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Komlavi Kondo : « Tant que nous n’aurons pas satisfaction à nos légitimes revendications, pas question de faire marche arrière »

Togo - Societe
Arrêté le 14 février dernier sur le campus universitaire pour avoir voulu tenir une assemblée générale des étudiants dont les autorités ne voulaient pas, Komlavi Akomabou Kondo, le président du Mouvement pour l’Epanouissement de l’Etudiant Togolais (MEET) persiste et signe, « la solution ne se trouve pas dans l’arrestation, ni l’incarcération, ni l’emprisonnement » des étudiants. Cette solution se trouve dans le dialogue, a-t-il ajouté dans un entretien exclusif accordé à l’Agence de presse Afreepress.
Cependant que feront les étudiants si les autorités gouvernementales et universitaires campent sur leur position ? « L’état-major de MEET est en train de réfléchir et très prochainement, on lancera une autre offensive », a-t-il répondu.
Il a profité de l’occasion pour condamner l’utilisation des excréments humains dans certains amphis pour empêcher les examens.
« Nous dire que nous sommes derrière cet acte ignominieux et abominable, ce n’est pas juste parce qu’au MEET, nous sommes des responsables et nous ne nous cachons pas pour faire des choses qui ne sont pas justes ».
Pour ce qui concerne la politisation du MEET, il s’agit là de « chercher des poux sur une tête rasée ».

Afreepress.info : Bonjour monsieur Kondo, président du Mouvement pour l’Epanouissement de l’Etudiant Togolais (MEET). Vous venez de passer quatre (4) jours à la prison civile de Lomé. Parlez-nous un peu de comment ça s’est passé là-bas.

Komlavi Akomabou Kondo : Tout d’abord, merci pour l’opportunité que vous nous donnez de nous exprimer après notre incarcération à la prison civile de Lomé. Je voudrais remercier en premier, tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à notre libération et implorer la grâce de la providence divine sur ceux qui se sont réjouis suite à notre arrestation et notre incarcération. Que Dieu touche leur cœur, merci.
Les 7 jours au Service de Renseignements et d’Investigation (SRI) et à la prison n’ont pas été chose facile parce que nous ne sommes pas des criminels, des brigands ni des voleurs, nous sommes des honnêtes citoyens jouissant de nos droits et c’est à dessein que des gens ont décidé de nous envoyer là-bas. Nous avons accepté, nous avons porté cette croix et pour nous, c’est une bataille déterminée et on ira jusqu’au bout de notre projet. C’est un parcours sombre de ma vie et je n’ai pas l’intention de revenir là-dessus. Mais néanmoins, laissez-moi vous dire deux choses. Ce qui m’a plu est que dans cet endroit, ceux qui sont conscients et qui sont là-bas pour quelque raison que ce soit, se confient à Dieu et j’ai beaucoup apprécié cela. Ce que j’ai déploré, c’est l’injustice qui règne dans les conditions de détention qui ne sont pas dignes de l’être humain. Tout le monde est mis ensemble et ceci est dommage.

Afreepress.info : Comment se passait la cohabitation entre vous et les autres prisonniers ?

Komlavi Akomabou Kondo : Là-bas, c’est la jungle et c’est la loi du plus fort qui règne. Comme les gens sont habitués à la barbarie, ils y mènent leur vie sans contrainte, en fumant. Mais nous autres qui n’avons commis aucun crime, nous réfléchissons pour garder le moral tout en priant pour notre sortie. C’est dans ce sens que j’avais dit à mon 2ème vice-président que nous sommes venus ici un jour et nous sortirons un jour également.
La cohabitation n’a pas été facile même si certains nous ont pris comme des petits frères et avec qui on discutait par rapport à la vie carcérale. C’est alors que j’ai vu de mes yeux de sociologue qu’il y avait une certaine solidarité à côté de laquelle il y a également de la barbarie.

Afreepress.info : Vous avez été arrêté suite à l’organisation d’une assemblée générale interdite par les autorités universitaires. Aujourd’hui, vous êtes en liberté. Dites-nous monsieur Kondo, allez-vous continuer vos revendications sur les conditions d’accès aux bourses et allocations de secours ?

