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Tout sur la vie et la situation des femmes célibataires

CHRONIQUE - Santé, sexualité
 Mlle Hovi est secrétaire de direction dans une grande entreprise à Lomé. Belle, riche, toujours coquette sur sa moto d’une des marques chinoises qui ont ravi le monopole aux japonaises à Lomé, Mlle Hovi ne manque apparemment de rien. Et pourtant à 32 ans, Mlle Hovi est célibataire. Elles sont des centaines de milliers de Togolaises qui sont à la trentaine révolue et ont tout pour plaire mais n’ont pas toujours trouvé la fameuse « âme sueur ».


Flash- back dans le passé récent

Il faut avouer que la génération naissante de femmes célibataires est une curiosité sociale au Togo. Dans un passé récent, les femmes dans la société togolaise se marient très tôt. Mme Têvi, commerçante à Lomé, 55 ans témoigne : « Nous à notre temps, nos parents nous poussaient au mariage très tôt. Etant souvent des paysans, ils ont souvent envie de se débarrasser d’une bouche à nourrir dans la famille. Les pères font même les éloges de leurs filles dans les réunions des villages ou de corporations pour intéresser les jeunes hommes. Moi je me suis donc mariée à l’âge de 22 ans au grand soulagement de mes parents qui se faisaient beaucoup de sang d’un si long retard ».


Des précisions définitionnelles et statistiques

D’abord, faisons les précisions sur la situation des jeunes célibataires. Le terme recouvre en fait des réalités multiples. Il y a celles qui n’ont pas encore trouvé l’âme sœur ou tout simplement n’en cherchent pas et celles qui croyaient l’avoir trouvé, se sont aperçues qu’elles se sont trompées. Ces dernières sont les divorcées, les séparées, les blessées de la vie… Il y a aussi les cas de celles qui attendent le retour ou pour rejoindre leurs fiancés en Europe ou aux Etats-Unis… et qui sont là à attendre leur hypothétique retour pour le mariage.

Les évolutions démographiques sont assez illustratives. Pour un garçon qui naît, il y a 07 (sept) filles. Les démographes sont unanimes, il naît plus de filles que de garçons. Pour les spécialistes, pour l’équilibre, il faut à chaque Togolais se marier avec sept femmes, mais il faut avouer que la polygamie n’a plus la côte à cause des mutations socio-économiques dans le pays et des changements de mentalité.


Elles sont riches, bien éduquées et font peur

Avec la vulgarisation de l’éducation, beaucoup de filles togolaises sont de plus en plus instruites. Certains hommes rechignent à prendre pour femme, « une fille qui est toujours en pantalon et qui vous dispute le journal ». Est-ce par machisme et à cause des pesanteurs socio-culturelles ? M. Koutoglo, cadre d’entreprise marié à une commerçante, il avoue avoir une certaine appréhension des femmes intellectuelles. « J’ai le niveau BAC+5, mais je préfère avoir une femme d’un niveau d’études moyen. J’avais tenté l’expérience avec une femme qui est directrice marketing dans une société de la place. Ça a tourné au fiasco. Elle en faisant toujours à sa tête. Ma mère voyant venir le danger, m’a dissuadé de me marier à cette femme qui avait selon elle, des manières de blanches. J’ai dû me raviser », a-t-il soutenu.

De nombreuses femmes bien instruites déclarent avoir trop privilégié leur carrière professionnelle et laisser passer plusieurs occasions. « Je me souviens qu’après mon BAC, il y avait un homme qui me faisait la cour et voulait m’épouser mais j’ai refusé parce que je voulais finir mes études universitaires avant de me lancer dans l’aventure du mariage. Je me disais que ce n’était pas possible de faire les enfants et continuer les études », a déclaré Mlle Hovi.

