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Impacts de la crise financière sur les pays de l’UEMOA : des menaces sur la compétitivité et les flux de capitaux

CHRONIQUE - Finances et Economie
  
1- La crise financière survenue aux États-Unis menace le flux de capitaux à destination d’Afrique. L’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, M. Shantayanan Devarajan qui assimile ce phénomène à une « faillite de la réglementation de l’État américain » avertit sur une baisse de la compétitivité des pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest).

Réponse de NMK
Cette baisse de compétitivité du FCFA est constatée depuis plus d’un an, bien avant les remous économiques causés par la crise financière actuelle. Au contraire, je dirai que l’éclatement présent de la bulle financière a fait remonter la valeur du $ américain par rapport à l’Euro, d’environ 10% en ramenant son taux de change de 1,50$ à 1,35$ pour 1 Euro, et que ce taux va encore baisser prochainement à 1,20$ pour 1 Euro, avec la baisse prochaine du Taux de base des intérêts qui sera décidée par la BCE (banque centrale européenne), ce qui nous ramènera au seuil antérieur de compétitivité.

De toutes façons, la zone FCFA se trouve en équilibre au niveau de sa balance du commerce extérieur, du fait que les producteurs de pétrole (Tchad, Gabon, Congo, Côte d’Ivoire) et d’uranium (Niger) et d’or (Mali, Burkina) ont vu les cours de leurs exportations suffisamment augmenter pour compenser la baisse des recettes de coton, cacao, café.

Par contre, la hausse de l’Euro et donc du Franc CFA par rapport au Dollar durant la période qui vient de s’écouler, a beaucoup bénéficier aux consommateurs de la zone FCFA, puisqu’ils achetaient moins cher tous les produits importés de Chine, d’Asie du SUD-EST, et de tous les pays dont la monnaie est arrimée au dollar américain.

Il ne faut pas oublier que les 14 pays membres de la zone FCFA n’ont que très peu d’exportations industrielles, et par conséquent la notion de compétitivité internationale que la Banque Mondiale utilise dans ses analyses économiques, ne peut pas s’appliquer sans nuances à nos économies.

Il faut rappeler à l’économiste en chef de la Banque Mondiale que nos pays de l’UEMOA et de la CEMAC sont des consommateurs de produits industriels et des exportateurs de matières premières, essentiellement. Par conséquent, le fait que le Franc CFA soit rattaché à l’Euro, a servi à améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs, notamment des salariés et des rentiers de la zone FCFA, ce qui a permis d’éviter des troubles politiques graves dans l’ensemble des pays de l’UEMOA (Afrique de l’Ouest) et de la CEMAC (Afrique Centrale), comme cela s’était passé en 1990 avec toutes les Conférences Nationales qui avaient eu lieu simultanément dans l’ensemble de la zone monétaire du Franc CFA qui souffraient tous de la surévaluation du Franc CFA. Or, à cette époque-là, en 1990, les produits asiatiques étaient chers à cause de leurs monnaies alors surévaluées (puisque c’est seulement en 1997 que ces pays asiatiques avaient dû dévalué leurs monnaies de 80%, rendant désormais leurs produits moins chers) ; et c’est après l’an 2000 que les pays de la zone FCFA ont commencé à importer de plus en plus massivement les produits asiatiques, leur permettant d’améliorer le pouvoir d’achat de leurs consommateurs.

Et si maintenant, à la demande de la Banque Mondiale, le Franc CFA venait à être dévalué, alors là, il y aurait une série de graves troubles politiques dans tous les pays de la zone FCFA qui n’ont pas les moyens de revaloriser les salaires du montant du taux de la dévaluation. Car le niveau de vie des salariés dans la zone FCFA a dû baisser de plus de moitié depuis la dernière dévaluation de 1994, et ils n’accepteront pas une nouvelle baisse, et cela d’autant plus que partout existe le multipartisme désormais et que les partis d’opposition en profiteront pour soulever les masses populaires…

Il ne faut pas oublier, en effet, que toutes les populations africaines de la zone FCFA ont gardé un très mauvais souvenir de la dévaluation de 1994, qu’elles avaient toutes subie à l’époque sans rien y comprendre, puisque c’était la première fois qu’une telle opération cambiaire intervenait en zone FCFA. Et si une nouvelle dévaluation était annoncée ou déclarée, alors là, il y aurait du « grabuge » : tous les pouvoirs établis seraient gravement menacés par les grèves généralisées et par des revendications en cascade…etc.