Komlavi Akomabou Kondo : Je disais tout à l’heure que c’est un engagement et tant que nous n’aurons pas satisfaction à nos légitimes revendications, pas question de faire marche arrière. C’est dire que nous sommes plus que déterminés à aller de l’avant et l’état-major de MEET est en train de réfléchir et très prochainement, on lancera une autre offensive.

Afreepress.info : Quand vous étiez en cellule, il y a eu un scandale sur le campus suite à une histoire d’éparpillement de déchets humains. Des rumeurs ont couru que vous êtes derrière cette action. Qu’en dites-vous ?

Komlavi Akomabou Kondo : (rire), dire que nous sommes derrière cette action, c’est un faux problème parce que quelqu’un qui est détenu et qui est surveillé 24h/24, même si nous avons des visiteurs, il y a un policier ou un gendarme qui est toujours près de nous pour écouter notre conversation. Nous dire que nous sommes derrière cet acte ignominieux et abominable, ce n’est pas juste parce qu’au MEET, nous sommes des responsables et nous ne nous cachons pas pour faire des choses qui ne sont pas justes. Nous menons nos actions à visage découvert et aucun membre du MEET que ce soit dans le bureau ou un des militants, n’a jamais pensé à cela. C’est, un acte que nous condamnons fermement. Nous ne sommes pas d’accord, qu’on nous endosse cette responsabilité. Ceux qui sont à l’extérieur ont toujours reçu des instructions de notre part de prier pour que nous sortions pour mener à nouveau notre bataille et pas question de commettre quelque bévue que ce soit. J’ai même passé un coup de fil à l’endroit des camarades pour les appeler au calme puisque nous allions revenir et il ne fallait pas qu’ils mettent de la pression ou qu’ils fassent quoi que ce soit et je n’ose pas croire que mes éléments ont commis un tel acte que je condamne et je déplore.

Afreepress.info : Est-ce à dire que cette action venait de vos détracteurs qui comptaient avilir encore plus votre image ?

Komlavi Akomabou Kondo : Vous savez, ces derniers jours, il y a un acharnement autour du MEET et cet acharnement, je ne sais pas si le MEET fait peur ou que nous sommes des extra-terrestres. Que ce soient nos camarades présidents des autres associations, ou que ce soient nos autorités, je ne sais pas pour quelle raison ils ont peur de nous. Nous ne faisons que réclamer ce qui est légitime à nous tous. C’est déplorable de savoir qu’à l’université, il y a des gens nuit et jour qui se disent membres de la police universitaire et ne s’attachent pas à ce qui les regarde. Ils s’acharnent juste sur les honnêtes personnes que nous sommes. Où étaient ces vigiles au moment où ces acteurs de profanation étaient dans les amphis ? Puisque ceci n’avait pas été l’apanage d’une seule personne. Tel qu’on m’a rapporté les choses, c’était une action bien programmée. Il faut aussi interroger ces vigiles puisque c’est de leur responsabilité aussi.

Afreepress.info : Parlant des présidents des autres associations, quelle est votre appréhension par rapport au mutisme dont ils ont fait preuve lors de votre arrestation ?

Komlavi Akomabou Kondo : Comme vous le savez, moi je suis quelqu’un de franc et je n’aime pas faire partie des bénis oui oui. Du moment où l’intérêt de l’étudiant est en jeu, je ne peux pas croiser les bras. Je suis obligé de dire la vérité même si ma vie en dépend. Je ne serai pas dans la logique des « bénis oui oui » pour dire quelque chose pour saboter l’intérêt de l’étudiant. Si les autres camarades ont préféré saboter l’intérêt des étudiants à cause des intérêts personnels, cela fait leurs affaires.

Afreepress.info : Quelles sont les actions que vous comptez mener à présent à l’endroit des autorités universitaires, pour la suite de vos revendications ?

