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Interview exclusive du Ministre André Johnson, de l’environnement et des ressources forestières.

Togo - Societe
Dans cette interview, le ministre donne la position du gouvernement et se dit prêt pour accompagner les associations en lutte pour une application claire et nette du décret du gouvernement interdisant, la commercialisation et la production des sachets non biodégradables.

La non application du décret a amené les organisations de défense de l’environnement a appeler l’Etat togolais à respecter sa parole, mais en vain. Aujourd’hui, le décret pris par le Togo traine dans le tiroir et les sachets plastiques non biodégradables deviennent de plus en plus présents sur le marché togolais. Si pour l’heure l’application du décret traîne, le ministre André Johnson se veut rassurant et compte sur les travaux de la communication et de sensibilisation qui sont en train d'être menés. Les autres rentrerons dans la danse et progressivement l’objectif sera atteint.

« Il vaut mieux aller lentement mais surement car selon un adage bien connu, « ce que l’homme résout dans le sang, le temps peut le résoudre dans l’eau », a indiqué M.André Johnson. Lire ’intégralité de l’Interview.

iciLome.com : Deux ans après (janvier 2011) l’interdiction par le gouvernement, de la production, la commercialisation des sachets non biodégradables, force est de constater que, nos marchés sont encore envahis par lesdits sachets. Pourquoi ?

André Johnson : Le 05 janvier 2011, le gouvernement a pris le décret n° 003/PR fixant les modalités de gestion des sachets et emballages plastiques. Le décret interdit la production, l’importation, la distribution et la commercialisation des sachets et emballages plastiques non biodégradables. Mais aujourd’hui les sachets non biodégradables sont encore sur le marché et cela pour plusieurs raisons :

1. Les producteurs de sachets plastiques au départ n’avaient pas compris l’enjeu et l’intérêt de la mesure prise par le gouvernement et il a fallu beaucoup de travail avec eux pour qu’aujourd’hui certains entreprennent des initiatives de produire du sachets biodégradables.

2. La production des sachets biodégradables devrait entraîner un léger coût supplémentaire de l’ordre de 12 à 15% par rapport au prix de vente du sachet non biodégradable. Ce coût supplémentaire peut, selon les producteurs, amener les utilisateurs à ne pas s’intéresser à leurs produits si le sachet non biodégradable continue de rentrer sur notre territoire à partir des pays voisins à cause de la porosité de nos frontières et de la libre circulation des personnes et des biens dans les espaces UEMOA et CEDEAO ; de ce fait, les producteurs hésitent toujours à aller vers le biodégradable. C’est ainsi que tout en acceptant de ne plus produire pour le marché national, ils ont sollicité et obtenu du gouvernement la possibilité de produire les sachets non biodégradables pour l’exportation.

3. Le Togo est entouré de deux grands pays (le Ghana et le Nigéria) producteurs de sachets et où les sachets non biodégradables ne sont pas interdits. De même au niveau de l’UEMOA et de la CEDEAO, tous les pays ne sont pas au même niveau d’interdiction. Cette diversité d’appréhension au niveau communautaire ne favorise pas l’élimination des sachets non biodégradables au Togo

Mais une chose est sure, c’est vrai nos marchés sont envahis par les sachets non biodégradables mais le constat sur le terrain est que les déchets plastiques sont aujourd’hui moins rependus dans l’environnement qu’avant l’adoption du décret. Car, suite à l’adoption du décret et suite aux séances de sensibilisation (et qui continuent d’ailleurs) des initiatives de collectes et de recyclages sont nées. Certes, le problème de déchets plastiques n’est pas encore totalement résolu mais je suis sûr qu’on y arrivera.

iciLome.com : Qu’est ce qui empêche le Gouvernement, du moins le pouvoir de Lomé à mettre fin à l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables ?

André Johnson : Rien n’empêche le gouvernement, me direz-vous, de mettre fin à l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables. Mais les raisons évoquées plus haut ralentissent, dans une certaine mesure, l’action du gouvernement et vous devez savoir que l’intervention dans le domaine de l’environnement est très délicate. L’un des principes de base en matière d’environnement est la sensibilisation de tous les acteurs en vue de leur faire prendre conscience et de les amener à participer sans contrainte à la protection de l’environnement. C’est dans ce sens que l’environnement peut être protégé de manière durable. Ainsi, à la suite du décret un travail de fonds a été engagé à l’endroit des acteurs et aujourd’hui, certaines unités industrielles comme celles installées à Davié au bord de la Nationale No1 ont commencé à produire et mettre sur le marché les sachets biodégradables. Et je suis sûr qu’avec les travaux de communication et de sensibilisation que nous sommes en train de mener les autres rentrerons dans la danse et progressivement l’objectif sera atteint. Il vaut mieux aller lentement mais surement car selon un adage bien connu, « ce que l’homme résout dans le sang, le temps peut le résoudre dans l’eau »

iciLome.com : Vous êtes arrivés à la tête de ce département et vous n’êtes pas sans savoir que, contre l’utilisation des sachets non biodégradables, des ONGs en lutte en faveur de l’environnement ne cessent de crier leur ras-le-bol, mais en vain. Que peuvent-ils attendre de vous, Mr le Ministre, qui est issu de l’opposition?

André Johnson : Je ne crois pas pour ma part que la lutte des ONGs en lutte en faveur de l’environnement contre l’utilisation des sachets non biodégradables, soit vaine, loin de là. Bien au contraire cet engagement des ONGs en faveur de l’environnement aux côtés du gouvernement est en train de porter ses fruits. De plus en plus, les consommateurs commencent à être exigeants sur la qualité des sachets et emballages qu’on met à leur disposition et certains ménages arrivent déjà à faire des tris sélectifs à la base afin de vendre leurs déchets plastiques aux structures de collecte et de recyclage. Certaines ONG ont milité pour l’introduction sur le marché national des sachets biodégradables et beaucoup d’autres s’investissent dans la récupération et le recyclage. C’est des initiatives louables que je ne peux qu’encourager. Mon département est prêt à les accompagner dans leurs initiatives car les ONG constituent une courroie de transmission entre l’administration et la base. Mes portes leur sont grandement ouvertes pas seulement en tant que Ministre issu de l’opposition mais je suis certain que quel que serait la tendance politique d’un ministre cette attention serait la même car l’environnement est la chose la mieux partagée au monde et je ne crois pas que dans ce pays, il y ait un environnement pour le parti au pouvoir et un environnement pour l’opposition

iciLome.com : Un message à l’endroit des Ongs d’un côté, et de l’autre à l’endroit des producteurs, des commerçants des sachets mis en cause, quel est ce message ?

André Johnson : Les ONGs sont le relais de l’action gouvernementale et le canal de proximité en matière d’éducation et de sensibilisation du public et en matière de mise en œuvre des actions de réduction ou d’élimination des déchets plastiques. Elles ont déjà entrepris des initiatives intéressantes qu’il convient d’encourager et de soutenir. Aux producteurs et commerçants des sachets non biodégradables, je demanderai de s’investir davantage dans la recherche des technologies innovantes pour proposer au public des produits plus respectueux de l’environnement. Il serait également intéressant qu’ils s’investissent davantage dans la collecte et le recyclage des déchets plastiques pour accompagner l’action du gouvernement dans l’éradication des déchets plastiques.