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PRESIDENTIELLES 2003 : Quand l’église s’en mêle.

Présidentielles 2003
Les évêques du TOGO notamment Mgr Philippe Fanoko KPODZRO est devenu objet de propos désagréable dans toutes les déclarations lues sur les médias d’Etat.

Pourquoi ?

La raison la voici :



CONFERENCE EPISCOPALE DU TOGO : « DANS LA VERITE BATISSONS LA PAIX ! »


CONFERENCE DES EVEQUES DU TOGO A L’ATTENTION DES FIDELES CATHOLIQUES ET DE TOUS NOS COMPATRIOTES TOGOLAIS, HOMMES ET FEMMES DE BONNE VOLONTE

« Que Dieu de la paix soit avec nous tous » (Rom.15,33)

Quelques mois avant les dernières législatives en vertu de notre charge pastorale, nous rappelions, entre autres, l’impérieuse nécessité que soient créées les conditions d’un vrai choix, et donc d’élections effectivement libres et transparentes.

« Une de ces conditions, disions-nous, est la mise sur pied d’une institution constitutionnelle en charge de l’organisation des opérations électorales et dont l’autonomie, la neutralité et l’objectivité ne souffrent d’aucune ambiguïté » (Message de la conférence des Evêques du Togo, 18 juin 2002.



0.1.1 Les opérations électorales réalisées dans des conditions de transparence maximale sont toujours, et surtout dans le contexte général que nous vivons actuellement dans notre pays, la condition pour que nous nous engagions ensemble sur la route de la paix.

0.1.2 Le soucis de contribuer à l’avènement et à la concrétisation de ce don de Dieu qu’est la paix nous pousse à prendre de nouveau la parole et à nous adresser à vous, chers fils et filles dans la foi, et à vous tous, hommes et femmes de bonne volonté, qui aspirez légitimement à une paix véritable et profonde et la vouliez résolument pour le Togo, notre chère patrie.



1 Les piliers de la paix

1.1 Cette paix, qui est un don précieux de Dieu, nous soupirons après elle au Togo depuis de nombreuses années. Mais, comme l’a bien précisé, il y a 40 ans, le Bienheureux Pape Jean XXIII, « la paix sur la terre, objet du profond désir de l’humanité de tous les temps, ne peut se fonder ni s’affirmer que dans le respect absolu de l’ordre établi par Dieu » (Lettre Encyclique « La paix sur terre » 1963, N°1),

1.2 Le Pape ajoutait da ns ce document que la réalisation d’une paix durable était fondée sur les quatre exigences précises de l’esprit humain : la vérité, la justice, l’amour et la liberté. Ce passage fondamental mérite d’être cité intégralement : « La vérité, disait-il, constituerait le fondement de la paix si tout homme prend conscience avec honnêteté que , en plus de ses droits, il a aussi des devoirs envers autrui. La justice édifiera la paix si chacun respecte concrètement les droits envers les autres. L’amour sera ferment de paix si les personnes considèrent les besoins des autres comme les leurs et partagent avec les a utre ce qu’elles possèdent, à commencer par les valeurs de l’esprit. Enfin, la liberté nourrira la paix et lui fera porter du fruit si, dans le choix des moyens pris pour y parvenir, les individus suivent la raison et assument avec courage la responsabilité de leurs actes » (cf N°37)

1.3 La nécessité de ces quatre conditions est évidente pour tout citoyen soucieux du bien commun, même s’il s’agit d’un idéal dont la réalisation requiert à la fois notre bonne volonté et la force déterminante qui vient d’en Haut.

1.4 Pouvons-nous dire vraiment que ce souci du bien commun existe chez nos compatriotes engagés dans la politique et surtout chez ceux qui actuellement exercent les responsabilités du gouvernement dans notre pays ?

1.5 Le Pape Jean-Paul II insistait récemment avec rigueur sur cette exigence :



« Tant que ceux qui occupent des responsabilités n’accepteront pas de remettre courageusement en question leur manière de gérer le pouvoir et d’assurer le bien-être de leur peuple, il sera difficile d’imaginer que l’on puisse vraiment progresser vers la paix » (Message pour la Journée Mondiale de la Paix, 01 janvier 2003, N°7, §2).



