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Interview/ Eustache K’Mouna : « Mon rêve le plus ultime, c’est d’arracher le prix découverte RFI »

Togo - Show biz
De son vrai nom Kamouna Bawohabati, Eustache K’Mouna est cet artiste de la chanson togolaise qui s’investit dans la recherche, histoire de trouver une musique pouvant être vendue au-delà des frontières.
Dénommée par lui « Musique de recherche », sa musique tire son originalité à l’importance qu’elle accorde aux instruments de récupération, donnant un son acoustique qui frise le genre tradi-moderne avec une teinte du jazz, du blues et autres genres classics.
Admis à l’Agence de presse Afreepress, il partage ses rêves les plus ultimes et les moments forts de ses 27 ans de carrière.
« Mon rêve le plus ultime, reste d’arracher le prix découverte RFI. Je m’y prépare ardemment car je sais que je peux y arriver », confie-t-il plein d’assurance.
Lire l’interview

Afreepress.info : Bonjour Eustache, présentez-vous à nos lecteurs.

Eustache K’Mouna : Je réponds au nom de Kamouna Bowohobati alias Eustache K’ Mouna et je suis artiste chanteur musicien, auteur compositeur.

Afreepress.info : Comment êtes-vous arrivé dans la musique ?

Eustache K’Mouna : Il faut dire que c’est depuis 1985 que j’ai eu la chance d’accompagner ma mère à la chorale Saint Pierre et Paul de la paroisse Saint Martyrs de l’Ouganda, la seule chorale de chants kabyè à Lomé. C’est dans cette chorale que je suis devenu percussionniste et j’ai été sollicité par la suite en tant que tel. En 1986, je me suis intéressé à la guitare. C’est donc grâce à ma mère que j’ai fait mes premiers pas dans la musique et la passion de composer et de chanter est venue de surcroît.

Afreepress.info : Aujourd’hui, il y a 27 ans que vous avez commencé la musique. Quelles sont les œuvres à votre actif ?

Eustache K’Mouna : J’ai deux albums à mon actif. « Magnim » ou « l’héritage » en français, sorti en 2005, un album de 8 titres qui a fait son temps. Le deuxième de 10 titres est sorti en 2009. Je suis en pleine préparation d’un troisième opus de 12 titres.
Hors mis ces albums, il faut dire que j’ai joué dans des compagnies de théâtre et de conte avec qui j’ai voyagé beaucoup.

Afreepress.info : Que dire de vos compositions puisqu’en plus d’être artiste chanteur, vous êtes compositeur ?

Eustache K’Mouna : Je suis dans la musique engagée. Quand je prends l’exemple de « Vidé Vidé », pour moi, pour enrailler la pauvreté de ce monde, il faut partager les biens de façon équitable. C’est une accusation à l’endroit de l’homme politique qui s’accapare de toutes les richesses. Avec « Mifounawo », c’est un appel lancé à l’endroit des dirigeants qui doivent prendre les choses avec calme. A travers mon engagement, je propose des approches de solutions aussi parce qu’il ne suffit pas de critiquer sans rien apporter de plus.

Afreepress.info : Quels genres musicaux touchez-vous ?

Eustache K’Mouna : Je dis souvent que je suis dans la musique de recherche. Je vis dans une musique d’inspiration personnelle. Avant cette option, je faisais la musique tradi-moderne avec d’autres genres puisque j’ai joué aussi dans des cabarets où j’ai eu à interpréter les chansons des grands artistes.

Après moult réflexions, je me suis dit qu’il était impérieux de se donner une identité dans la musique. C’est à partir de là que j’ai commencé par m’inspirer des musiques d’ici et d’ailleurs pour trouver quelque chose de particulier qui me distingue.

A ce titre, ma musique se démarque de toutes les autres à travers l’importance que j’accorde aux instruments de récupération à savoir une grosse calebasse, un bidon de 25 litres, une casserole, une boîte de conserve grand format, deux gargoulettes, le bas d’un réchaud, la flûte Bantou, l’arbre à pluie, c’est ce qui compose ma batterie et ajouté à ma guitare, ceci apporte une musique particulière.

C’est juste que le public des connaisseurs de la musique a envie de découvrir autre chose que ce que l’oreille a l’habitude d’écouter. C’est pour répondre à cette exigence que Eustache K’Mouna est rentré dans la recherche pour proposer quelque chose de différent. Je peux affirmer que j’ai beaucoup voyagé avec cette musique dont je suis le garant. Je suis dans la création car c’est l’apanage de l’art.

Afreepress.info : Quels sont les festivals auxquels vous avez participé ?

Eustache K’Mouna: J’ai participé plusieurs fois au Festival de Théâtre de la Fraternité (FESTEF), Africa Rythme, j’ai joué plusieurs fois au CCF de Lomé aujourd’hui l’Institut Français, à l’Institut Goethe, j’ai participé à plusieurs festivals dans les pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Congo Kinshasa et le Congo Brazza, le Tchad et la France.

Afreepress.info : Quels sont les temps forts de votre carrière 27 ans après vos premiers pas dans la musique ?

