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Alternance politique: jeunesse togolaise en action se met en mouvement

Sud Quotidien (Dakar)

31 Mars 2003
Publié sur le web le 31 Mars 2003
Oumar Kouressy


L'approche de l'élection présidentielle au Togo prévue en principe pour le mois de juin prochain, donne des idées au Togolais. De l'intérieur comme de l'extérieur, les compatriotes du général Gnassingbé Eyadéma mettent la pression pour qu'enfin, une alternance politique survienne dans ce petit pays de l'Afrique de l'Ouest, dirigé depuis plus de 36 ans par des militaires. C'est dans ce cadre qu'une conférence-débat sur le thème " les processus démocratiques en Afrique : le cas du Togo " a été organisée le samedi, 29 mars dernier, à " Just 4 U " par la Jeunesse togolaise en action (Jta) basée à Dakar. Amady Aly Dieng et Me Boucounta Diallo en étaient les conférenciers.

Les Togolais veulent en finir avec le " régime militaire " du général Gnassingbé Eyadéma au pouvoir depuis le 13 janvier 1967. Les méthodes pacifiques, jusque-là soldées par un échec, que les Togolais ont toujours utilisées pour aspirer au changement sont en passe d'être abandonnées. Décidés, motivés et surtout désormais conscients qu'aucun vote ne peut faire partir le " doyen " des chefs d'Etat sur le continent, les Togolais en appellent à une action commune de toutes les forces politiques - société civile comme opposition - pour faire sauter le verrou. " Cette année 2003 sera démocratique ou ne le sera pas ", indique l'association Jeunesse togolaise en action (Jta). En effet, la situation politique actuelle au Togo pousse à une telle prise de position qui tranche avec la " tolérance légendaire " qui caractérise le peuple togolais. Malgré les assassinats politiques du début des années 1990, les exactions sommaires, l'exil auquel sont contraints des milliers de Togolais pour fuir la dictature du général Gnassingbé Eyadéma dont Amnesty international, dans un rapport intitulé " Etat de la terreur au Togo " en 1999 accuse le régime, les Togolais ont toujours préféré le dialogue à la confrontation. Mais, aujourd'hui, les nouvelles en provenance du pays ne sont guère rassurantes. Modification unilatérale de la Constitution qui donne désormais la possibilité au président Gnassingbé Eyadéma de briguer la magistrature suprême du pays autant de fois qu'il le voudra, changement du Code électoral qui fait maintenant obligation à tout candidat à l'élection présidentielle de résider au Togo pendant au moins un an sans compter la " déchéance sociale " née d'une crise économique sans précédent dans laquelle se trouve le pays, sont de nature à compromettre " dangereusement l'avenir de ce petit pays " qui risque de plonger dans le " désastre ". Le syndrome ivoirien est aux portes du Togo avec l'exclusion de fait, si les nouvelles dispositions en restaient là, du principal opposant au régime en place, Gilchrist Olympio dont la candidature sous les couleurs de son parti, l'Union des forces du changement (Ufc) est officiellement annoncée depuis quelques jours. Pour cela, Jta " attire l'attention des autorités actuelles du pays, de l'opposition, de la classe politique toute entière et de la communauté internationale sur les conséquences graves que pourrait comporter cette décision " qui " viole l'accord-cadre de Lomé " auquel le pouvoir en place a adhéré.

La menace n'est plus voilée et les idées sont très claires. Gnassingbé Eyadéma doit partir ou bien il entendra la voix de la rue. Gilchrist Olympio l'a annoncé. Jeunesse togolaise en action l'a réaffirmé. Me Boucounta Diallo, avocat à la Cour et président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme (Ondh) exprime toute son inquiétude. " Des lendemains sombres se dessinent pour le Togo ", dit-il. Dans sa communication, après avoir loué la tolérance du peuple togolais, relevé le " manque de repères " qui caractérise les acteurs politiques de ce pays et souligné la " part de responsabilité " de la communauté internationale dans tous les problèmes auxquels sont confrontés nos Etats, le président de l'Ondh indique, comme pour annoncer que le bateau est arrivé à quai : " A force de trop colmater, on finit par envenimer les choses ". Mais pour autant, Me Boucounta Diallo, en bon juriste, n'est pas pour la violence. " La violence ne doit pas être la solution finale pour régler la crise togolaise ". Ce que conteste l'économiste, Amady Aly Dieng, le deuxième conférencier du jour. Après avoir remonté dans l'histoire pour faire l'historique de la lutte politique des Togolais qui date de la colonisation, Amady Aly Dieng, dans un pessimisme qu'il tire de l'expérience du pouvoir politique en Afrique lâche, péremptoire : " les processus démocratiques par les urnes, je n'y crois pas ". C'est pourquoi, tout en louant l'utilité et la complémentarité de l'action de la Jeunesse togolaise en action, il conseille : " l'essentiel de votre mouvement se fait au pays, pas à l'extérieur ".

La communauté togolaise qui a répondu à l'appel de Jta dit en prendre note et promet de se faire entendre. Par tous les moyens. Le changement au Togo est à ce prix.