Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 5:45:09 PM Mercredi, 8 Mai 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


Dr Kokou Happy AGOUDAVI : « Le drame pour le diabète dans notre pays est que 9 personnes sur 10 diabétiques ne se connaissent pas diabétique »

Togo - Societe
Alors qu’il est possible de le prévenir, le diabète est l’une des maladies non transmissibles qui affectent des centaines de millions de personnes de part le monde et est responsable de plus de 5 millions de décès par an, selon le Dr Happy Agoudavi, Coordonateur du Programme National de Lutte Contre les Maladies Transmissibles au Togo (PNLMNT). Au Togo, la situation est aussi inquiétante et les complications liées à cette maladie se rencontrent souvent dans les formations sanitaires. Nous avons approché le Dr Happy Agoudavi pour en savoir plus sur cette maladie, ses facteurs de risque et comment s’en prévenir. Dans l’entretien qu’il a accordé au site d’information « togotopnews.com », il a fait la situation de la maladie au Togo, avant de mettre l’accent sur l’importance de la prise d’un petit déjeuné sain afin d’éviter le risque de développer la maladie.
Bonjour Dr Kokou Happy AGOUDAVI. Vous êtes le coordonnateur du Programme National de Lutte Contre les Maladies Transmissibles au Togo (PNLMNT). Dites nous qu’est-ce que le Diabète ?

Le diabète est une maladie non transmissible. C’est l’un des quatre principales maladies qui affectent aujourd’hui des millions de personnes dans le monde. C’est une maladie métabolique qui est spécialement liée à une insuffisance ou à une absence de production de l’insuline dans l’organisme. Lorsque le pancréas ne secrète plus l’insuline, le taux du sucre dans le sang augmente. En ce moment nous parlons du diabète du type 1, c’est-à-dire un défaut de production de l’insuline par le pancréas. Le second type de diabète qui est le diabète du type 2 est le plus souvent lié au mode de vie malsain que nous adoptons vis-à-vis de l’alimentation, de l’activité physique ou de l’environnement immédiat. Et dans ce type de diabète, il se passe qu’en un moment, l’insuline devient inefficace dans la régulation de la glycémie (taux du sucre dans le sang). Donc il faut l’apport d’un autre produit pour pouvoir rendre plus efficace cette insuline. Et c’est en ce moment que nous parlons de traitement anti diabétique oraux qui est différent du traitement par insuline par voie injectable.

Quelle est la situation de cette maladie au Togo ?

Au Togo, selon l’enquête sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles, 2,6 % de la population est diabétique. Donc si nous prenons la population togolaise de 2013 passée, on s’attend à avoir plus de 11.000 diabétiques au Togo. Mais le drame pour le diabète dans notre pays est que 9 personnes sur 10 diabétiques ne se connaissent pas diabétique. Cela suppose que les gens ignorent leur statut et cela explique le taux élevé de complication dû au diabète que nous rencontrons dans nos familles et communautés. Pour certains, ce sont les complications vasculaires qui entrainent la gangrène d’où les amputations de membres. Pour d’autres, ce sont les complications au niveau des yeux qui vont peut être entrainer la cécité. Plus grave, chez d’autres personnes, c’est dans le cerveau avec les Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC). Donc c’est ça, la situation dramatique et il va falloir que nous fassions tout pour amener tous ces gens à se connaitre diabétique, d’où les campagnes de sensibilisation que nous avons lancé depuis deux ans et les campagnes de dépistage avec le concours des associations et des collectivités. Le 14 novembre dernier, nous étions encore à l’espace « Blue Zone » de Cacavelli à Lomé pour le lancement officiel de la journée mondiale du diabète au Togo que le PNLMNT coordonne. En ce jour, le message clé est l’alimentation saine : Comment manger et surtout bien manger. Nous avons aussi profité de cette journée pour lancer une campagne dénommée « Bien commencer sa journée ».

En quoi consiste justement cette campagne ?

C’est une campagne qui vise à faire la promotion de la prise d’un petit déjeuné sain avant de démarrer sa journée. Si on catégorise les togolais par rapport au petit déjeuné, on aura ceux qui le prennent et ceux qui ne mangent que vers midi. Parmi ceux qui prennent le petit déjeuné, il y a ceux qui ne prennent pas malheureusement le bon petit déjeuné. Le « petit déjeuné sain » est un petit déjeuné qui fait beaucoup plus la promotion des légumes, des feuilles, des fruits frais et des céréales. Celui qui prend un petit déjeuné avec du lait concentré sucré en boîte ne prend pas un petit déjeuné sain. Le matin, on peut prendre des choses naturels comme les choux ou encore les concombres frais. C’est ce que le petit déjeuné doit comporter. Il faut reconnaitre que ce n’est pas notre manière de manger. Donc , c’est un nouveau concept que nous allons développer. Les pays qui ont déjà expérimenté le petit déjeuné sain ont vu que quand les diabétiques font ce petit déjeuné sain, 70 % ne font pas de complication et cela va de même pour ceux qui ne sont pas diabétiques. Au moins 70 % ne feront pas le diabète.

Le paradoxe est que quand, on saute le petit déjeuné, on grossit et on devient obèse. Vous ne manger pas le matin et vous devenez obèse parce que quand vous allez manger après, vous aller consommer une grande quantité de calories que vous n’aurez pas le temps de dépenser. Donc le mieux est de bien manger le matin et avoir assez de calorie pour pouvoir affronter la journée.

Pour les deux types de diabète, quels sont les facteurs de risque ?

Pour le diabète de type 1, c’est souvent des traits génétiques qui sont en cause. Pour le cas du diabète du type 2 qui est le plus connu, c’est l’adoption de comportements malsains qui en sont à la base. Parmi ces comportements, nous avons d’abord la mauvaise alimentation. Quand nous consommons trop gras, trop sucré et de l’alcool de façon nocive, cela peut entrainer une accumulation de graisse dans l’organisme. Ce qui conduit au surpoids et ensuite à l’obésité qui est une porte d’entrée pour le diabète.
Outre le facteur alimentaire, nous avons aussi l’inactivité physique. Si nous consommons des calories et on ne les dépense pas, ça se transforme en graisse dans le corps, ce qui conduit aussi à l’obésité et au diabète.
Nous avons aussi la consommation du tabac ou l’exposition à la fumée du tabac qui est un facteur de risque du diabète. Et selon notre étude réalisée, on s’est rendu compte que les hommes obèses développement beaucoup plus le diabète que les femmes obèses.

Peut-on guérir du diabète ?

On ne guérit pas du diabète mais on vit avec le diabète. Le diabète doit être considéré par le diabétique comme un état de santé. On se reconnait tel. C’est comme on se reconnait par exemple homme et on est homme pour la vie.
Un dernier conseil en termes d’hygiène de mode de vie ?
Pour le diabète et les maladies non transmissibles en générale, le message est clair : améliorer son alimentation, en consommant des fruits et légumes surtout frais. Il faut éviter le plus possible tout ce qui est en conserve et faire aussi régulièrement des activités physiques. Il faut en outre éviter la consommation du tabac et de façon nocive, l’alcool.

Propos recueillis par David SOKLOU