Komlavi Akomabou Kondo : Nos autorités savent que nous avons émis des besoins, des souhaits, pour trouver des solutions à nos problèmes et ils ont préféré utiliser la violence. Je voudrais leur faire comprendre que la solution ne se trouve pas dans l’arrestation ni l’incarcération, ni l’emprisonnement. La solution se trouve dans le dialogue qui nous amènera à des solutions idoines à chaque problème. Essayer de gérer les problèmes comme elles l’ont fait aujourd’hui, c’est une fuite en avant. Il faut qu’on règle définitivement ces problèmes pour être à l’aise. Pas question d’aller de média en média pour diaboliser le MEET. De toute façon, l’étudiant n’est pas un animal, c’est un être intelligent doué de raison qui sait distinguer le vrai du faux. Malgré le fait qu’ils pensent que nous sommes politisés, l’étudiant continue à croire à la bonne foi du MEET donc c’est dire que le bout du tunnel n’est pas pour aujourd’hui. J’ose croire qu’ils saisiront cette occasion pour revenir à la table de négociation. Nous ne sommes pas contre le dialogue et je l’avais dit lors de mon investiture que je placerai mon mandat sous le signe du dialogue pour capitaliser beaucoup de choses pour les étudiants.

Afreepress.info : Vous voulez donc signifier qu’il n’y a vraiment pas de mains politiques derrière vous sur le campus universitaire ?

Komlavi Akomabou Kondo : Qu’appelez-vous politique ? La politique c’est l’art de gérer sa maison et il y a différentes branches dans la politique, il y a une politique commerciale, économique ou politicienne que nous évitons de faire sur le campus. Il y a la politique aussi à l’université en matière syndicale et c’est ce que nous nous appliquons aujourd’hui à faire. Mais le comble, est que quand la politique politicienne n’est pas stable, cela risque d’entacher les autres compartiments de la vie de l’homme. C’est au Togo seulement qu’on peut nous dire que nous sommes manipulés par une main politicienne. Je ne suis jamais venu à l’université pour poser un problème politique ? Nous réclamons juste des meilleures conditions de vie et de travail pour les étudiants. Que ceux qui ont la mention assez-bien au BAC soient classés dans le lot des boursiers, et une meilleure répartition des allocations. Je ne vois pas en quoi on peut parler de politique. Ça, c’est une façon de chercher des poux sur une tête rasée. C’est des alibis pour plonger le MEET dans l’obscurité. Je voudrais les rassurer et leur faire comprendre que tous les étudiants qui manifestaient ne sont pas de ma formation politique. Il y avait les militants de toutes les formations politiques. Nous sommes juste en train de défendre un intérêt commun, l’intérêt de l’étudiant togolais.

Afreepress.info : En tant que sociologue, quelle proposition pouvez-vous faire à l’Etat pour l’amélioration des conditions de vie et de détention des prisonniers ?

Komlavi Akomabou Kondo : Ce que nous pouvons proposer au gouvernement, c’est de précipiter un tant soit peu la libération de ceux qui ont déjà fait plusieurs années en prison depuis leur mandat de dépôt sans jugement, pour désengorger un peu les prisons du Togo. Il faut que le gouvernement arrive à libérer ceux-là qui sont dans les maisons de détentions pour aucune cause. Le gouvernement peut également construire d’autres prisons pour diminuer la population de celles-là qui existent déjà.

Afreepress.info : Quel est votre mot de fin ?

Komlavi Akomabou Kondo : Nous remercions premièrement tous les étudiants pour leur détermination à œuvrer pour notre libération malgré que les examens aient débuté. Mes mots de remerciement les plus vibrants vont à vous les journalistes, qui vous êtes efforcés pour avoir la vraie information à diffuser pour dire à l’opinion que nous ne sommes pas des êtres qu’il faut jeter en prison. C’est grâce à votre pression que nous sommes libres aujourd’hui. Je souhaite une bonne composition aux autres étudiants et je leur demande d’être plus vigilants que jamais car quoi qu’il arrive nous trouverons solution à nos problèmes. Nous nous sommes sacrifiés en allant en prison et ceci ne doit pas être gratuit. Mon 2ème vice-président et moi avons déjà raté les examens mais nous ne regrettons pas cela car c’était un sacrifice.

Propos recueillis par Mao R.