Et ce qu’envisage l’économiste en chef de la BM, Devarajan, me paraît d’autant plus irréaliste qu’il ne tient pas compte du contexte économique propre à la zone FCFA, qui n’avait guère réagi favorablement à la dernière dévaluation. En effet, si l’on avait constaté un relèvement du taux de croissance à 5% dans la zone FCFA sur 3 ans, entre 1994 et 1997, ce n’était pas essentiellement en raison de la dévaluation du FCFA intervenue le 11 janvier 1994, mais surtout en raison de la forte remontée des cours du coton et des autres produits d’exportation de cette zone durant ces 3 années. D’ailleurs, mon analyse est confirmée par la rechute de la croissance dans ces mêmes pays dès 1998.

Il faut comprendre qu’il ne pouvait y avoir de retombées positives et durables de la dévaluation de 1994 en zone FCFA, en raison de l’absence de politiques d’accompagnement de cette dévaluation, ce qui n’a pas permis de profiter de l’amélioration de principe de la compétitivité industrielle, puisqu’il n’y a pas eu d’investissements industriels massifs qui aient été attirés ni encouragés par des dispositions fiscales appropriées, et surtout que le contexte politique et les pratiques des gouvernements en place n’inspiraient guère confiance aux investisseurs sérieux qui évitent les pays entachés de corruption majeure. Or, ces caractéristiques demeurent présentes dans la plupart des pays membres de la zone FCFA : la corruption fait fuir les investisseurs sérieux qui ont peur de subir une justice corrompue, les taux d’imposition fiscale sont trop lourds par rapport à d’autres pays, notamment asiatiques, les marchés publics demeurent entre les mains du pouvoir politique en place ce qui fausse la concurrence, la douane et l’impôt ne sont pas payés par tout le monde ce qui rend la concurrence inégale en condamnant les honnêtes opérateurs économiques,…etc.

Par conséquent, j’estime, en bon connaisseur du contexte économique et politique local dans les pays africains de la zone FCFA, qu’il ne faut pas dévaluer le Franc CFA tant que les réserves des 2 banques centrales BCEAO et BEAC suffisent à couvrir 3 mois d’importations des 2 zones réunies, UEMOA+CEMAC. Ce qui est le cas !

En conclusion : Il ne faut surtout pas que l’économiste en chef de la Banque Mondiale,Mr Devarajan, très sympathique par ailleurs, fervent adepte des mathématiques appliquées à l’économie, vienne perturber le fragile sous-équilibre économique de la zone FCFA sans nous apporter en même temps les solutions pour un nouvel équilibre immédiat reposant sur des centaines de milliers de créations d’emplois nouveaux qui pourraient compenser la baisse de pouvoiur d’achat des actuels salariés et pensionnés. C’est une question de « cost benefit » social que l’économiste-mathématicien, Mr Devarajan, dans son bureau de Washington, devrait avoir présent à l’esprit en permanence, parallèlement à ses courbes mathématiques qui ne voient qu’un seul aspect du problème global. Ce genre d’économistes-mathématiciens sont très dangereux pour l’équilibre social : ils ignorent les réalités concrètes et ils raisonnent seulement à travers leurs lunettes astronomiques… C’est très très très GRAVE pour nos populations démunies, dont plus de 60% vivent dans l’extrême pauvreté, sans aucune réserve pour affronter la pénurie en cas de rupture d’équilibre !!! Il ne faut pas recommencer la bêtise de 1994, SVP….


2- L’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, est formel.
« L’impact le plus négatif de la crise financière va se ressentir sur le flux de capital ».

En conférence de presse, ce lundi 6 octobre à Washington, M. Shantayanan Devarajan, pense qu’avec cette crise financière qui sévit aux États-Unis et en Europe, les risques sont élevés pour les pays africains. A l’en croire, l’Afrique a connu un accroissement très fort en matière d’investissements fixes étrangers et d’investissement pour les portefeuilles pendant les cinq à six ans précédentes. Avec cette morosité relevée dans la situation financière, M. Devarajan pense qu’il y a possibilité que ce flux de capital qui a nourri l’investissement en Afrique va diminuer d’une manière profonde pour le continent. Une situation qui va alourdir les problèmes que traversent certains pays africains qui sont confrontés à une situation macro-économique liés à la crise financière ou pas. Dans ce cadre, l’économiste en chef de la banque mondiale a cité le cas de l’inflation en Éthiopie qui est à 60% alors que la balance commerciale est à 30% du Pib et l’Afrique du Sud, dont la balance des comptes courants est à peu près à 8,2% du Pib.


