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Interview exclusive à Konsana Valentin, Président de la coopérative agricole Rhincami (qui signifie La prudence)

Togo - Economie et Finances
Comment vivent les agriculteurs togolais avec leur métier ? Quelle sont leurs conditions de vie et de travail ? Que proposent les acteurs pour résoudre les problèmes ? Ce sont là quelques questions que la rédaction de iciLome.com a posé à Konsana Valentin à Lama-Tessi, lors de la 4e mission de supervision et de revue à mi –parcours. L’équipe de la Banque mondiale et du MAEP étaient à Sokodé et Atakpamé dans le cadre de la 4e mission conjointe le 25 Avril dernier.
Lecture.

iciLome.com : Bonjour

Konsana Valentin : Je m’appelle Konsana Valentin, président de la coopérative Rhincami, chargé de commercialisation au sein du Mouvement Alliance Paysanne du Togo (MAPTO).

iciLome.com : Parler-nous des conditions de vie des agriculteurs togolais que vous êtes ?

Konsana Valentin : Pour parler des conditions de vie des agriculteurs togolais aujourd’hui, je voudrais d’abord féliciter, remercier les autorités togolaises pour leur politique intelligente à l’endroit des paysans pour la relance de l’agriculture. Nous saluons cette politique mais nous voudrions dire qu’il faut que les paysans soient impliqués et qu’on réfléchisse à toutes les dimensions qui permettront aux paysans de sortir de la situation actuelle pour rentrer dans le professionnalisme. Il est très important qu’on appuie le paysan à produire mais que cette production ne lui pose pas des problèmes parce qu’il n’a pas de débouchés conséquents. C’est quand le paysan vend mieux qu’il réinvestit et qu’il envoie ses enfants à l’école et se soigne mieux, et change son habitat. Mais quand cet impact n’a pas lieu comme vous le voyez ici avec les sacs de maïs et autres que nous avons sous les bras et qui nous causent de souci, c’est comme vous construisez une belle maison mais il n’y a pas l’eau et l’électricité. Vous serez toujours dans les ennuis.

iciLome.com : En tant qu’acteur, que proposez-vous ?

Konsana Valentin : Pour faire des propositions, il faut mettre un système de production intégrée, il faut penser à la production, à la transformation et créer des mécanismes qui permettent que, la production nationale soit d’abord consommée et d’éviter qu’il y ait une concurrence des produits importés.

iciLome.com : La concurrence vous gêne ?

Konsana Valentin : Cela nous gêne bien sûr. Par exemple, prenons le soja, pourquoi on ne peut pas transformer le soja en pain, pourquoi le maïs ne va pas rentrer dans la fabrication de la bière ?, pourquoi on ne peut développer la production aviaire pour qu’elle consomme le maïs en partie ? Pourquoi on ne peut pas prendre le maïs pour fabriquer une partie du pain ? Ce sont des stratégies qui permettront de développer le marché intérieur et de valoriser le produit national.

iciLome.com : A vous écouter, on dirait que le paysan togolais ne vit pas de son métier.

Konsana Valentin : Vous voyez, quand on fait les statistiques, la pauvreté est concentrée en grande partie en milieu rural. C’est automatique pour comprendre que, non pas moi seulement mais la plupart des paysans ne vit pas de leur métier. C’est le paysan qui défriche la forêt, c’est son enfant qui va en exode, c’est lui qui ne se soigne pas dans les hôpitaux, c’est lui qui ne va pas à l’école (…), toute la pauvreté est concentrée dans les milieux ruraux. Pour que nous puissions sortir de la pauvreté, il faudra travailler sur la couche vulnérable des paysans non seulement en leur rapportant la technique mais à valoriser ce qu’ils font en terme de revenue. C’est quand le paysan aura bien vendu, qu’il peut changer son toit. Aujourd’hui, qu’est ce qui se passe? Pour moudre un bol de maïs, il faut dépenser 150 fcfa au moulin; pour acheter du pétrole lampant, il me faut 500fcfa, le téléphone j’en ai besoin comme tout le monde et le crédit de recharge est à 450fcfa, or un bol de maïs ne coûte pas 450fcfa. L’essence à mettre dans ma moto pour aller au champ, n’en parlons pas. Combien de bol je vais vendre pour acheter un litre d’essence ? Vous voyez ? C’est là où il y a problème.

iciLome.com : Le gouvernement togolais a démarré un programme National de l’Investissement de la Sécuritaire Alimentaire (PNIASA). En quoi ce programme vous est bénéfique ?

Konsana Valentin : Dans le PNIASA, nous avons reçu toutes les formations. Il y a l’appui par rapport à la production. Et ce que nous souhaitons aujourd’hui, c’est qu’on aille plus loin dans la transformation et aussi qu’il y ait une politique de valorisation des produits agricoles togolais. C’est mieux que nous buvions toutes les boissons comme Fanta Madarine, mais que l’ananas de Notsè soit transformé, que les mangues qui pourrissent sous les manguiers soient transformés. Même l’anacarde que nous utilisons soit transformé et comme cela, nous allons créer de la richesse. Les jeunes seront fixés sur place parce qu’il y a du travail au village.

iciLome.com : Vous êtes un grand agriculteur. Pouvez –vous nous dire combien de personnes vous employez pour vos activités champêtres ?

Konsana Valentin : L’année 2013, j’ai utilisé une main d’œuvre de 462 personnes y compris les élèves en vacances. Il y a ceux qui sont permanents et les journaliers qui sont à près de 1500fcfa par jour. C’est par là aussi qu’il faut développer le secteur. Nous sommes le premier employeur de l’état. Si nous tous les paysans avec toute la main d’œuvre que nous utilisons, à supposer que nous les abandonnions, tous ceux-là ne deviendront-ils pas des chômeurs ? C’est pourquoi il faut créer des conditions et aller plus loin pour aider les paysans afin de créer la richesse, une richesse durable. Fin