En raison de la situation socio-économique du pays, beaucoup de jeunes hommes en âge de se marier sont pour la plupart au chômage. Après avoir passé des années sur les bancs des universités et des écoles de commerce, nombreux sont ces jeunes qui sont ceux qu’on appelle par pudeur « à la recherche de l’emploi ». Or, il est indéniable que tant qu’ils ne sont pas économiquement et socialement indépendants et stables, ils ne peuvent s’aventurer sur le terrain du mariage. M. Kinvi, 35 ans, diplômé en histoire depuis huit (8) ans, il est conducteur de taxi-moto. Pour ce célibataire, le moment n’est pas propice pour le mariage. « J’ai une copine à qui je dis souvent de s’en aller si elle trouve quelqu’un qui peut véritablement subvenir à ses besoins. Je sais qu’à mon âge, je devrais me marier mais avec ma situation je ne peux pas le faire. Je suis en location dans une pièce et je n’arrive pas à joindre les deux bouts. Je ne veux pas emmener chez moi une femme et ne pas être en mesure de prendre soin d’elle. Quand j’aurai un travail et une situation stable, je vais me marier », a-t-il déclaré.

Que pensent-elles du discours des jeunes hommes à propos de la situation professionnelle et économique de ces derniers ? « Ce sont nos mères qui ont été naïves et on cru qu’en se mariant avec un homme à la situation précaire, il se souviendra d’elles lorsque son étoile commencera à briller. Elles ont été trahies et abandonnées après. Moi je ne vais pas me laisser faire », a pesté Mlle Hodabalo, une étudiante en droit.

Dans la société, l’homme est toujours considéré comme « le chef de la famille ». Il doit tout faire pour assurer le bien-être de sa famille. S’il n’est pas à la hauteur, il est exposé à une « insécurité matrimoniale ». Certains hommes ont vu leur femme quitter le foyer parce qu’ils n’étaient plus en mesure d’assurer le pain quotidien. Même la famille de la femme s’y mêle. Si un homme laisse leur fille affamée, les beaux parents sont capables de venir ramener leur fille du foyer conjugal et lui trouver « un bon mari ».

Les illusionnistes se frottent les mains

Pour pouvoir mettre toutes les chances de leur côté et dégotter « un mari », nombreuses sont les célibataires togolaises qui s’en remettent aux féticheurs, marabouts, prophètes, pasteurs qui pilullent dans le pays.

Les Togolais ont encore cette conception magique de Dieu. Quand on a besoin de quelque chose, ont fait appel au Très Haut et on consulte « ses intermédiaires sur la terre ». Beaucoup d’églises sont remplies de « chercheuses de maris ». Des individus véreux en profitent pour abuser des célibataires. Mlle Sidemeho, 31 ans témoigne : « En 2008, j’ai rencontré un homme très riche et connu ici au Togo. Malgré sa situation maritale, il voulait me prendre pour sa deuxième femme. A la suite, je me suis aperçue qu’il ne voulait pas voir mes parents et faire un mariage coutumier en famille. Alors j’ai consulté un devin pour garder mon homme à moi seul. A la fin, ce fut un fiasco. Non seulement il a rompu mais aussi il est venu ramasser tout ce qu’il m’avait acheté », s’est-elle plaint.


Un marché en jachère

Elles ont un fort taux d’audience, ces émissions sur les stations radios et télés de la place qui traitent de la vie en couple. Les célibataires en sont très friandes et sont les premières à réagir sur les thèmes débattus quand l’occasion leur est donnée de rentrer en ligne pour apporter leur contribution. Mlle Rosine, une férue de ces émissions s’explique : « Je suis toujours ces émissions pour écouter les conseils que l’on y prodigue souvent. Je n’hésite pas à appeler et apporter ma contribution. Et on sait jamais, je peux un jour par cette voie trouver un mari (rires…)». Avec les nombreux diplômés en psychologie et en communication, il est curieux qu’aucun d’entre eux n’ait lorgné cette piste : celle des agences matrimoniales ou l’organisation des soirées de « Speed dating » que les Occidentaux ont à profusion chez eux.

Et pour les femmes célibataires, les spécialistes sont unanimes. Le prince charmant finit par venir si l’on reste zen et que l’on met toutes les chances de son côté en menant une vie responsable. Pour Mme Kangni, 49 ans qui s’est mariée à 31 ans, l’espérance compte pour beaucoup. « Je dirai à mes jeunes sœurs célibataires de ne pas trop lorgner du côté des hommes mariés. Elles seront déçues. Il faut qu’elles regardent si le jeune homme qui l’approche est travailleur. C’est là l’essentiel. Le reste à savoir la maison de ses rêves, la voiture viendront après », a-t-elle conseillé.

Sam Gagnon