le CAR qui avait claqué la porte mardi à la reprise du conclave, tel qu’annoncé par certaines sources.

Mauvaise foi des dirigeants du CAR

Le CAR qui se fâche et crie au scandale sous prétexte que ses camarades du conclave ont privilégié le règlement de la question de la candidature unique de l’opposition ? Doit-on rire ou pleurer ? C’est pourtant un combat que le parti a fait sien depuis quelque temps.

On se rappelle, au début ou un peu avant l’ouverture du conclave, certaines formations politiques n’avaient pas trouvé indispensable la candidature unique de l’opposition, mais insistaient plutôt sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles, et les conditions de transparence et d’équité du prochain scrutin. C’est évident que même si l’opposition présente un candidat unique, il ne ferait rien si le scrutin s’organise dans les conditions dans lesquelles il est préparé par le pouvoir. La 2e Vice-présidente de l’Alliance nationale pour le changement (Anc), Me Isabelle Ameganvi était à l’époque allée sur cette piste au cours de ses interventions médiatiques. On se rappelle que cela lui avait valu des médisances, et à travers elle, son parti était attaqué. Les sommités du parti des « déshérités » s’étaient particulièrement offusquées de cette position et avaient pris à cœur la problématique de la candidature unique. Certains dirigeants avaient même fixé tacitement un deadline à leurs camarades de l’opposition pour régler cette problématique. D’ailleurs, c’est la Coalition qui a été le premier regroupement à choisir son candidat, en la personne justement de Me Dodji Apevon qui se trouve être le président du…CAR. Et cela a été fait le 27 août 2014 alors même que la question des réformes n’était pas réglée ! C’est donc curieux que le parti crie aujourd’hui au scandale parce que ses camarades du conclave veuillent aborder la problématique de la candidature unique qui est visiblement la seule alternative qui reste à l’opposition devant l’opacité du pouvoir à tous les appels pour la mise en œuvre des réformes. Qui trompe qui ?, dira l’autre.

Manœuvres politiciennes, logique de sabotage

A travers cette sortie, le parti de Dodji Apevon veut feindre d’être le plus préoccupé par les réformes constitutionnelles et institutionnelles et surfer sur la tendance du moment. En effet, l’heure est à la réclamation de ces réformes, et les appels se multiplient en ce sens. Eglises (catholique, évangélique presbytérienne et méthodiste), représentants diplomatiques (Union européenne, Système des Nations Unies, France, Allemagne et Etats-Unis), société civile…toutes ces entités les réclament. Ce petit jeu lui permettrait du coup de présenter les autres parties prenantes comme ne voulant pas de ces réformes, et les jeter à la vindicte populaire. Mais ce que le commun des Togolais ne semble pas percer, c’est que derrière ce combat du CAR pour les réformes, se cache des desseins inavoués.

Pour des observateurs, le CAR est simplement dans une logique de sabotage, et il veut prendre prétexte sur cette affaire pour foutre le bordel. « Il s’agit d’’une simple agitation, et les vraies motivations sont ailleurs. C’est beaucoup de bruit pour rien. Je ne pense pas que les autres parties prenantes du conclave soient contre les réformes. On est juste devant une situation qui recommande de prendre la bonne résolution (…) Le parti fout ce bordel simplement parce que ses dignitaires se rendent à l’évidence qu’avec le choix de Jean-Pierre Fabre comme candidat de l’Anc et qui serait plébiscité au Cst, leur pion choisi n’a aucune chance de se voir désigner candidat unique. Il faut donc pour le parti, tout casser », relève un ancien politique, et de révéler que le très bling-bling SG du parti qui fait la pluie et le beau temps, aurait dit dans un cercle fermé que son parti « n’appellera jamais » à voter Jean-Pierre Fabre. « Je doute fort que le parti au complet soit derrière tout ça ; je vois plutôt le camp du grand gourou qui manœuvre depuis longtemps pour se présenter au nom de l’opposition », relativise un autre. Et comme pour apporter de l’eau à son moulin, c’est le Secrétaire général du parti, Jean Kissi, que l’on dit très proche du grand gourou manipulateur, qui a signé ce communiqué aussi important.

Le CAR toujours avec le groupe ?

Les deux regroupements ont réaffirmé « la nécessité de faire de l’alternance politique une réalité en 2015, dans le but de gouverner ensemble et autrement et de redonner espoir aux populations » et, soucieux de créer les conditions de mise en œuvre de cette vision, ont décidé « de mettre en œuvre une stratégie commune de lutte pour obtenir les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales avant les prochaines élections ; de présenter un candidat unique à la prochaine présidentielle et des candidatures communes aux prochaines élections législatives et locales ; de mutualiser toutes leurs énergies lors des échéances électorales à venir (présidentielle, législatives, locales) ; de désigner incessamment et de présenter au peuple togolais le candidat unique pour l’élection présidentielle de 2015; de construire une nouvelle dynamique de l’opposition ouverte à toutes les forces vives de la nation, notamment les partis politiques, la diaspora, les organisations syndicales et de la société civile désireuses d’apporter leur contribution à l’alternance politique en 2015 ; d’adopter un programme commun de gouvernement pour la direction du pays dans les années à venir ». Autant d’idées vertueuses. Le CAR est-il toujours avec le groupe et en phase avec ces idéaux ?

C’est la question qu’il urge de se poser, après cette sortie tonitruante. D’autant plus que dans le communiqué, le parti n’a pas été clair. Le CAR avaliserait-il le candidat unique que le reste du groupe en conclave viendrait à désigner ? Les jours à venir le diront. Mais s’il adoptait une attitude contraire, il se positionnerait comme l’ennemi de l’alternance. Et il est opportun de rappeler les propos d’avertissement de la Secrétaire générale par intérim de la Convention démocratique des peuples africains (Cdpa), Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, dans une interview accordée début août au confrère afreepress : « (…) Je ne pense pas de toute façon qu’un parti, au jour où nous sommes, dans le contexte actuel, oserait prendre position contre cette candidature. Même si dans nos efforts pour les réformes, nous arrivons à obtenir les deux tours de scrutin, la position correcte à avoir, c’est de se dire que nous irons quand même ensemble, nous aurons un seul candidat. Parce que dans la situation actuelle, il est clair que celui qui oserait faire route tout seul, celui-là est dans une logique de faire perdre l’opposition et de faire gagner le pouvoir. Il est dans la logique que le pouvoir doit demeurer après 2015 et par conséquent, il cherche à pouvoir coopérer avec lui. Mais je suis convaincue que les Togolais sont des gens qui réfléchissent, analysent, voient les actes que chacun pose, les populations sauront sanctionner. En tout cas, la CDPA appellera à ce qu’ils soient sévèrement sanctionnés ». C’est dit.

Tino Kossi