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Pandémie du Sida : La baisse du nombre de décès est-elle réelle ou supposée ?

CHRONIQUE - Santé, sexualité
A quelques jours de la journée mondiale de lutte contre la pandémie du sida, l’Onu a publié par l’entremise de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS), son rapport annuel 2011 sur la maladie qui a fait et continue de faire le plus de victimes en Afrique. Et dans ce rapport, il est signalé une baisse du nombre de décès liés à la maladie.
 S’il est vrai que l’usage à plus grande échelle des antiretroviraux a permis de maintenir en vie plus de personnes atteintes du sida, il n’en demeure pas moins vrai que ces médicaments ne préservent pas contre le mal, et le thème retenu cette année risque de prêter aux discussions car «Objectif : zéro. Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida » paraît utopique.

En Afrique du Sud, la circoncision demeure encore un sujet tabou dans certains peuples et les hésitations de l’Eglise à prôner l’usage accru des préservatifs ne sont pas de nature à éliminer cette maladie. Zéro discrimination en Afrique sonnerait comme zéro moustique en Afrique d’ici 2015, puisque c’est cette date que l’organisation s’est fixée pour venir à bout des discriminations dont sont victimes les malades de la pandémie. Mais que propose l’Onu par exemple à un couple qui s’apprête à convoler en justes noces et dont l’un des partenaires découvre sa séropositivité ? Vivre ensemble avec la certitude que l’autre sera contaminé(e), et dans ce cas, accroître le taux de malades et aller à l’encontre de cet objectif de zéro nouvelle infection ? Ou bien que les futurs conjoints se séparent pour se trouver d’autres âmes ayant le même statut sérologique qu’eux ? Mais alors, l’objectif zéro discrimination ne serait-il pas en train d’être violé ?

La lutte contre la pandémie du sida s’apparente au Mythe de Sisyphe condamné à pousser éternellement un énorme rocher, et le seul succès dont pourra se glorifier l’Oms sera d’avoir mis plus d’antiretroviraux à disposition d’une plus grande masse, histoire de reculer la séquence des décès qui est moins régulière depuis quelques temps. Alors, la lutte contre ce mal est-elle perdue d’avance ?

Cette lutte est et sera un éternel recommencement, et arrêter de donner des statistiques de complaisance sur les nouveaux cas de sida serait une des voies de lutte car, à chaque annonce des progrès réalisés, les populations ont l’impression que le sida a été combattu et elles baissent la garde. Ensuite encourager, voire imposer le dépistage comme c’est déjà le cas avec les femmes enceintes serait aussi un moyen de conscientiser car, une personne qui connaît son statut sérologique, est plus susceptible d’exiger le préservatif qu’une autre qui l’ignore. Ce dernier se dit, fataliste : peut-être que je l’ai déjà ?, et il n’est plus rigoureux envers lui-même.

Godson K.