Négociations Inter-togolais : Eyadéma est-il sincère ?
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"Rentrer au Togo pour tout simplement serrer la main de Eyadema n'est d'aucune nécessité". Le président de l'Union des forces du changement (UFC), Gilchrist Olympio, leader du principal parti d'opposition au Togo, pour son retour au pays, n'entend pas jouer les marionnettes. Il a déjà annoncé les couleurs en n'envoyant pas de représentant au Comité chargé de réviser le code électoral. Le Comité d'action pour le renouveau (CAR) de Yawovi Agboyibo et la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) boycottent également la concertation. La mise en place de ce comité fait partie des vingt-deux engagements pris en avril dernier par le gouvernement togolais auprès de l'Union européenne avec en ligne de mire, la normalisation et la reprise de la coopération interrompue depuis 1993. Cette révision du code électoral, censée renouer le dialogue avec l'opposition, semble mal partie. L'absence de ces trois ténors de l'opposition au sein du Comité ne présage rien de bon. Par le passé, ce type de rencontre, engagé par le régime Eydéma, sous la pression des bailleurs de fonds, n'a pas donné grand'chose. Du coup, l'opposition se montre méfiante à l'égard d'un pouvoir qui ne respecte pas la parole donnée. Tous ceux qui ont cru à Eyadéma lorsque celui-ci avait pris l'engagement en 1999 sur ses grades de général et devant Jacques Chirac de quitter le pouvoir en 2003, l'on appris à leurs dépens. La Constitution a été modifiée (le président togolais ne détient pas ce monopole) et l'enfant terrible de Pya est toujours au pouvoir. Il a même bénéficié, avant la proclamation officielle des résultats par la plus haute juridiction, des félicitations empressées de Jacques Chirac alors que Gilchrist Olympio, sérieux adversaire du général à l'élection présidentielle de juin 2003, avait été écarté du scrutin en raison d'une révision constitutionnelle. Cette révision introduisait une obligation de résidence au Togo dans les douze mois précédant le scrutin alors que M. Olympio vit en exil depuis plusieurs années. Présentement, le patron du UFC se trouve au Ghana et se prépare à rentrer dans son propre pays avec un laissez-passer, faute de passeport que refuse de lui délivrer les autorités de Lomé. Dans ces conditions, il est difficile d'instaurer un climat de confiance entre les différents protagonistes de la scène politique togolaise. Gilchrist Olympio semble particulièrement faire peur au régime togolais. Celui-ci est le fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo, assassiné en 1963 au moment du premier coup d'Etat perpétré en Afrique, drame dans lequel Eyadéma a joué un rôle déterminant. Gilchrist Olympio lui-même a été victime d'un attentat au Togo au début des années 1990 alors que les autorités s'étaient engagées à assurer sa sécurité. Grièvement blessé, il fut évacué en France pour des soins . Ces différents épisodes sanglants ont toujours empoisonné les rapports entre les deux hommes. Pour beaucoup d'observateurs, les négociations actuellement en cours à Lomé, engagés sous la contrainte de l'Union européenne, manquent de sincérité. Eyadema ne cèdera à rien sur le fond, notamment sur la limitation du mandat présidentiel. Le pouvoir envisage de dépénaliser les délits de presse. Ce sera un pas important , mais insuffisant pour l'avancée démocratique. Il faudrait surtout créer des conditions favorables permettant aux journalistes d'exercer leur métier; arrêter les menaces et intimidations à l'encontre des hommes de médias; permettre aux associations de défense de droits de l'Homme de mener correctement leurs enquêtes sans aucune entrave; gérer convenablement les richesses du pays; éviter de payer les salaires à la carte et à la tête du client; mettre fin à la clanisation de l'Armée et à la caporalisation de toute la nation. Si ces conditions minimales ne sont pas réunies, tout autre débat ne sera alors que pures gesticulations politiques tout juste bonnes à distraire la communauté internationale.
"Le Pays"
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