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Eloi KOUSSAWO se prononce sur sa mésaventure à Lomé

Politique
   Le dimanche 24 août 2008, en début de soirée, j’étais en compagnie de plusieurs membres de ma famille, dans un quartier de la capitale, quand je suis tombé sur Marc Ahoungani, camarade et militant dans la diaspora togolaise en Belgique. Ce dernier m’informa qu’il avait su par un oncle que j’étais à Lomé pour les funérailles d’un parent. Après une discussion amicale de quelques minutes, et avant de nous séparer, nous nous étions promis de nous revoir pour un verre avant nos retours respectifs en Europe.

Dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 août, vers à 1 h du matin, je reçois un coup de fil de Marc. Il voulait savoir où j’étais. « Je suis à la maison », lui ai-je répondu spontanément. Il ajouta qu’il était devant la société MIVIP à Kodjoviakopé, et me demanda de l’y rejoindre, pour une balade nocturne. Je lui expliquai que je ne pouvais pas sortir à une heure aussi tardive de la nuit. Il insista et cela me fit réaliser que je n’aurais peut-être pas dû lui dire que j’étais à la maison, ceci pour des raisons évidentes de sécurité.
J’eus le réflexe de lui demander aussitôt de me rappeler sur le numéro d’un de mes cousins qui était à mes côtés. Il me rappela aussitôt, avant de m’entendre dire que je n’étais pas à la maison, et que j’avais dit cela pour ne pas donner ma position au téléphone, sur ma ligne, susceptible d’être écoutée. J’avais dû procéder ainsi pour réparer l’erreur de cette réponse spontanée qui révélait ma position. Il fallait donc à tout prix brouiller la piste et lui enlever de la tête que je séjournais à la maison, car la raison sécuritaire est justifiée par une donnée qu’il serait malaisée de révéler ici. Toujours est-il que je lui ai faussement dit que je logeais dans un hôtel.

A la question de savoir le nom de l’hôtel, je répondis que j’enverrai un frère le chercher devant MIVIP, puisque je ne pouvais pas faire le déplacement moi-même. Je m’attendais à ce qu’il reporte la rencontre, mais à ma surprise il accepta.
Un cousin partit à moto à sa rencontre. Entre temps, j’avais dépêché un autre cousin pour aller expliquer la situation aux employés d’un hôtel situé à quelques pas de notre domicile. L’hôtel a accepté de jouer le jeu et de faire comme si je logeais là effectivement. Avant que Marc ne fût ramené à l’hôtel, j’ai dû quitter précipitamment la maison avec des cousins pour l’hôtel.

A son arrivée, je lui ai demandé de rester au salon de l’hôtel. Il n’a pas accepté. Il émit de nouveau son souhait de sortie. J’étais étonné, de surcroît, qu’il n’avait pas d’idée précise sur un endroit où aller. Abondant dans le même sens que moi, un employé de l’hôtel lui demanda de rester au salon de l’hôtel comme je lui proposai, car il serait vraiment imprudent de sortir à une heure pareille de la nuit.
Marc dit alors qu’il voulait uriner et sortit aussitôt de l’hôtel. Nous attendions, au fait, son départ pour regagner la maison. A la sortie de l’hôtel, il rentra dans son véhicule garé en face.
Pour ne pas m’exposer dehors, j’étais rentré dans son véhicule côté passager. Nous n’échangeâmes que peu de paroles dans le véhicule. Je lui ai réitéré mon refus de sortir.
Je m’apprêtais à prendre congé de lui quand, soudain, nous vîmes arriver en face un véhicule qui nous fit un appel de phare. Je fus surpris de constater que le véhicule était sans plaque minéralogique, aussi bien à l’avant qu’à l’arrière. Ledit véhicule s’avança et se gara juste devant notre maison, contre la clôture. Une Golf 3 vert foncé, 2 portières, un peu embouti côté chauffeur. Un homme en descendit, qui prit la précaution de refermer la portière sans faire de bruit. Il rentra dans le tournant de notre maison, où il pouvait rentrer normalement avec son véhicule. Ayant senti la gravité de la situation, j’ai proposé à Marc que nous regagnions illico l’hôtel. Devant son hésitation à sortir du véhicule, j’en suis sorti pour rentrer à l’hôtel. Quelques minutes après, Marc nous regagna dans le sas. Aussitôt, un homme en survêtement complet et casquette surgit de l’obscurité et passa devant nous. L’homme, visiblement surpris de nous voir si nombreux, fit le geste de mettre la main sur son arme positionnée à la taille.
Nous avions nos téléphones portables et le fixe de l’hôtel à disposition. Nous fîmes donc appel aux forces de l’ordre depuis l’hôtel.
Nous saurons seulement que l’homme était le conducteur du véhicule garé devant notre maison, quand il y rentra et le démarra sans phare allumé.
Suivront deux autres personnes tous en survêtement jogging. Le premier faisait semblant de faire du footing et le second avec un téléphone portable muni d’une oreillette.
Le chemin sans issue raisonnable près de notre maison emprunté par ce dernier, également armé, ne laissait aucun doute quant à leur intention.

Et même si je n’en croyais pas mes yeux, je ne pouvais, en aucun cas, imaginer un traquenard meurtrier avec la complicité de Marc, un proche.
Toujours est-il qu’avant l’arrivée de la patrouille de la gendarmerie, Marc est parti. Il nous appela pour nous dire qu’il était bien rentré.

A l’arrivée de la patrouille de la gendarmerie, nous avions tenté en vain de joindre Marc.
Il nous a expliqué plus tard avoir coupé son téléphone par peur.
Marc a été interrogé par la gendarmerie. Il a reconnu le déroulement des faits et dit qu’il n’en était pour rien : une coïncidence.
Je n’ai aucune raison objective pour ne pas le croire pour l’instant, sauf que des bruits persistants font de lui un membre du réseau de Kpatcha, qui serait derrière le coup raté. Intox ou réalité ? L’avenir nous le dira peut-être. Dieu merci, nous sommes tous en vie.

A la demande de ma famille à Lomé, et par souci de sécurité, j’avais décidé de ne pas informer la presse et de me replier au plus vite hors de nos frontières. Ce que j’ai dû faire.
Plusieurs jours après les faits, alors que je me trouvais au Bénin, un journaliste résident en Belgique m’appela et me fait part de la volonté d’un de ses confrères du Togo de rentrer en contact avec moi, pour une information reçue auprès de la gendarmerie. Ce n’est donc pas moi qui ai pris l’initiative d’informer la presse. Les témoins sont toujours là. Au besoin, et dans un cadre approprié, leurs noms seront cités.

C’est le lieu de remercier la patrouille de la gendarmerie dépêchée sur les lieux, dont les éléments ont gardé mon domicile jusqu’au lever du jour.
Je remercie également les gens qui, ayant appris la nouvelle, m’ont témoigné leur amitié et solidarité.

A présent, puisque l’affaire fait déjà grand bruit, je me sens obligé de me prononcer.


Bruxelles, le 28 /09/ 2008.

Eloi Koussawo.