Le journaliste Fulbert Sassou ATTISSO ne décolère pas. Dans une interview à icilome.com, le coordonnateur de "L’Appel des Patriotes" se montre très déterminé et compte reprendre le bâton de pelérin pour renouer avec son appel de l’opposition à l’unité.
"Nous restons attachés aux propositions que nous avions faites dès le départ quand nous doutions de la capacité du pouvoir à faire les réformes : se mettre ensemble, désigner un candidat unique et s’organiser pour collecter les procès-verbaux". Lecture
Icilome.com : Quelle lecture faites-vous à l’Appel des patriotes de la situation politique à six mois de l’élection présidentielle de 2015 ?
Fulbert ATTISSO : A six mois de la présidentielle de 2015 nous sommes inquiets. Si le tableau ne change pas nous allons vers la conservation du pouvoir par le parti UNIR. L’opposition n’a jamais été aussi mal en point et faible, à la veille d’un scrutin présidentiel, et l’alternance n’a jamais été aussi loin. Le parti RPT/UNIR a l’avantage des rapports de force ; il fait ce qu’il veut, caporalise les institutions et fixe unilatéralement les règles des élections. Ce parti se comporte en territoire conquis, arrête et pourchasse les opposants pouvant l’inquiéter sur le terrain électoral. Devant ce constat, l’opposition reste engluée dans les ambitions de ses leaders qui, pour la plupart, veulent aller aux élections. Ils sont incapables de se choisir un seul candidat et n’ont aucune organisation pour s’assurer la collecte des procès-verbaux. Le fameux conclave annoncé s’est interrompu sans que les deux coalitions n’aient informé les populations des résultats auxquels elles étaient parvenues. Face à la situation, tout le monde est inquiet au point où certains vont jusqu’à dire que les carottes sont cuites.
Pour nous à l’Appel des patriotes, l’opposition peut encore sauver les meubles si elle fait un sursaut. Il s’agit pour elle de s’entendre pour relancer la dynamique unitaire, désigner un seul candidat et s’organiser pour collecter les procès-verbaux. Nous devons être réalistes pour comprendre une fois pour toute que le pouvoir ne fera pas les réformes. Ce n’est pas du tout ce que nous souhaitons mais c’est ça la triste réalité. Cependant, à la question de savoir si l’opposition peut gagner sans les réformes ? Nous répondons oui, au risque d’étonner.
Nous n’avons jamais cru à l’Appel des patriotes que la CENI et la Cour constitutionnelle pourraient proclamer un candidat de l’opposition vainqueur d’une élection présidentielle. Même si l’opposition gagne dans les urnes elle ne sera jamais annoncée vainqueur par les institutions aux ordres. Pour nous, gagner veut dire réunir plus de suffrages que le parti UNIR dans les urnes et apporter les preuves à travers les procès-verbaux. Ces preuves permettront d’interpeller la communauté internationale et vont conduire à une redistribution de cartes sur le plan national.
Icilome.com : Les membres de la Cour Constitutionnelle ont prêté serment le vendredi 19 septembre 2014. Votre lecture.
Fulbert Sassou ATTISSO : Un véritable malheur pour le Togo que cette Cour Constitutionnelle qui a été reconduite à près de 95% de ses membres. Une seule personnalité, le Pr Ahadzi Nonou kofi, Président de l’Université de Lomé, est nouvelle parmi les neuf. Ces nouveaux-anciens membres qui ont pour chef, le baron du RPT/UNIR, Abdou Assouma, ont démontré par le passé leur adhésion à la cause du parti au pouvoir. Le même président avait cautionné le coup d’Etat de 2005, ayant consacré la succession dynastique. Cette Cour a renvoyé de l’Assemblée les 9 députés ANC en 2011.
Si nous étions dans un pays où les choses se faisaient normalement, ceux qui ont été reconduits étaient disqualifiés pour l’être. Pensez-vous que cette cour peut annoncer un opposant vainqueur de l’élection présidentielle ? Avec la composition de cette cour nous pouvons dire que les réformes institutionnelles sont définitivement refusées. Bientôt les élus à la CENI iront prêter serment devant cette cour. Une autre incongruité de l’opposition. Le parti UNIR tisse sa toile pour la conservation du pouvoir.
Icilome.com: L’Appel des patriotes va-t-il jouer un rôle dans cette situation ?
Fulbert Sassou ATTISSO : Bien évidemment que nous jouerons un rôle. Notre silence consistait à donner du temps aux acteurs. Nous avons préconisé des idées, il était important que nous laissions les acteurs les mettre en œuvre. Leur fameux conclave n’a pas abouti, et au lieu que l’opposition recherche d’autres solutions, des ambitions s’y font jour et les coalitions sont menacées d’éclatement.
Le plus ridicule c’est la divergence qui naît entre l’ANC et l’ADDI, à propos de l’élection des membres de l’opposition à la CENI. Cette querelle, si elle a lieu, va mettre à mal le FRAC et le CST. Or, la solution aujourd’hui se trouve dans l’union de toutes les forces de l’opposition. Nous restons attachés aux propositions que nous avions faites dès le départ quand nous doutions de la capacité du pouvoir à faire les réformes : se mettre ensemble, désigner un candidat unique et s’organiser pour collecter les procès-verbaux.
Nous allons reprendre les contacts avec les acteurs pour amener les uns et les autres au sursaut, et les convaincre de la nécessité de l’option du candidat commun. Pour nous, il n’y a pas d’autres options.
|
