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Le Nepad : Quelles chances pour l’Afrique ?

CHRONIQUE - Finances et Economie
  La toute nouvelle donne du débat sur le développement économique du continent noir est le NEPAD, le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique. Mais, ce gigantesque projet, axé sur l’intégration africaine et le financement des secteurs prioritaires de l’économie par des apports privés, est malheureusement très peu connu de la majorité des Africains eux-mêmes.

Le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nopada) ou Nepad (New partnership for african development, en anglais) est le résultat de la fusion de deux documents. L’un, le Programme de renaissance de l’Afrique pour le nouveau millénaire, a été conçu par le chef de l’Etat Sud africain, Thabo Mbéki, en collaboration avec Olusegun Obasanjo du Nigeria et l’Algérien Bouteflika . L’autre, le Plan Oméga, est l’œuvre du Sénégalais Abdoulaye Wade.

Travailler la croissance économique

L’accent est mis sur des secteurs prioritaires : infrastructures; ressources humaines (éducation, développement des compétences, inversion de la tendance à la fuite des cerveaux); santé; technologies de l’information et de la communication; agriculture; énergie; accès des exportations africaines aux marchés des pays développés. Le volet le plus important du projet en termes de volumes et de besoins en investissements est celui des infrastructures.

Le Nepad se fonde sur les échecs passés des différents projets et programmes en faveur du continent. Basés sur l’aide et la dette, ces projets ont conduit le continent dans un cercle vicieux dont il lui faut sortir. L’Afrique a aujourd’hui plusieurs défis (politiques, techniques, économiques et sociaux) qu’il faut fédérer et relever ensemble.

Le Nepad se veut une vision à long terme du programme de développement du continent noir. Il propose des activités à court et long terme des projets de lutte contre la pauvreté qui devront, par un effet d’entraînement, influer sur les autres priorités non prises en compte directement par le présent plan.
Les objectifs à long terme sont de deux ordres : éradiquer la pauvreté et mettre fin à la marginalisation du continent; promouvoir le rôle des femmes dans toutes les activités.

S’appuyer sur les regroupements sous-régionaux

Le but est de parvenir à maintenir une croissance de plus de 7 % du PIB pendant les 15 prochaines années ; de réduire de moitié le pourcentage des personnes vivant dans une extrême pauvreté ; de scolariser tous les enfants en âge scolaire ; de supprimer les disparités homme-femme ; de réduire les taux de mortalité infanto-junévile de deux tiers ; de réduire les taux de mortalité maternelle de trois quarts ; d’assurer les services de santé de reproduction. Tout cela, d’ici 2015. Les résultats attendus sont la croissance économique, le développement et l’augmentation des emplois, la réduction de la pauvreté et des inégalités, la diversification des activités de production, l’amélioration de la compétitivité sur le plan international, une augmentation des exportations et, enfin, une meilleure intégration de l’Afrique.

Les dirigeants africains initiateurs du projet ont proposé un programme d’actions détaillées qui sont autant de conditions nécessaires pour la réalisation du développement durable. Ce sont la paix, la sécurité, la démocratie et la bonne gouvernance, la gouvernance économique et la gouvernance des entreprises. Sur ce point, il est prévu un travail de réflexion des ministres en charges des finances et des responsables des banques centrales sur les pratiques en matière de gouvernance économique et de gouvernance des entreprises. Ceux-ci devront proposer au comité des chefs d’État (composé des cinq chefs d’État initiateurs du projet et de dix autres à raison de deux par région) chargé de la mise en œuvre des recommandations qui seront ensuite soumises aux États africains pour application.

Résoudre l’épineux problème des conflits

Dans son approche, le projet se base sur les regroupements sous-régionaux actuels (Afrique de l’Ouest, du Centre, du Nord, de l’Est et australe) comme pôles de développement. L’intégration économique de ces sous-régions permettra une plus grande rentabilité des investissements extérieurs grâce aux économies d’échelle rendues ainsi possibles et qui ouvrent sur une plus grande compétitivité à l’échelle mondiale.
Le projet met l’accent sur les services publics régionaux (transports, énergie, eau, informatique et télématique, santé, environnement et recherche), avec une mise en œuvre de projets communs obéissant aux programmes de développement nationaux et régionaux.

Pour atteindre l’objectif d’une croissance annuelle de 7 %, l’Afrique devra, selon les initiateurs du Nepad, combler le déficit annuel de 12 % de son PIB (64 milliards US$). Pour cela, il faudra une augmentation de l’épargne locale, une amélioration de la perception des recettes fiscales. Mais, le Nepad aura besoin à court et moyen termes d’un accroissement de l’Aide Publique au Développement (APD) et d’un allègement plus important de la dette.

Cette initiative est bonne; c’est une chance à saisir. Tel que conçu, le Nepad est un bon cadre de dialogue en ce sens qu’il reprend et agrège tous les principaux problèmes de développement du continent.

S’atteler à sensibiliser les populations afin de réquérir leur adhésion

Mais, il serait intéressant également de tirer les leçons des échecs du passé. Le premier reproche que l’on pourrait apporter à ce nouveau plan, c’est qu’il reste inconnu du public qui doit pourtant se l’approprier. Il est peu connu des principaux concernés que sont les Africains eux-mêmes, à part quelques intellectuels impliqués dans le débat. D’ailleurs, le président Wade le reconnaît lui-même, beaucoup de dirigeants africains n’y voient que du feu. Il est nécessaire de prendre le temps de requérir l’adhésion des populations africaines, de la société civile du continent, des Africains de la diaspora qui doivent apporter leur contribution en termes de compétence technique. Dans le cas contraire, il est fort à craindre que le Nepad ne reste le plan de ses initiateurs.

Byalou Alfa-Toga
Email : alfatoga1@ yahoo.fr