LOME, 1er juin (AFP) - 23h00 - Le président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), Patrick Gaubert, qui fait partie des 187 observateurs étrangers qui ont suivi dimanche le déroulement du scrutin présidentiel au Togo, estime que la polémique autour de leur présence, au regard de l'absence en revanche de l'Union Européenne ou du Parlement européen, est un mauvais procès.
Question: Comment jugez-vous votre rôle dans cette élection présidentielle togolaise?
Réponse: "Des ONG internationales sont présentes. Leur rôle n'est pas de parler de la situation politique du pays mais uniquement de voir si le processus électoral se passe de manière convenable. C'est regrettable qu'il n'y ait pas plus d'observateurs. Mais c'est nous, qui sommes présents, qui pourrons dire si ça se passe de manière convenable ou pas, certainement pas ceux qui sont restés chez eux".
Q: Quelle est votre impression sur le déroulement du scrutin?
R: Nous avons visité de nombreux bureaux. Ca avait l'air bien tenu. Il y a eu une polémique sur les cartes électorales (non distribuées, ndlr) dans certains bureaux. Il y a un processus démocratique qui, à notre niveau, se passe d'une manière convenable. Ce que nous voyons n'a rien d'affligeant ni de suspect. La LICRA et d'autres ne sont pas là pour distribuer des bons ou des mauvais points ou des quitus politiques aux uns ou aux autres. Lorsque je fais passer des examens à mes étudiants (en médecine), mon rôle d'examinateur est de m'assurer que chaque étudiant a un stylo et une feuille, qu'ils ne vont pas copier les sur les autres, et que les sujets sont distribués. Mon rôle n'est pas de dire si le sujet est bon ou pas bon, je pourrai m'exprimer là-dessus après l'examen.
Nous avons vu dimanche, dans les bureaux que nous avons inspectés, des urnes cadenassées, des gens qui votent, pas trop de contestation.
Q: Quand on vous accuse, ainsi que d'autres missions d'observateurs, de cautionner par votre présence le régime du président Eyadéma, ça vous met en colère?
R: Oui, c'est grotesque, car s'il n'y avait pas eu du tout d'observateurs, on aurait pu tout dire, surtout si on est loin. S'il n'y avait pas eu d'observateurs du tout, l'Union européenne et plusieurs pays pourraient dire ce qu'ils veulent. Il y a des observateurs qui vont observer des bonnes ou des mauvaises choses, mais en tout cas qui peut mieux dire ce qui s'est passé (dimanche) que ceux qui sont sur place? Ce ne sont certainement pas ceux qui sont resté dans leurs rédactions ou leurs ministères.
"Nous avons une responsabilité importante, nous nous exprimerons sur ce que nous avons vu, et c'est à nous de le faire, et pas à ceux qui ne sont pas venus et n'ont aucune légitimité pour dire si ce processus a été convenable ou pas".
|
