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Ulcère de Buruli

CHRONIQUE - Santé, sexualité
 L'ulcère de Buruli, maladie provoquée par Mycobacterium ulcerans, est apparu depuis 1980 comme une cause importante de pathologie chez l'homme. L'agent causal appartient à la famille des bactéries à l'origine de la tuberculose et de la lèpre. Il détruit la peau et les tissus sous-cutanés et entraîne des déformations. Les lésions surviennent principalement au niveau des membres.

L'ulcère de Buruli, au troisième rang des infections à mycobactéries chez le sujet sain après la tuberculose et la lèpre, est la plus mal comprise de ces maladies. Elle a été détectée pour la première fois en 1948 chez des fermiers en Australie (où elle est connue sous le nom d'ulcère de Bairnsdale). Des cas avaient cependant été décrits dès 1897 par Sir Albert Cook en Ouganda. La plupart des malades sont des femmes et des enfants qui vivent dans des régions rurales à proximité de cours d'eau ou de terrains humides. On ne sait pas grand chose du mode de transmission de l'infection à l'être humain.

Prévalence

L'ulcère de Buruli, du nom d'une région de l'Ouganda où ont été observés de nombreux cas dans les années 60, est très répandu en Afrique de l'Ouest. Tous les pays situés en bordure du Golfe de Guinée sont maintenant touchés. En Côte d'Ivoire, environ 15 000 cas ont été enregistrés depuis 1978 et jusqu'à 16 % de la population de certains villages est touchée. Au Bénin, 4 000 cas ont été enregistrés depuis 1989. Au Ghana (6 000 cas enregistrés au cours d'une enquête nationale en 1999), jusqu'à 22 % des villageois sont touchés dans certaines régions.

L'ulcère de Buruli sévit dans les régions marécageuses des régions tropicales et subtropicales d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie et du Pacifique occidental. Des cas ont été notifiés ou soupçonnés en Angola, Australie, Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Cameroun, Chine, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Ghana, Guinée, Guinée équatoriale, Guyane française, Inde, Indonésie, Japon, Libéria, Malaisie, Mexique, Ouganda, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pérou, République démocratique du Congo, Sierra Leone, Sri Lanka, Soudan, Suriname et Togo. On a signalé quelques cas en dehors des zones d'endémie, en Amérique du Nord et en Europe, en relation avec des voyages internationaux.

Symptômes

La maladie débute par un gonflement indolore au niveau de la peau. Un nodule contenant de nombreuses mycobactéries se développe sous la surface cutanée. Contrairement à d'autres mycobactéries, M. ulcerans produit une toxine qui détruit les tissus et inhibe le système immunitaire. Elle peut détruire des surfaces cutanées étendues et parfois même le tissu osseux entraînant ainsi d'énormes déformations. A la guérison des lésions, la cicatrisation peut provoquer une restriction des mouvements des membres et d'autres incapacités permanentes. Le caractère très peu douloureux de l'ulcère de Buruli est un autre aspect important de cette maladie qui explique en partie pourquoi les sujets affectés ne cherchent pas rapidement à se faire traiter.

Traitement

L'antibiothérapie n'a donné aucun résultat jusqu'ici, bien que le micro-organisme soit sensible in vitro à certains des antibiotiques utilisés pour traiter la tuberculose. Dans l'état actuel des recherches, certains travaux ont montré que l'association d'un aminoglycoside (amikacine ou streptomycine) et de la rifampicine guérissait l'ulcère de Buruli chez la souris. Le seul traitement disponible actuellement est la résection chirurgicale de la lésion accompagnée au besoin d'une greffe de peau. Cette intervention est à la fois coûteuse et dangereuse : elle entraîne la perte d'une quantité importante de tissus et parfois des incapacités permanentes. Le dépistage précoce et l'ablation chirurgicale des lésions lorsqu'elles sont encore réduites permettraient d'éviter de nombreuses complications.

Prévention

La vaccination par le BCG (Bacille Calmette-Guérin) semble offrir une certaine protection à court terme. A l'heure actuelle, cette vaccination est la seule intervention biomédicale pouvant éventuellement aider à lutter contre l'ulcère de Buruli dans les zones fortement touchées.

Conséquences sociales et économiques

L'accès aux services de santé est limité dans les régions d'endémie. Les malades attendent souvent longtemps avant de se faire soigner, ce qui entraîne fréquemment des complications graves et une hospitalisation prolongée et coûteuse. Le coût du traitement par patient dépasse de loin les dépenses de santé par habitant. Au Ghana, on estime que le traitement coûte en moyenne US $780 par patient, alors que le traitement des lésions précoces pourrait revenir à seulement US $20 à 30 par patient avec une hospitalisation très limitée. Dans certaines régions, les incapacités touchent 20 à 25 % des personnes dont les lésions ont guéri. Avec le nombre croissant de cas et des complications qui s'y associent, l'impact économique et social à long terme de l'ulcère de Buruli sur les économies rurales pourrait être sérieux.

L'action de l'OMS

Reconnaissant que l'ulcère de Buruli constitue une menace émergente pour la santé publique, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a institué l'initiative mondiale contre l'ulcère de Buruli (GBUI) chargée de coordonner les activités de lutte et de recherche dans le monde entier. Dans le cadre de cette initiative, un Comité consultatif sur l'ulcère de Buruli a été créé en 1998 pour guider l'Organisation dans ses travaux. Cette même année, l'OMS a organisé une conférence internationale à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire) pour permettre l'échange d'informations et l'élaboration d'une stratégie mondiale de recherche et de lutte contre l'ulcère de Buruli. A cette conférence, les représentants de plus de 20 pays ont signé la Déclaration de Yamoussoukro sur l'ulcère de Buruli par laquelle ils s'engageaient à lutter contre cette maladie (http://www.who.ch/inf/pr/1998/pr98-50.html). Depuis lors, la réponse des pays touchés, des ONG, des donateurs et de la recherche a été très encourageante.

Le manque d'informations sur l'ulcère de Buruli pourrait expliquer en partie le peu d'attention accordée à cette maladie dans le pays. Pour combler ce vide, l'OMS a publié les documents suivants :

  • Ulcère de Buruli (Infection à Mycobacterium ulcerans - WHO/CDS/CPE/GBUI.2000.1) en anglais, espagnol et français ;
  • Prise en charge de l'ulcère de Buruli (Infection à Mycobacterium ulcerans - WHO/CDS/CPE/GBUI.2001.3, en préparation) en anglais, espagnol et français ;
  • Diagnostic de l'ulcère de Buruli (Infection à Mycobacterium ulcerans - WHO/CDS/CPE/GBUI.2001.4, en préparation) en anglais, espagnol et français ;
  • Brochure sur l'ulcère de Buruli (WHO/CDS/CPE/SMT/2001.6) pour le grand public en anglais. Versions espagnole et française en préparation.
  • Bande dessinée sur l'ulcère de Buruli (WHO/CDS/CPE/GBUI.2001.5, en préparation), à l'intention des enfants en anglais, espagnol et français.
  • Brève vidéo sur l'ulcère de Buruli en anglais. Les versions espagnole, française et japonaise sont en préparation.
  • Site Web sur l'ulcère de Buruli : www.who.int/gtb-buruli