Eustache K’Mouna: Je n’oublie jamais cette compétition de musique Live organisée par l’Institut Français en 2006. Parmi les 12 artistes sélectionnés, j’allais me mesurer à de grands musiciens comme Jimi Hope et d’autres. A la finale de la compétition au Palais des Congrès, je suis venu sur scène avec mon batteur. Malgré que nous étions, deux, nous avons soulevé la salle du palais des congrès et nous sommes sortis premiers de cette compétition. C’est un souvenir très alléchant. J’ai reçu beaucoup d’autres prix dans des festivals.

Afreepress.info : Quel est votre rêve le plus ultime ?

Eustache K’Mouna : Parlant de rêve, je suis en train de chasser le prix découverte RFI. Parce que je peux l’obtenir. Je passe mon temps à écouter les artistes qui y passent, je me dis que je peux y arriver. Actuellement, l’album que je prépare est destiné à ce prix. Ceci pour le fait que dès qu’on obtient ce prix, on peut parcourir toutes les scènes, on a des opportunités et la possibilité de gagner des financements, de faire des propositions pour son pays. C’est mon défi que d’arracher le « prix découverte RFI ».

Afreepress.info : Vous qui faites la recherche dans la musique et qui voyagez beaucoup, quel regard portez-vous sur la musique togolaise ?

Eustache K’Mouna : Je crois que le travail que mes frères abattent maintenant c’est déjà un bon travail. Quand on prend les jeunes qui font du Hip Hop, Rnb, cool catché et autres, c’est des genres musicaux entre autres.
Ce qu’il faut maintenant, c’est que ces jeunes soient accompagnés par de vrais promoteurs culturels parce que pour représenter le Togo sur le plan musical, on ne va pas prendre n’importe qui sur certaines scènes. Il va falloir que les promoteurs culturels essaient aussi de promouvoir ces musiques du genre tradi-moderne, puisqu’il y a de nombreux jeunes qui le font et sont très forts à l’instar de la jeune Adjoa Sika. Les promoteurs doivent avoir le courage quand ils organisent un évènement, d’imposer le live à tous les artistes parce que moi, je trouve mal comment un artiste soit incapable de faire du live. Il faut que tous les artistes s’habituent à faire le live en apprenant à jouer les instruments de musique.

Afreepress.info : En tant que connaisseur de la musique pour la gouverne de ces jeunes qui chantent, comment expliquez- vous le succès du groupe Toofan ?

Eustache K’Mouna: Le succès des Toofan, c’est tout autre chose parce que, qu’on le veuille ou non, ces jeunes ne se lèvent pas pour nous sortir des choses. Ils réfléchissent par dix fois avant de faire leur travail.
En tant qu’artiste, quand on sort un truc que les autres copient, c’est dire qu’on est un leader. Les Toofan font des trucs incomparables, il faut le reconnaître et j’invite tous les autres à suivre leurs pas.
Ça fait la recherche et c’est ce que je prône. Quand tu veux faire du Reggae, apporte quelque chose de nouveau comme Tiken Jah Fakoly qui, en plus du Reggae jamaïcain, apporte la touche mandingue.
Toofan reste donc une référence qui fait voyager le nom du Togo à travers le monde entier.

Afreepress.info : Aujourd’hui, comment vous pouvez apprécier l’initiative du gouvernement qui a mis sur pied le fonds d’aide à la culture (FAC) qui veut pousser les artistes à réaliser leurs œuvres ?

Eustache K’Mouna: Moi je crois que le gouvernement fait des efforts et il faut saluer cela. Aujourd’hui, il suffit d’écrire un bon projet pour avoir droit au financement. L’année passée, c’était 250 millions, cette année, c’est 300 millions, c’est une bonne chose et nous prions que le montant augmente d’année en année et les artistes en fassent bon usage. Moi en tout cas, je ne suis pas encore prêt pour faire la demande. J’attends l’année prochaine.

Afreepress.info: Quelles sont vos relations avec les autres artistes?

Eustache K’Mouna : Je suis en de bons termes avec presque tous les artistes et il y a un respect mutuel entre nous. Mais seulement, il y en a qui n’aiment pas les remarques. Avec ceux-là, je ne dis pas grand-chose mis à part la salutation.

Afreepress.info: Aujourd’hui quels sont vos repères, vos références ?

Eustache K’Mouna : Elles sont nombreuses. Chez les Africains, il y a Salif keita, Richard Bona, Lokua kanza, Youssouf N’dour, et beaucoup d’autres qui font le jazz, le blues, l’afro-jazz. Dans le Reggae, il y a en plusieurs mais Bob Marley a toujours été mon idole.

Afreepress.info : On vous a souvent vu sur des scènes théâtrales, quel est ce rapport qui existe entre la musique de recherche que vous faites et le théâtre?

Eustache K’Mouna: Je suis venu au théâtre en 1999 lors d’un casting où on cherchait un guitariste qui devait jouer le rôle de douze musiciens dans la pièce «le chien royal» de Sénouvo Agbota Zinsou. Après des tournées avec cette pièce, j’ai pris goût au théâtre et j’y suis depuis toujours. Surtout que ma musique marche si bien avec ce genre.

Afreepress.info : Votre mot de fin

Eustache K’Mouna : je remercie vivement l’Agence Afreepress pour le privilège à moi accordé. C’est professionnel tout ce que vous faites parce que j’ai beaucoup aimé la façon dont vous m’avez accueilli ici. C’est ma deuxième fois d’avoir ce genre d’interview après celle que j’ai eue au Gabon lors d’un festival avec Africa N0 1.

Propos recueillis par Mao R.