Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 10:53:33 PM Vendredi, 26 Avril 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


Et si l’alternance était le moyen le plus sûr de se faire reélir: Qui perd, GAGNE !

Togo - Opinions
ADOLEHOUME
A l’heure où l’on parle encore de modification intempestive de constitution pour annuler les limitations de mandat ou de tripatouillage des élections pour confisquer la magistrature suprême, des exemples de reconquête de pouvoir après un départ volontaire foisonnent en Afrique et l’année 2011 nous a fourni des cas d’alternances politiques pacifiques voire de retour d’ancien président.

L’actualité sénégalaise avec l’abnégation du doyen Abdoulaye WADE à s’accrocher au pouvoir au risque de ternir la longue tradition démocratique du pays ne doit pas occulter les comportements vertueux de certains de ses compères qui acceptèrent élégamment de se limiter à deux mandats comme l’indiquent leurs constitutions.

On pourra citer l’exemple du Cap- Vert, de Sao Tome et Principe et de la Zambie.

En effet , au Cap-Vert en 2011, l’opposant Jorge Carlos FONSECA du Mouvement pour la Démocratie (MPD) a gagné les élections présidentielles face a Manuel Inocencio SOUZA, candidat du parti au pouvoir, le Parti Africain pour l’Indépendance du Cap-Vert (PAICV), le président sortant issu du PAICV, Pedro PIRES qui dirigeait le pays depuis 10 ans n’ayant plus le droit de briguer un troisième mandat selon la constitution Capverdienne.

A Sao Tome et Principe, le respect rigoureux de la constitution, limitant le nombre de mandats présidentiels à deux à permis depuis 20ans une alternance démocratique à la tête de l’Etat et c’est ainsi qu’en août 2011, l’ancien président du pays (de 1975 à 1990), Manuel Pinto Da SOSTA, qui se présentait en candidat indépendant, fut élu nouveau président du pays, le président sortant, Fradique MENEZES ayant eu l’élégance de partir paisiblement après ses deux mandats.

En Zambie, c’est Michael SATA, leader de l’opposition qui fut élu en septembre 2011 face à Rupiah BANDA, qui a passé deux décennies au pouvoir et qui, très démocratiquement, a invité ses partisans à entériner les résultats des urnes et à reconnaître la victoire de son challenger.

L’histoire politique de l’Afrique nous rappelle des cas de retour gagnant d’ anciens chefs d’Etat comme Amadou Toumani TOURE du Mali (qui malheureusement a des problèmes en ce moment avec des rebelles dans le nord du pays et une tentative de coup d’Etat) ; Mathieu KEREKOU du Bénin ; Jerry Rawlings du Ghana ; Olusegun OBASANJO du Nigéria ; les uns savourant actuellement une retraite paisible, les autres occupant des postes de responsabilité honorifiques dans les grandes institutions internationales.

Qui perd, gagne !

Au Togo, le retour à la constitution de 1992 qui prévoit la limitation du mandat présidentiel à deux quinquennats semble inéluctable et le grand chantier de réconciliation prôné par le président Faure GNASSINGBE ne trouvera son couronnement qu’à ce prix.

L’honnêteté intellectuelle exige de reconnaître les grandes avancées que le Togo a connu ces dernières années avec la mise en place progressive des infrastructures de communication, de santé, de formation, d’éducation ; la pacification de la vie politique même si des couacs comme la révocation des neuf (09) députés de l’ANC tendent à démontrer qu’il y a encore un long chemin à parcourir.

Sur le plan des libertés individuelles et du respect des droits de l’homme, des changements positifs sont aussi constatés, malgré l’extrême gravité de l’affaire du faux rapport d’enquête de la Commission Nationale des Droits de l’Homme ( CNDH ) sur les allégations de tortures à l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), affaire qui semble relever plus d’une grossière manipulation clientéliste partisane sur fond de règlement de comptes interne entre les séides du pouvoir (la guerre entre pro- RPT et pro-nouveau parti de Faure ne fait que commencer), que d’une machination étatique minutieusement préparée.
Si les réformes constitutionnelles et institutionnelles surviennent, avec une lutte accrue contre l’impunité et l’organisation d’élections locales et législatives transparentes, il ne manquerait plus grand-chose au président de la République pour accomplir son programme politique et se rapprocher du bonheur des togolais.

Mais tout ce bilan positif ne résisterait pas longtemps face aux aspirations d’Alternance politique que le peuple réclame et l’indispensable nécessité de respecter la limitation de mandat pour expier les « vieux démons » de l’élection présidentielle chaotique de 2005.

Si la création d’un nouveau parti s’impose au président Faure GNASSINGBE pour asseoir sa légitimité et se démarquer de l’emprise paternaliste des généraux et autres « faiseurs de roi » du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), injonction à laquelle nous avions fait allusion en 2008 dans une de nos publications, les misonéistes du RPT ne le laisseront pas dissoudre leur parti car ils y verront une volonté manifeste d’abolir leurs privilèges et une preuve d’ingratitude de la part de leur « protégé ».

La solution dans ce cas serait de continuer les réformes et son programme de bonne gouvernance en y associant le maximum de compétences des autres partis politiques, diluant ainsi l’influence du parti qui semble le prendre en otage, d’organiser des élections locales et législatives transparentes et apaisées ; de continuer à travailler à la création de son parti et d’encourager le retour à la constitution de 1992.

La stratégie gagnante à notre humble avis serait que le président ne se présente pas à l’élection présidentielle de 2015, arguant le respect de la limitation de mandat.
Il laisserait ainsi un Togo apaisé, pacifié, mieux structuré et cette prime lui sera bénéfique plus tard, lors des élections de 2020.
En effet, pendant cinq (05) ans, de 2015 à 2020, il pourra asseoir son parti politique en faisant le tri parmi ses compagnons et testant ainsi leur fidélité (n’étant plus au pouvoir, son attrait sera moindre et beaucoup d’aventuriers véreux de la première heure quitteront forcément le navire) ; préparer et participer aux élections législatives de 2017, se libérant ainsi définitivement de l’emprise du RPT.

Débarrassé des oripeaux de la contestation de 2005, il pourrait se présenter avec son nouveau parti à l’élection présidentielle de 2020, avec la légitimité d’un rénovateur et la grâce atavique qui caractérise les contextes historiques similaires en Afrique (il n’aurait alors que 54 ans).

Mais tout ceci n’est possible que si la classe politique prône le « DIALOGUE » à l’instar du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), dialogue qui a fait la preuve de ses vertus à travers la signature de l’Accord de Politique Global (APG) en 2006 et dont l’application des recommandations résoudrait la grande majorité des problèmes politiques togolais.

Ensuite, il y a l’impératif de mettre en place pour les anciens chefs d’Etat :
-Un statut spécial avec une amnistie générale ;
-Une dotation financière et des mesures d’accompagnement (escorte, cabinet, véhicules, résidence officielle, etc.) à vie ;
-Le droit de se présenter aux prochaines élections.

La paix a un prix ; elle est à ce prix pour le Togo.
« Soyons réalistes, exigeons l’impossible » Ernesto Ché GUEVARRA

Préférons l’Evolution à la Révolution car « les révolutions veulent couper les têtes alors qu’il suffit souvent de changer simplement les cerveaux » Ralph EMERSON
----------------------

Pour le groupe de réflexion les « PROPOSANTS », Jean ADOLEHOUME