Réponse de NM (Michel Kalife)
M. Devarajan semble ignorer que 90% des flux de capitaux dont il parle ici sont des investissements réalisés par les grandes multinationales dans les mines et le pétrole, et que la logique de ces investissements n’a rien à voir avec la compétitivité des monnaies locales. Ces productions minières et de pétrole sont destinées à une demande extérieure qui est indépendante de la nature du Franc CFA.

Et si l’on dévaluait le Franc CFA, cela va augmenter d’autant le montant des dettes extérieures exprimées en dollar ou en euro, qu’il faudra rembourser en Francs CFA dévalués. Certes, les recettes des Etats africains de la zone FCFA vont augmenter en Francs CFA versés par les compagnies étrangères qui exploitent les minerais et le pétrole, mais comme les finances publiques sont très mal gérées dans la plupart des pays, cette augmentation des recettes publiques irait profiter aux corrompus et non pas aux peuples africains de la zone FCFA. Par contre, le pouvoir d’achat de ces peuples baisserait et leur misère grandirait encore, comme je l’ai déjà expliqué plus haut.

Alors, j’invite M. Devarajan de réviser sa façon d’analyser et de se tremper plus longtemps dans les eaux bouillantes de la zone FCFA avant de penser qu’il est facile d’y nager en restant juste dans l’hélicoptère qui survole ces eaux, d’ailleurs boueuses en plus d’être bouillantes.


3- Pour ce qui est du cas des pays de la zone CFA et particulièrement de l’UEMOA, M. Devarajan, économiste en chef de la Banque Mondiale, pense que « l’accroissement de l’inflation dû à la crise alimentaire va diminuer la compétitivité de leurs économies à cause des taux de change fixe avec l’euro ».

Réponse de NMK (Nadim Michel KALIFE)

Au contraire, je constate que le taux de change fixe du FCFA avec l’Euro a protégé la zone FCFA d’une plus forte hausse des cours denrées alimentaires et des matières premières exprimés en dollar. Cela a permis de réduire de 30% l’impact de la hausse des prix des denrées alimentaires (notamment le riz) importées en zone FCFA. Les autres pays africains, non membres de la zone FCFA, ont beaucoup plus souffert que nous en zone FCFA.

Quant à la compétitivité de la zone FCFA, je répète qu’il faut savoir si cette compétitivité est souhaitable dans l’état actuel des politiques des dirigeants africains de la zone FCFA, qui n’ont pas de vision d’avenir pour leur pays ni pour l’UEMOA, leur seul souci étant la gestion quotidienne des calamités naturelles et des tensions éventuelles générées par les revendications salariales, en dehors de leurs soucis énormes depuis un an pour le sort de leurs fortunes personnelles confiées aux banques étrangères qui semblent toutes plongées en difficultés inextricables en ce moment. Donc, ce n’est vraiment pas le moment de proposer un schéma de rétablissement de la compétitivité des pays membres de l’UEMOA ni de la CEMAC.

Il faudrait vraiment descendre de votre hélicoptère et vous poser en terre UEMOA et aller interroger les populations pour connaître les réalités du pays, M. Devarajan. Car vous donnez une triste image de la Banque mondiale avec vos lunettes mathématiques qui ne peuvent pas saisir la réalité du vécu africain en zone UEMOA comme ailleurs en Afrique Noire. Excusez moi de la rudesse de mes propos, mais je le fais à bon escient, pour vous réveiller et descendre de votre nuage de Washington. La Banque Mondiale et le FMI nous ont déjà causé beaucoup de malheurs entre 1981 et 2000, en raison de leur manque de connaissance du terrain africain, du fait que leurs agents et responsables restent entre les murs des dirigeants africains quand ils nous rendent visite en Afrique, et cette façon de travailler les empêche de connaître les vrais problèmes sociaux, du fait que les responsables et fonctionnaires africains que vous rencontrez vous mentent comme ils mentent à leur peuple.


4- En plus de cela, M. Devarajan pense que la dépréciation du dollar par rapport à l’euro « va constituer un problème pour les exportations des pays de la zone FCFA ». En somme, L’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique pense qu’une récession économique des États-Unis ou de l’Europe sur l’Afrique aura un impact sur les produits de base comme le pétrole et les matières premières. Selon lui, « il y aura une diminution sur le prix du pétrole et ça va avoir des effets asymétriques pour les pays importateurs du pétrole par rapport aux pays exportateurs ».
L’analyse de cette crise financière montre également l’épée de Damoclès qui pèse sur l’aide étrangère. M. Shantayanan Devarajan pense que « si la récession économique se traduit par une diminution des recettes fiscales des pays de l’Europe et des Etats-Unis, il va avoir un effet sur l’aide étrangère qui est financée par ces mêmes recettes fiscales ». A l’en croire, il y aura probablement une diminution des envois des migrants dans une moindre mesure



