Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 6:24:40 PM Vendredi, 26 Avril 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


Gabon : Ali Bongo sollicite l'appui de Paul Biya pour une normalisation politique au Gabon (ANALYSE)

Afrique
Une semaine après la proclamation des résultats officiels de l'élection présidentielle du 30 août contestés par l'opposition, le président élu du Gabon Ali Bongo Ondimba s'est rendu vendredi à Yaoundé pour une visite d'amitié, ayant servi à solliciter l'appui du président camerounais Paul Biya pour une normalisation politique au Gabon, de l'avis des observateurs.
  "Le président Biya fait partie des premiers chefs d'Etat étrangers à avoir félicité Ali Bongo. Il me semble qu'Ali Bongo est venu le remercier pour son soutien au processus électoral au Gabon et l'inviter à les assister à rapprocher les points de vue qui contestent l'élection, afin qu'ils puissent sortir en douceur de la crise", a commenté à Xinhua le professeur Joseph Vincent Ntuda Ebodé, géostratège.

Fils du défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba décédé le 8 juin à Barcelone en Espagne après près de 42 ans de pouvoir, Ali Bongo Ondimba, 50 ans, est le vainqueur du scrutin présidentiel organisé le 30 août, par 41,73% des suffrages, selon les résultats annoncés le 3 septembre à Libreville par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap) et confirmés le lendemain par la Cour constitutionnelle.

Ses adversaires, dont ses suivants immédiats, l'ancien ministre de l'Intérieur André Mba Obame (25,88% des voix) et l'opposant historique Pierre Mamboundou (25,22%) dénoncent cette victoire qu'ils qualifient de "coup d'Etat constitutionnel".

Ces résultats avaient provoqué des violences à Librebille et à Port-Gentil, la deuxième ville du pays. Trois personnes avaient été tuées, selon les autorités gabonaises. L'opposition conteste également ce bilan, faisant état de son côté au moins 15 morts.

Un collectif de 17 candidats de l'opposition dirigé par l'ex- Premier ministre Jean Eyéghé Ndong a réaffirmé lundi leur rejet des résultats de l'élection et exigé le recomptage des bulletins de vote, en raison "de graves manipulations desdits résultats, de scandaleux bourrages des urnes, ainsi que d'incompréhensibles gonflements des listes électorales ont contribué à fausser les résultats en faveur du candidat du PDG (Ali Bongo)".

Le même jour à Yaoundé, le chef de l'Etat camerounais Paul Biya a adressé un message de félicitations au nouveau dirigeant gabonais.

"Le Cameroun est actuellement considéré comme le pays ayant le doyen des chefs d'Etat dans la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique centrale). Il est évident que dans le cadre de l'exercice de ses nouvelles fonctions, Ali Bongo est venu demander des conseils au président Paul Biya", a estimé Ntuda Ebodé, chef du Centre de recherches d'études politiques et stratégiques de l'Université de Yaoundé II.

C'est aussi le point de vue de Dr. Mathias Eric Owona Nguini, politologue également enseignant dans cette université, pour qui " le président Paul Biya peut faire jouer son ancienneté et sa longévité au pouvoir pour convaincre un certain nombre d'acteurs de la classe politique gabonaise de négocier en vue de l'apaisement politique dans ce pays".

Il rappelle que le numéro un camerounais avait déjà joué un rôle important de médiateur entre les membres du clan Bongo, au lendemain du décès d'Omar Bongo Ondimba. Notamment entre Ali Bongo, ancien ministre de la Défense (de 1999 jusqu'à la veille de l'élection présidentielle) et sa soeur Pascaline, ex-directeur du cabinet présidentiel à l'époque de leur père et dont le mari était également ministre des Affaires étrangères.

De même, Paul Biya aurait oeuvré, selon l'universitaire, pour "le retrait de Casimir Oyé Mba (ancien baron du régime d'Omar Ondimba) de la course à la présidence, retrait bénéfique à Ali Bongo ".

Le chef de l'Etat camerounais s'est déplacé vendredi à l'aéroport international de Yaoundé-Nsimalen pour accueillir et raccompagner, en compagnie de son gouvernement, son hôte. Il l'a reçu pour un entretien en tête-à-tête au palais présidentiel dont rien n'a filtré.

"Le président Paul Biya m'a toujours honoré et considéré comme son fils (..) Il était le frère de mon père", a lui-même déclaré Ali Bongo dans un entretien à la radio publique camerounais (CRTV) au terme de sa visite vendredi après-midi à Yaoundé.

Il a affirmé avoir réservé sa première visite à l'étranger à ce "père" pour "qu'il puisse me donner ses conseils", dans la mesure où c'est aussi "un des chefs d'Etat les plus respectés du continent".

Autre sujet des entretiens entre Paul Biya et Ali Bongo, la formation du futur gouvernement gabonais.

"Nous attendons que les périodes fixées par la Constitution s'écoulent (pour l'investiture). Nous allons former un gouvernement et nous mettre au travail très rapidement", a par ailleurs confié Ali Bongo.

De l'avis de Ntuda Ebodé, les tractations devraient permettre la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, en vue de réconcilier les Gabonais. Et, a-t-il observé, Paul Biya va également y peser de son poids, comme il l'a fait au profit du processus électoral pour "permettre d'éviter une instabilité sociopolitique pourrait affecter le Cameroun", pays voisin du Gabon.

L'ambassadeur du Gabon au Cameroun, Michel Madoungou, interrogé par Xinhua, a soutenu que la visite du président élu Ai Bongo à Yaoundé est "une promesse de campagne".

"Le président Ali Bongo avait promis lors de sa campagne électorale qu'il allait réserver sa première visite à l'étranger au Cameroun", a affirmé le diplomate gabonais. Car, "au-delà de sa qualité de chef de l'Etat, le président Paul Biya est un père pour Ali Bongo".