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Une rentrée scolaire difficile au Maroc

Maroc - Economie et Finances
Le lancement de l'année scolaire 2014-2015 arrive à un moment critique pour les familles marocaines aux revenus modestes.
Selon les experts, les choses pourraient même être pires que l'année passée.

''La rentrée des classes de cette année intervient entre trois périodes de grandes dépenses qui passent du simple au double, à savoir, le mois de Ramadan, les vacances d'été et l'Aïd Al-Adha", note Jamila Attourati, journaliste spécialiste des questions sociales. "D'où le devoir des parents d'assurer des budgets colossaux qu’engendre la succession de toutes ces occasions."
Les cours commenceront le 10 septembre dans les écoles primaires, et le jour suivant dans les établissements secondaires.

"Cette situation affecte tout particulièrement les gens qui ont vu leur pouvoir d'achat s'affaiblir en raison de l'inflation et de la montée des prix des produits alimentaires, de l'électricité et des matières premières," déclare l'économiste Ali Hafsi à Magharebia.

"Ceci a un énorme impact sur leurs portefeuilles, les obligeant à recourir aux crédits pour trouver un équilibre budgétaire en mesure de répondre aux besoins les plus pressants de la famille et des enfants," explique Hafsi.

Mohamed Bouaalma, employé dans un hôtel, a été forcé de priver sa famille de vacances d'été.

"Je dois économiser pour le début de l'année scolaire, c'est la chose la plus importante pour l'avenir de mes enfants," explique-t-il à Magharebia, ajoutant que les frais pour la scolarisation de ses deux enfants en école primaire s'élèveront environ à 3 000 dirhams.

"Quelques semaines seulement après que le trimestre ait commencé, je vais devoir trouver un moyen d'acheter un mouton pour l'Aïd al-Adha, ce qui coûtera 2 500 dirhams," ajoute Bouaalma.

La situation d'Abdelkader Ch'tioui est plus dure encore que celle de Bouaalma.

Avec ses trois enfants, il compte sur un prêt de la banque pour couvrir ses dépenses.

"Avec mon salaire d'employé gagnant 3 000 dirhams par mois, la rentrée scolaire est trop chère, surtout les fournitures scolaires," déplore-t-il. "Et je ne pense même pas à l'Aïd pour le moment !"

Jallal El Ziani, qui vit dans un milieu plus aisé que Boualmaa et Ch'tioui, travaille dans une agence de voyages locale. Son salaire lui permet "tout juste" de vivre sans connaître de grandes difficultés financières, mais il n'a pourtant pas été en mesure d'économiser de l'argent depuis plus de deux ans.

"Je dois payer plus de 5 000 dirhams uniquement pour les frais scolaires de mes deux enfants," déclare-t-il. "Lors du Ramadan et des vacances d'été, j'ai dépensé plus de 20 000 dirhams, sans compter les dépenses mensuelles de loyer, d'alimentation et de transport," ajoute El Ziani.

Nacer Abdou travaille dans une coopérative agricole. Pour couvrir toutes les coûts du Ramadan, du mois d'août et de l'Aïd, il a emprunté 30 000 dirhams auprès de sa banque.

Même avec ce prêt, il n'arrive pas à joindre les deux bouts. "Les prix deviennent de plus en plus élevés, et quand vous avez quatre enfants qui vont tous dans des écoles privées, il faut vraiment prendre des précautions par avance," indique-t-il.

Mais sous la houlette de la banque Al-Maghrib, préoccupée par le taux anormal des impayés, les banques sont devenues très sélectives dans l'attribution de crédits à la consommation, surtout pour les personnes aux revenus modestes et faibles, selon le financier Noureddine El Meknasi.

Abdelkebir El Maati, activiste politique, déclare que ces cas reflètent "un phénomène inquiétant, particulièrement en cette conjoncture de difficultés socio-économiques liées principalement à la baisse du pouvoir d’achat, à la stagnation des salaires, à la perte d’emploi, à l’inflation, au surendettement''.

Selon lui, le gouvernement Benkirane est responsable de la dégradation du pouvoir d'achat des Marocains.