Réponse de NMK (Kalife)

Concernant les exportations de la zone FCFA je vous ai déjà répondu qu’il n’y a rien à espérer d’une dévaluation que vous souhaitez tant que nos dirigeants n’auront pas élaboré, de concert au sein de l’UEMOA et de la CEMAC, une grande politique d’industrialisation nécessitant une grande mobilisation de moyens de financement au sein de cette zone. Ce qui est loin d’être le cas pour le moment. Donc, je vous prie de réviser votre appréciation des choses…
Pour ce qui est de l’impact de la récession américaine et européenne sur l’aide reçue par l’Afrique, je pense que ce qui est dé&jà programmé, notamment le Xème FED européen, sera respecté, car cela représente une goutte d’eau pour l’Union Européenne, et leur humanisme les empêchera de revenir dessus. Par contre, il est vrai que de nouvelles aides n’afflueront pas de si tôt… Espérons que les organisations internationales de la FAO, de l’UNESCO, … ne verront pas leur budget se réduire.

Mais cette pression de la crise extérieure pourrait sensibiliser, peut-être, nos dirigeants à mieux gérer les ressources nationales pour éviter des soulèvements populaires, ce qui serait alors un bien pour l’Afrique !


5- Pour permettre de comprendre les causes de ce qu’il a appelé « débâcle » survenue aux Etats-Unis, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique pense à « une faillite de la réglementation de l’État américain ».



Réponse de NMK (Kalife)

Quant à la « faillite de la réglementation de l’Etat américain », c’est tout à fait clair ! mais j’ajouterai avec une plus grande clarté que cette crise financière repose sur la déréglementation des banques progressive intervenue aux USA depuis les années 1980 où le géant de l’économie mondiale, les USA, ont voulu montrer au monde entier l’avantage du libéralisme économique sur toute autre façon de gérer les économies nationales, alors que la France et d’autres pays européens prônaient un libéralisme régulé par des règles d’encadrement pour éviter les grandes dérives comme cela vient de survenir.

Il serait bon qu’avec les graves leçons à tirer de la crise actuelle, l’on arrive à instaurer au niveau mondial, une haute autorité de surveillance des bourses ainsi que des banques. Cela pourrait remplacer le FMI qui ne sert plus à grand’chose depuis qu’il a mené à la faillite nombre de pays émergents en les faisant avaler par les grands pays industriels qui ont racheté à bas prix leurs industries et leurs gisements de mines, ainsi que tous les pays membres de la zone FCFA qu’il a obligé à rembourser une dette extérieure composée à 90% de fausses factures(surfacturations…), ce qui a ruiné ces pays durant les 25 dernières années en appauvrissant leurs populations de plus en plus démunies, analphabétisées et malnutries.


6- Face à cette situation, M. Devarajan pense que « pour cette fois, il faut que l’analyse soit faite par les africains eux-mêmes avec l’appui des institutions comme la Banque Mondiale ». Cet élément de la Banque mondiale pense que les pays doivent mieux solidifier leur intégration. Afin de trouver une solution à cette crise, M. Shantayanan Devarajan avance que ministres des Finances du monde entier et gouverneurs des banques centrales seront en assise la semaine prochaine à Washington, aux Etats-Unis, pour discuter de la question.


Réponse de NMK (Kalife)

Je suis tout à fait d’accord, cette fois-ci, avec M. Devarajan. Toutefois, comme en Afrique, ce sont les gouvernements en place qui font appel aux économistes de leurs choix pour diagnostiquer les problèmes économiques de leurs pays, et qu’ils excluent ceux qui sont critiques et intègres, ils choisissent ceux qui sont soumis ou ceux qui sont des « alimentaires ». Le travail n’est pas alors bien fait, et l’état de corruption perdure et même s’aggrave, au détriment croissant des populations pauvres qui représentent entre 50% et 70% du peuple selon les pays.

Ce qu’il faudrait, c’est imposer une conditionnalité majeure à l’octroi de toute aide extérieure. C’est d’imposer la règle de suivre et de contrôler dans les détails l’utilisation des aides extérieures par un comité permanent choisi par l’ensemble des bailleurs de fonds et dont les membres seront choisis et rémunérés par le groupe des bailleurs de fonds, indépendamment des autorités locales.

Article rédigé par : Bakary DABO, publié par Sud Quotidien 07/10/2008