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La victoire en chantant ou en pleurant ? Le RPT a l’obligation des résultats, sinon...

Religion
Au pied du mur

L’élection présidentielle du 1er juin 2003 continue de soulever, comme par le passé, des polémiques voire des controverses au sein de la classe politique togolaise. Il en est de même au plan extérieur où la Communauté Internationale, sauf la France qui se singularise, reste sceptique. L’Union Européenne manifestement ne se décide pas et n’est pas pressé de reprendre la coopération avec notre pays. Preuve que la situation n’est pas simple. Au-delà des considérations d’ordre diplomatique, on peut être tenté de dire que le Togo est victime d’injustice. Surtout si l’on se réfère à la toute récente élection présidentielle nigériane qui, selon tous les observateurs internationaux, a été marquée par des fraudes massives, mais qui a néanmoins consacré la réélection du Président OBASANJO. Le cas du Togo malheureusement est unique en son genre et ne saurait être comparé au cas nigérian quand on sait que notre pays était déjà sous sanctions depuis 1993. Ce qui n’est pas le cas du Nigeria. Lorsqu’un pays est soumis aux sanctions, ses dirigeants doivent montrer pattes blanches et s’efforcer de respecter certaines conditions pour retrouver sa place.
Paradoxalement au nom d’une certaine souveraineté, le Togo s’est plutôt illustré par une forme de résistance finalement pénalisante. On a cru, à tort, qu’il suffit de soigner les apparences pour persuader que la démocratie est en marche au Togo.
Depuis 1993, nous avons assisté à ce jeu qui ressemble trop à la roulette russe.

Il faut maintenant se rendre à l’évidence. La crise politique qui hypothèque dangereusement l’avenir de notre pays ne connaîtra pas de dénouement avec des solutions artificielles c’est-à-dire du replâtrage. Le Président Eyadema est réélu. Il est le Président légal. C’est vrai. Nous sommes de ceux qui pensent que le vin est tiré et qu’il faut le boire. Cependant ses adversaires, comme les fois passées, lui contestent sa légitimité. Que faire ? Pour répondre à cette préoccupation, nous citerons volontiers ce passage du discours prononcé le 13 juin 2003 par M. Dominique de Villepin, Ministre des Affaires Etrangères de la France, à l’ouverture du 4ème Forum de l’ Institut de Hautes Ecoles de Défense Nationale sur le continent africain : « La légitimité se mesure aux conditions de l’exercice du pouvoir. Les urnes confèrent un mandat, elles ne décernent aucune impunité. S’il n’y a pas un modèle unique de démocratie, la liberté et la dignité humaine en constituent des impératifs indispensables. La paix et le développement exigent le strict respect du droit et de la morale » fin de citation.
A ce propos, il faut rappeler que le mercredi 18 juin 2003, le Président Eyadema a prononcé un discours à la nation. Même si ce message n’a pas comblé l’attente des Togolais, il comporte des éléments positifs. En effet, le Chef de l’Etat a articulé ses propos autour des axes principaux suivants : Paix, unité, sécurité, développement. Il a réaffirmé qu’il est le Président de tous les Togolais. En clair, cela veut dire qu’à ses yeux, tous les Togolais ont une même communauté de destin. Eh bien ! Si tel est le cas, il doit joindre l’acte à la parole. Qu’on cesse, de dénigrer les opposants et de considérer certains Togolais comme des parias. Le RPT, un parti au pouvoir depuis des lustres ne peut pas continuer à alimenter des polémiques sous prétexte que l’opposition en fait de même. Ce n’est pas digne. Le rôle d’un parti au pouvoir c’est d’agir, de poser des actes et d’expliquer. Un parti au pouvoir n’a pas une responsabilité de même ordre que les partis de l’opposition. Sa responsabilité est autrement plus grande. Le vainqueur doit aider ceux qui sont tombés à se relever. Il ne doit pas les piétiner.

Le Président Eyadema a gagné l’élection. Nous refusons de revenir sur les conditions de cette réélection pour la simple raison que c’est ce que nous avions, par le passé vainement toujours fait. Il ne sert à rien de se lamenter au sujet de ce qui est perdu, si on ne se donne pas les moyens de ses ambitions politiques. En revanche nous pensons sérieusement qu’il faut dire la vérité au Président Eyadema en lui demandant de gouverner désormais autrement. Oui pour une fois, Eyadema a l’obligation de résultats, sinon les lendemains ne seront pas chantants.
Il doit tout mettre en oeuvre pour obtenir la reprise de la coopération. Cette reprise, un passage obligé, dépend surtout du changement opéré dans la gestion politique et financière du pays sur le plan interne. D’abord, dans le domaine politique, il faut tout repenser. Il ne suffit pas de rire parce qu’on a gagné. Il faut nécessairement et absolument trouver des solutions aux maux qui assaillent les Togolais. Il faut que l’administration soit rénovée et redémarre effectivement.

L’Administration actuelle n’existe que de nom. Elle est virtuelle et ne peut, dans cet état, permettre la relance économique et la croissance. Le Président Eyadema doit nettoyer les écuries et combattre la courtisanerie c’est-à-dire les liseurs de motions et ceux qui, autour de lui, vivent de ce créneau.
Dans un tout autre registre, si rien n’est fait pour corriger les dérives et les injustices en matière de violations des droits de l’Homme, des libertés individuelles et collectives, la victoire en riant deviendra rapidement la victoire en pleurant d’autant plus que la paix est indissociable du progrès économique et de la démocratie.

Nous ne le dirons jamais assez, le régime Eyadema a besoin d’une cure de jouvence, sinon il mourra de vieillesse faute d’avoir été déboutonné par une opposition qui a tout fait pour perdre.

Rodrigue