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LES TOGOLAIS PEUVENT-ILS VENIR A BOUT DE LA DICTATURE (suite de l’article du N° 09)

 A l’aube du 27 avril, les togolais de tout bord s’apprêtent à « fêter leur Denygba » avec en fond sonore pour certains, les « ablode gbadja » et pour d’autres, de la musique militaire ou des chansons « révolutionnaires » des animateurs à la sauce démocratique.
Mais une fois les agapes ou recueillement terminés, les togolais se retrouveront confrontés à leur dure réalité : la dictature et l’éternelle interrogation, comment y mettre fin.
Nous partons du constat et postulat que notre lutte entamée en septembre 1990 est certes, institutionnellement une réussite mais, politiquement un échec.
Avant l’avènement des partis politiques, la conviction des acteurs de l’époque de venir à bout de la dictaure était l’élément moteur de la mobilisation populaire.
La loi du 12 avril 1991 portant avènement des partis politiques en réalité des groupements politiques de collègues de travail ou d’amicales de village ou encore d’amis et opportunistes en tout genre, on assitera à un déplacement du facteur de la mobilisation : le départ d’Eyadèma.

1/ Le Facteur déterminant de la mobilisation
Hier à Madagascar, la mobilisation de l’opposition a permis de chasser du pouvoir, un président mythomane. Avant au Zaïre, une opposition remodélée est arrivée à mettre fin au règne du Léopard cleptomane. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, une certaine opposition tient la dragée haute à un président aigri dont le pouvoir décline vers l’autocratie. Dans ces 3 exemples, au delà des moyens, lutte armée ou élections, un dénominateur commun a permis de mettre fin à ces dictatures : l’émergence d’un leader et d’une organisation politique ou alors l’union des « forces démocratiques » (cas de la Côte d’Ivoire).
Au Togo, il y a eu la contestation (affaire des Randolph, le soulèvement du 05 octobre et la grève des étudiants de mars 91), une opposition politique et, une rebellion armée (1992/1994). Toutes ces étapes se sont politiquement soldées par un échec.
Nous ne nous attarderons par sur les supposées causes de ces échecs (le soutien de la France, la violence du régime, la trahison d’un tel parti…).
L’histoire des mutations politiques nous enseigne qu’aucun Peuple ne se libère s’il ne prend conscience de la misère sociale et politique que lui imposent ses dirigeants.
Dans notre pays, le Peuple profond paraît croupir dans une misère qui n’est que structurelle. La misère chronique et généralisée n’existe pas au Togo. Qui se rappelle de l’état de délabrement du Bénin des années de 1987/1989, du refus des forces de sécurité de tirer sur des manifestants comprend la nuance. En l’état actuel, le togolais peut-il se soulever ? La réponse est non !
En matière de lutte sociale, aucun objectif ne peut être atteint sans la mobilisation… dont il faut arriver à identifier les éléments. La misère populaire est un élément de mobilisation (l’exemple du Bénin l’illustre bien à propos).
Au Togo, aucun parti n’a été en mesure d’utiliser ce facteur aux fins de mobiliser la population. Est-ce à dire que cette misère n’est que structurelle ou est-ce l’opposition qui est défaillante dans ses stratégies ? L’opposition doit-elle alors continuer à invoquer cette « misère » sans pour autant se donner les moyens d’y mettre un terme au risque de voir la population se retourner contre elle ? Accessoirement, on constate que les tenants de la ligne dure sont surtout les togolais vivant à l’extérieur du pays.
Le même constat s’applique à la suspension de la coopération entre le Togo et l’Union européenne. L’enjeu du cas togolais est résumé par l’organisation L’EXILE qui semble affirmer qu’il ne sert à rien de « négocier sur le dos des masses populaires le partage du pouvoir néocolonial ce 14 avril à Bruxelles, en présence des «facilitateurs» de l’Union européenne » (Communiqué du 10/10/04 publié à Bruxelles). Autrement dit, quel est l’intérêt du Peuple dans la suspension de la coopération ? Et quel intérêt l’opposition a-t-elle dans cette suspension ou sa levée ?
Nul ne peut prétendre que le Peuple souffre et dans le même temps vouloir le couper du monde. Eyadema, coopération ou pas, voyagera, mais pas les togolais. Durant plus de 10 ans qu’a tiré de substantiel l’opposition de cette suspension ?
Ainsi définir l’enjeu, permet d’identifier les conditions de mobilisation de la population.

2/ Le préalable à un objectif final
Dans un communiqué du 09/04/04, la CDPA BT affirme que « le préalable à tout est la démocratie ». Nous allons alors plus loin en nous interrogeant si le Togo peut se « démocratiser » avec Eyadèma ? Pour BLT la réponse est négative. Et nous pensons qu’avec les moyens actuels de lutte quiconque puisse venir à bout du régime.
En termes de moyens de lutte, ni les élections, la grève illimitée ou l’intervention extérieure dans la doctrine appliquée à Haïti aujourd’hui et en Centrafrique hier… ne peuvent constituer un moyen efficace de changement d’un système politique.
L’oppositon affirme que le régime est une dictature et refuse de participer à l’organisation électorale pour violation de l’ACL. Cependant, elle participe avec 5 candidats à une élection à un tour… Aujourd’hui cette même oppostion veut discuter avec Eyadèma élut dans des conditions discutables, avalisant implicitement par là cette usurpation du pouvoir. Parallèlement, elle « fait pression » afin que l’UE ne reprenne pas sa coopération qui, a été suspendue non pas à sa demande mais, sur base d’un système de « néocolonialisme rampant » baptisé Accord de Cotonou.
La myopie politique récurrente des africains plus prononcée chez les politiques togolais, est souvent justifiée par les conséquences de la colonisation et de la dictature.
Il nous semble responsable que chaque citoyen s’insurge contre cette assertion. A titre d’exemple a contrario, quid des jeunes étudiants de 90 qui n’ont connu que le régime du RPT contre lequel, ils se sont néanmoins insurgés ?
Nous pensons en tout état de cause que les stratégies actuelles, négociations, élections, appels à la communauté internationale ne constituent pas l’arme efficace de lutte contre le régime Eyadèma.
Pour BATIR LE TOGO, le préalable aujourd’hui, à défaut du bilan des actions de toute la classe politique, est de répondre à la question suivante : pouvons nous démocratiser notre pays avec Eyadèma, si oui, attelons-nous ensemble à contruire le pays dans le cadre de la politique de « l’œil dedans », et dans le cas contraire laissons lui le pouvoir et, combattons le par les armes. Ce sera le moindre mal.
Noviti Spéro Houmey, Secrétaire général.