2 Difficultés sur le chemin de la paix

2.1 Dans notre pays, de gestes graves ont été posés qui nous éloignent de la paix… Notre appel du 18 juin 2002 concernant l’adoption de mesures consensuelles pour les élections n’a pas été entendu. Ainsi :

*des élections anticipées ont été organisées unilatéralement le 27 octobre 2002 ; et, loin de constituer une solution, elles ont davantage exacerbé la crise politique ; et la reprise tant escomptée de la Coopération avec l’Union Européenne n’a pas suivi.

*la Constitution de la IV e République adoptée par Référendum le 27 septembre 1992 et promulguée le 14 octobre 1992 a été profondément modifiée par l’Assemblée issue de ces élections. Cette modification a eu pour effet, entre autres, de donner désormais la possibilité au Président de République de briguer d’autres mandats, de façon indéterminée, alors qu’initialement, l’article 59 disposait sagement ce qui suit : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats » ;

*la modification unilatérale du Code électoral enlève toute crédibilité à la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante)



2.2 L’on ne peut honnêtement pas affirmer que ces dispositions aient renforcé notre cohésion nationale. Bien au contraire, l’impression générale qui prévaut est à l’inquiétude, et, dans notre pays, la paix et la sécurité se trouvent menacées !

Nous évoluons dans une atmosphère de mensonge, de suspicion, de délation et de méfiance….Dans toutes les franges de notre population, sont perceptibles des sentiments de lassitude, de découragement de désarroi devant les incertitudes de notre avenir immédiat. Des gens qui, jusque-là, avaient toujours eu un langage modéré et pondéré, pensent et disent malheureusement la violence. IL n’est donc pas possible que la situation évolue de la sorte sans aucune prise de conscience salutaire de la part de ceux qui ont en charge les destinées de la Nation.



3 Vers l’édification de la Nation

3.1 Une analyse objective de cette réalité ambiante conduit à la réflexion suivante sur deux points précis.

3.2 Les règles du jeu ont été sciemment modifiés au profit d’une partie qui, tout à son aise, a changé profondément la loi fondamentale élaborée et acceptée par tout un peuple. N’est-il pas bon et salutaire de mettre en application la loi fondamentale pour en saisir les progrès et les limites plutôt que de la modifier à priori à la convenance et au profit d’un seul parti ? L’histoire de nos quatre Républiques doit nous instruire en ce domaine. La Constitution d’un pays, c’est une parole solennellement donnée : il faut la respecter. Ce n’est qu’à l’épreuve de l’application que l’on pourrait, dans un climat consensuel, décider des aménagements susceptibles d’améliorer les conditions de la vie commune.

3.3 Le second point de notre réflexion concerne l’alternance au pouvoir. Celle-ci est une des caractéristiques essentielles d’un régime démocratique. A travers des élections libres et transparentes, le peuple confie à ses représentants un mandat limité dans le temps. En effet, les problèmes liés à la construction d’une Nation sont d’une extrême complexité et jamais les solutions ne sont toutes données. Tous les citoyens de notre pays ont le devoir d’apporter à la réalisation de cette tâche immense les ressources de leurs qualités morales, de leurs compétences intellectuelles et d’un amour vrai de la patrie. Aussi est-il tout à fait normal qu’à l’échéance des mandats, le peuple puisse choisir libreme nt et en connaissance de cause les acteurs de la vie politique qui proposent d’autres voies par d’autres projets de société.



4 La vérité nous rendra libres

4.1 Nous vivons au Togo une crise politique grave parce que, par peur ou par intérêt, les uns et les autres refusent de dire la vérité qui rend libre (cf. Jean 8,32). Que d »’exemples de contre-vérités froidement et sciemment proférées en dépit de tout bon sens et de toute évidence ! Que d’exemples de gymnastiques intellectuelles acrobatiques et de démonstrations incroyables !

4.2 Or, il existe un lien indissociable entre l’engagement pour la paix et le respect de la vérité. L’insécurité psychologique largement répandue dans notre pays vient en droite ligne de l’absence de la vérité, car seules « l’honnêteté de l’information, l’équité des systèmes juridiques, la transparence des procédures démocratiques, donnent aux citoyens le sens de la sécurité, la disposition à dépasser les controverses par des moyens pacifiques et la volonté d’une entente loyale et constructive qui constituent les vraies prémices d’une paix durable » (Jean Paul II, Message pour la Journée Mondiale de la Paix, 01 janvier 2003, N°8, §1).

