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Barack Obama, premier Noir à la Maison Blanche

«Le changement est arrivé en Amérique.» A 47 ans, Barack Obama est devenu mardi le premier Noir élu à la Maison Blanche. Rompant avec un passé pas si lointain de discrimination raciale, les Américains ont voté en masse pour le jeune sénateur démocrate de l'Illinois.
 
Né à Hawaï de l'union d'un Kenyan et d'une Américaine blanche, il prendra ses fonctions le 20 janvier prochain, en tant que successeur de George W. Bush et 44e président des États-Unis. Il hérite de deux guerres, l'une en Irak, l'autre en Afghanistan, et d'une situation économique désastreuse, sans doute la plus difficile depuis la Grande Dépression dans les années 1930.


Son adversaire républicain John McCain aura tenté en vain de marquer ses distances avec la présidence de George W. Bush, qui a battu des records d'impopularité en cette fin de second mandat. Barack Obama a bouleversé la carte politique, conquérant des fiefs républicains comme la Floride, l'Indiana et la Virginie, tout en conservant les Etats traditionnellement démocrates.

Son élection marque un moment historique dans un pays où les Etats du Sud ont appliqué des lois discriminatoires jusqu'en 1964 et privé les Noirs du droit de vote jusqu'en 1965.

«Le changement est arrivé en Amérique», a déclaré Barack Obama, qui avait fait campagne pendant près de deux ans sur la nécessité de rompre avec l'ère Bush. Venue écouter dans un parc de Chicago son premier discours de président élu, la foule a célébré sa victoire en applaudissant, en criant de joie et en agitant des drapeaux américains. Beaucoup de sympathisants avaient les larmes aux yeux, dont le révérend Jesse Jackson, militant historique des droits civiques et candidat à deux reprises à l'investiture démocrate.

De nombreuses villes à travers le pays ont retenti de concerts de klaxons. A New York, dans le quartier de Harlem, la liesse des milliers de partisans réunis près de l'Apollo Theater pouvait être entendue à des pâtés de maisons. A Washington, des centaines d'habitants sont descendus dans la rue près de la Maison Blanche, tapant sur des tambours et scandant "Bush est parti".

La victoire d'Obama marque l'avènement d'une nouvelle génération d'hommes politiques qui n'ont pas été marqués par la guerre du Vietnam. Obama était encore enfant lorsque la plupart des soldats américains en sont revenus, alors que John McCain, 72 ans, a été prisonnier au Vietnam.

Elle marque également le rejet final de la politique de Bush. La popularité du président sortant avait augmenté après les attentats du 11 septembre 2001 mais s'était effondrée lorsque son administration avait échoué à venir efficacement en aide aux populations sinistrées par l'ouragan Katrina. La guerre en Irak et la crise financière avaient achevé de l'enfoncer.

Certes, Barack Obama hérite d'une situation difficile. Il peut cependant compter sur ses alliés au Congrès. Le Parti démocrate a en effet élargi mardi sa majorité dans les deux chambres -la Chambre des Représentants et le Sénat.

Les chiffres officiels de participation n'ont pas encore été annoncés mais l'on s'attend à ce que le scrutin de mardi ait battu tous les records, aux environs de 64% selon les premières estimations.

Les électeurs ont voté à 52% pour Obama contre 46% pour McCain, selon des résultats encore partiels (94% des bulletins dépouillés). Cependant, aux Etats-Unis, le président est élu au suffrage universel indirect, par un collège composé de 538 grands électeurs répartis selon les Etats à peu près en fonction de leur population.

Dans tous les Etats sauf le Nebraska et le Maine, le candidat qui obtient la majorité des voix des électeurs recueille toutes les voix des grands électeurs - c'est la règle du «winner takes all». L'avance d'Obama dans le vote populaire s'est donc en une victoire écrasante dans le collège électoral. Lui qui avait besoin de 270 grands électeurs pour être élu en avait déjà 349 contre 147 à McCain, tandis que dans trois Etats les résultats étaient encore trop serrés pour trancher, «too close to call» selon l'expression consacrée. Pour comparaison, George W. Bush a été élu à deux reprises, mais jamais avec plus de 286 grands électeurs.

John McCain a téléphoné à Barack Obama pour concéder sa défaite, avant de la reconnaître devant ses partisans rassemblés à Phoenix (Arizona). «C'est une élection historique et je reconnais la signification spéciale qu'elle revêt pour les Afro-Américains et la fierté spéciale qui doit être la leur ce soir», a-t-il déclaré devant une foule déçue. Et de rendre hommage à son adversaire, qui «a réussi à gagner en donnant de l'espoir à tant d'Américains, qui pensaient n'avoir que peu d'influence dans la désignation d'un président américain». «C'est quelque chose que j'admire profondément et je l'en félicite», a lancé John McCain.

Barack Obama devrait ouvrir une nouvelle ère de la politique étrangère américaine en ce qui concerne l'Irak et le multilatéralisme, même si les intérêts américains resteront logiquement prioritaires.

Il envisage un retrait des troupes américaines d'Irak, pour les redéployer en Afghanistan. Il s'est dit prêt à négocier, sans préalable, avec l'Iran. Il veut que le camp de Guantanamo soit fermé. Et il est en faveur des quotas d'émission de gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique.

Sur la scène internationale, l'«obamania» actuelle laisse augurer une grande popularité, en contraste radical avec son prédécesseur George W. Bush.