4.3 Notre pays a mal. L’on y remarque, nous l’avons déjà dit en juin 2002, une aggravation de la pauvreté et de la précarité des conditions de vie.



5 Convertissons-nous !

5.1 Nous en appelons donc encore une fois à une véritable conversion. Osons-nous mettre en toute lucidité face au Créateur de tout Bien. Osons rentrer en nous-même, dans le sanctuaire de notre conscience. Nous ne pouvons continuer indéfiniment à nous mentir à nous-mêmes et aux autres. Regardons la vérité en face pour oser la vérité. La vérité nous rendra libres ! osons donc la vérité dans ce pays et nous seront libres !

5.2 Cette nécessaire conversion à le vérité exige de nous uns vision claire de la bonne gestion du bien commun, qui est l’essence même de la vie politique. Aussi osons-nous demander que tous , nous acceptions que les choses puissent se passer normalement dans le pays !

5.3 Il est impérieux qu’aucune partie ne s’arroge intempestivement et avec force le monopole de la politique pour induire, voire imposer un agir politique univoque et unidimensionnel à la communauté nationale. Oui, il est impérieux que la justice devienne une justice impartiale et responsable.

5.4 Les conditions sont-elles vraiment créées pour que des élections nous engagent sur le chemin d’une paix véritable ?



6 Invitation à la prière

6.1 Nous lançons un vibrant appel aux responsables politiques, de quelque bord qu’ils soient, pour qu’ils se mettent de nouveau ensemble pour statuer sur les mesures qui nous conduisent à la vraie paix.

6.2 Ils détiennent la lourde responsabilité d’agie pour garantir la paix, pour eux-même, leurs familles, toute la Nation togolaise.

6.3 Qu’ils sachent donc transcender leurs divergences, leurs intérêts égoïstes, leurs ambitions personnelles, la soif inextinguible de conquérir à tout prix le pouvoir par des moyens déloyaux (mensonges, calomnies, dénigrements, intimidation, corruption, etc.) pour privilégier l’intérêt supérieur de la Nation, le bien commun, c’est-à-dire le souci du bien-être de tous les togolais et de la prospérité du pays.

6.4 Nous lançons le même appel à chaque chrétien ( homme et femme, jeune et adulte) pour que chacun se sente responsable de l’avènement et de la permanence de cette paix à laquelle tout notre pays aspire tant.

6.5 Nous nous devons de rendre une juste et généreuse action de grâce au Dieu de toute bienveillance et amour pour la constante protection dont IL nous couvre tous. Convaincus qu’ « il est béni, celui qui met sa confiance dans le Seigneur, celui dont le Seigneur est l’espérance » (Jér.17,7), nous invitons une fois encore nos Communautés chrétiennes à intensifier la prière quotidienne pour la Nation. Aussi, en plus de la prière quotidienne pour la Paix, nous prescrivons une série de trois TRIDUUMS comme suit au cours des prochain mois d’avril, mai et juin 2003.

6.6 La mobilisation morale et spirituelle à laquelle nous vous convions tous et chacun, est destinée à obtenir de Dieu la paix dans notre pays, dans la sous-région ouest africaine, en Afrique et dans le monde entier.



7 Oeuvrons pour la paix

7.1 Encore uns fois, la paix est une richesse incommensurable qui vient de Dieu. Dans la Bible, le mot « PAIX » est cité 331 fois : 235 fois dans l’Ancien Testament, 96 fois dans le Nouveau Testament. La paix est un trésor inestimable. Ne la détruisons surtout pas par notre égoïste à courte vue et un entêtement obtus, source de mort. Oeuvrons plutôt ensemble à la construire, à la consolider, à la renforcer !

7.2 « Heureux les artisans de PAIX, car ils seront appelés Fils de Dieu » ( Matthieu 5 :9)



Fait à Lomé, le 19 mars 2003

En la Solennité de Saint Joseph, Patron de l’Eglise Universelle

LES EVEQUES DU TOGO

Mgr. Philippe Fanoko KPODZRO

Archevêque de Lomé

Président de la CET (Lomé)
Mgr. Jacques Anyilunda, Vice-Président de la CET (Dapaong)
Mgr.Ambroise Djoliba (Sokodé)
Mgr.Julien Kouto ( Atapkamé)
Mgr. Paul Jean-Marie Dossavi (Aného)
Mgr.Talkéna (Kara)
Mgr. Bénoît Alowonou (Kpalimé)